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L'Édito

Une étoile nommée Stella.

L'Édito

Une étoile nommée Stella.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Telle une comète, le festival Paris-Cinéma a laissé derrière lui une trainée de poussières d’étoiles. Parmi elles, quelques perles du cycle consacré à Olivier Assayas, et surtout Stella, Femme Libre, de Michael Cacoyannis, que viendra nous présenter le distributeur Marc Olry mercredi soir. A côté de ces nouveautés, demeurent notre charmant Moonrise Kingdom et le cycle Sokourov, qui quittera nos écrans la semaine prochaine. 

Si Michael Cacoyannis est l’un des principaux artisans du renouveau du cinéma grec dans les années 50, Marc Olry est l’indiscutable artisan de la renaissance de Stella. Fondateur de la société de distribution Lost Films (qui porte bien son nom), Marc ne ménagea pas ses efforts pour nous permettre de voir ce portrait magnifiquement interprété par Mélina Mercouri. Après deux ans de recherche, de négociation et de restauration, Marc Olry nous propose de découvrir un film inédit en France depuis 45 ans. Il viendra lui-même présenter les séances de 20h et 22h du mercredi soir, et nous racontera que ce film injustement oublié fut présenté à Cannes en 1955 et obtint un Golden Globe en 1956. Stella est une œuvre clé de la filmographie de Cacoyannis, dont l’on connaît surtout Zorba, qui bénéficie du même noir et blanc magnifié par la lumière du Péloponnèse. Après des études à Londres, Michael Cacoyannis, issu d’une riche famille chypriote, emménage à Athènes en 1953. Dès son premier film, Le Réveil du Dimanche, son travail est salué par la critique qui voit là une manière de raconter et de filmer que l’on ne connaissait pas en Grèce. Sa réalisation suivante, Stella, est souvent considérée comme son chef d’œuvre. On y trouve tout ce qui fera son style : une image profonde et contrastée, une forme qui fait référence à la tragédie antique (il réalisera des versions d’Electre et des Troyennes) et des personnage puissants. Stella en fait partie. Femme Libre (c’est le sous-titre du film) qui entend le rester, elle danse et chante le rebetiko, une musique populaire, dans un cabaret. Les hommes sont fous d’elle, mais elle refuse de se soumettre à leur désir pour n’écouter que les siens.  Dans la Grèce conservatrice et machiste des années 50, Stella choque, Stella heurte,  Stella s’oppose. Conscience de la force du destin, elle paiera le prix de son amour de la liberté. C’est donc Melina Mercouri, fille de famille ayant fait ses armes au théâtre, qui joue le personnage de Stella. Pour sa première apparition au cinéma, la belle Melina fait un tabac : fougueuse, furieuse, passionnée, intransigeante avec ses valeurs, elle incarne avec la force de son regard cette belle et puissante Femme Libre.  Même si Stella nous éloigne d’Hollywood (Quoique Mélina Mercouri épousera plus tard Jules Dassin), nous sommes heureux de vous faire découvrir ce film rare, surtout sur la magnifique copie qu’a fait tirer Lost Films.

De l’intégrale Assayas qu’avait concoctée Paris Cinéma, il ne reste que 7 films. Mais ces 7 là résument assez bien la riche carrière de notre ami Olivier. L’influence de la Nouvelle Vague, que l’on sent particulièrement dans ses œuvres de (et sur la) jeunesse – Paris s’éveilleUne Nouvelle Vie et L’Eau Froide – et la culture cinématographique de l’ancien critique qui rend hommage au vampire de Feuillade avec Irma Vep, interprétée par Maggy Cheung. Maggy, qui dans notre programme de la semaine est l’ambassadrice de la passion d’Assayas pour l’Asie, est aussi la vedette destroy de Clean. Nous verrons aussi l’amour du réalisateur pour un certain classicisme avec les Destinées Sentimentales, et son attrait pour les films à hauteur d’homme avec Fin août, début Septembre.
Quelques lignes pour rappeler que Moonrise Kingdom, de Wes Anderson, poursuit sa carrière et que notre Cycle Alexandre Sokourov sortira de nos écrans dans 8 jours. Il ne vous reste qu’une semaine pour savourer le style brillant et austère de ce maître russe avec La Voix Solitaire de l‘HommeLe Jour de l’EclipseSauve et ProtègeMère et FilsPère, FilsAlexandraMoloch, et l’incroyable plan-séquence de L’Arche Russe.

Conclusion rituelle avec l’Enfance de l’Art et le Dirigeable Volé, une petite merveille vintage de Karel Zeman, un membre de l’école Tchèque, promo 1966. 
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action