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L'Édito

Paris-Cinéma et Henri Langlois.

L'Édito

Paris-Cinéma et Henri Langlois.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Avec la programmation de Paris-Cinéma, incontournable festival parisien, c’est une trentaine de films, dont beaucoup présentés par de prestigieux invités, que nous vous proposons cette semaine. Entre l’intégrale d’Olivier Assayas, qui animera une master class mercredi à 18h30, les Ressorties de l’Eté, dont Stella, de Michel Cacoyannis que nous fêterons en dansant le sirtaki autour d’un buffet grec, et Cléo de 5 à 7, dont madame Agnès Varda elle-même viendra présenter la version restaurée lundi à 20h30, auquel s’ajoute notre cycle Sokourov et Moonrise Kingdom, nous vous proposons un programme digne d’une cinémathèque.

L’occasion de rendre hommage à la figure tutélaire qui observe les spectateurs du haut de notre salle panoramique qui porte son nom. Henri Langlois vit le jour en Turquie en 1914. Les bouleversements de l’après-Première Guerre Mondiale contraignent sa famille à rentrer à Paris. Le jeune Henri y découvre le cinéma qui devient son exclusive passion, mettant à mal les projets d’études de droits fomentés par son père. Langlois devient l’ami de Georges Franju, futur réalisateur du mythique Les Yeux sans Visage, qui déclara que Langlois, alors critique débutant, lui avait fait comprendre le cinéma muet. C’est d’ailleurs pour sauver de l’oubli ces films sans son balayés par le parlant, que les deux compères, rejoints par Jean Mitry, fondent la Cinémathèque Française en 1936. Magnifique animateur et collectionneur, Langlois est un piètre gestionnaire et un médiocre conservateur, défauts que pointe André Malraux, Ministre de la Culture en 1968. Cette « affaire Langlois » met en émoi le monde du cinéma, et notamment les « enfants de la cinémathèque », à savoir les jeunes hussards de la Nouvelle Vague (Truffaut, Godard, Chabrol…). Dans le climat insurrectionnel du mois de mai, le Festival de Cannes est interrompu et Malraux renonce à l’éviction de Langlois. L’infatigable amoureux du cinéma offre un musée à sa passion, et exporte l’idée des cinémathèques, y compris aux Etats-Unis, pays pourtant peu porté sur la conservation du patrimoine. L’Académie des Oscars honore son remarquable travail d’une statuette en 1974 et Henri peut mourir, trois ans plus tard, avec le sentiment du devoir accompli. Nous évoquerons dans une prochaine lettre Henri Ginet, apôtre de l’Art et Essai, qui a donné son nom à notre seconde salle.

Si le programme très riche de la semaine (plus de 4 films par jour) nous a inspiré cette parenthèse hommage à Langlois, il faut en parler, car il y a du lourd !

L’intégrale Assayas d’abord, avec toutes ses réalisations réunies pour la première fois à l’occasion du Festival Paris-Cinéma. De Désordre, son premier film de 1986, à Carlos, biopic du terroriste en 2010, et en attendant Après-Mai qui sortira bientôt, nous vous proposons L’Enfant de l’HiverParis s’éveilleUne Nouvelle Vie et L’Eau Froide, quatre films sur lesquels plane l’influence de la Nouvelle Vague. En 1996, avec Irma Vep, Assayas réinvente le film de vampire, puis avec HHH, rend hommage au cinéma asiatique qu’il adore en faisant le portrait de Hou Hsiao Hsien. Changement de registre avec un film d’amitié, Fin août, début Septembre, et une brillante adaptation de facture classique, les Destinées Sentimentales. Cinéaste éclectique, il enchaîne avec l’espionnage dans DemonloverClean, portrait d’une enfant (du rock) déchue, Boarding Gate, un thriller sado-maso, et L’Heure d’Eté, touchant film de famille. Afin de pousser l’exploration de ce cinéaste qui s’est imposé comme une figure majeure, nous sommes heureux de vous proposer une master class en sa présence. Mercredi à 18h30, Olivier sera accompagné d’Aureliano Tonet, du service culturel du Monde, pour raconter sa vision du cinéma. Réservez vos places !

Autre programme du Festival Paris-Cinéma auquel le Grand Action est historiquement attaché, celui des ressorties de l’été, où des classiques, célèbres ou un peu oubliés, font peau et copie neuves. Chaque séance est présentée par un invité, mais permettez nous de briser la chronologie pour commencer par madame Agnès Varda, qui nous fera l’honneur d’être dans la salle pour la version restaurée de Cléo de 5 à 7, lundi à 20h30. Auparavant, mercredi soir, on aura écouté Rodolphe Rouxel, passionnant distributeur, nous présenter Gloria, l’inestimable flingueuse de Cassavetes, et jeudi, on aura vu Le Cirque, merveille chaplinienne. Vendredi, rencontre avec Bastian Meiresonne, spécialiste du cinéma asiatique, pour parler de La Servante de Kim Ki-Young, et samedi, c’est le distributeur Jean-Fabrice Janaudy qui introduira l’Important, c’est d’Aimer, de Zulawski. Soirée grecque dimanche soir, autour de Stella, petite perle de Michael Cacoyannis, que nous projetterons dans les semaines à venir et sur lequel nous reviendrons. Marc Olry, notre ami distributeur et sauveteur de chefs d’œuvre oubliés, lancera la séance sur des musiques de Hadjidakis. Un buffet grec sera offert à l’issue de la projection.

Henri Langlois et Paris-Cinéma ne nous laissent que peu de place pour vous dire que Moonrise Kingdom, de Wes Anderson est encore à l’affiche et que se poursuit le Cycle Alexandre Sokourov. Parmi la filmo de ce nouveau maître russe, nous montrerons La Voix Solitaire de l‘HommeLe Jour de l’EclipseSauve et ProtègeMére et FilsPère, FilsAlexandraMoloch, et le sublime unique plan de L’Arche Russe.

Enfance de l’Art. StopDirigeable Volé. Stop. Karel Zeman. Stop.
Vu la longueur de cette lettre, le style télégraphique s’imposait pour conclure.

Bonne semaine.