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L'Édito

Black is back.

L'Édito

Black is back.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Notre titre annonce un nouveau festival consacré aux Noirs dans le cinéma américain. Ce cycle vient en rejoindre un autre, Il était une Fois la Pègre, sélection de films sur les gangsters à l’écran, en écho à Il Etait une Fois en Amérique, la fresque de Sergio Leone qui suit la grandeur et la déchéance d’une bande de truands Juifs de Brooklyn. Demeurent aussi à l’écran Les Contes de la Nuit, petite merveille d’animation de Michel Ocelot, dont les histoires en 3D raviront le jeune public, et Deep End, drame poétique de l’adolescence, signé Jerzy Skolimowski.

Nul ne peut douter de l’apport des Noirs à la société américaine. Personne n’ignore non plus les difficultés que cette population, longtemps (et encore parfois) discriminée, a connu pour faire reconnaître ses droits. Le premier demi-siècle du cinéma américain a cantonné ses ressortissants de couleur dans des rôles très secondaires : danseurs, chanteurs, domestiques. Hattie McDaniel, l’inoubliable Mamma d’Autant en Emporte le Vent, eut beau remporter un très légitime Oscar pour sa prestation en 1939, il fallut attendre le tournant des années 50-60 pour que les Noirs quittent enfin leur statut. Une génération d’acteurs (Poitier, Bellafonte…) portée par des réalisateurs contestataires (Mulligan, Rossen, Kazan…) vont contribuer à faire évoluer les mentalités, en ligne avec les charismatiques leaders de l’émancipation noire, dont certains payèrent de leur vie ce légitime combat. On vit alors des Noirs médecins, flics, avocat, à l’écran comme dans la vie, faire entrer, non sans résistance, l’anti-racisme dans la société américaine. La communauté noire prit même son destin cinématographique en main dans les années 70 avec les films 100% black de la blaxploitation, où la musique pêchue servait des films d’action. Aujourd’hui, l’Amérique a changé son regard, et même si le quotidien des Afroaméricains n’est pas toujours rose, on peut être Noir et star, Noir et réalisateur et même Noir et Président des USA ! Bref. Le Grand Action vous propose de redécouvrir cette présence noire dans le cinéma américain, en 21 films, répartis en trois thématiques : les stars, l’émancipation et la musique. A tout seigneur, tout honneur, nous débuterons cette semaine par les stars, et Eddie Murphy, extraordinaire comique des années 80, irrésistible dans Un Fauteuil pour Deux, de John Landis. Suivra American Gangster, de Ridley Scott, un néo-polar inspiré de faits réels, où Russel Crowe est opposé à Denzel Washington, que nous retrouverons pour l’une des ces premières apparitions dans A Soldier’s Story, de Norman Jewison, où un officier noir mène l’enquête. Le gratin des stars noires – Samuel L. Jackson, Halle Berry, Wesley Snipes – est réuni par Spike Lee dans Jungle Fever, sur une musique de Stevie Wonder, puis ce sera au tour de Morgan Freeman de conduire Miss Daisy et son Chauffeur, pour une belle leçon d’humanité signée Bruce Beresford. Hommage au pionnier, Sydney Poitier, admirable face au couple Tracy-Hepburn dans un film capital de 1967, Devine qui Vient Diner, de Stanley Kramer, et hommage de Clint Eastwood au jazzman Charlie Parker, magistralement incarné par le grand Forest Whitaker dans Bird.

Sinon, quoi d’autre ? Deep End, ce film étrange et pénétrant de Skolimowski, réalisé en 1970 et ressorti sur copie neuve. Dans un établissement de bains londoniens, les amours contrariés d’un jeune homme et de sa jolie collègue vont tourner au drame. Dans ce film de jeunesse (à tous les sens du terme), Skolimowski déploie tout son talent plastique, son sens graphique du cadre et la petite musique particulière qu’il déclinera par la suite. On pourra aussi voir cette semaine les folies féériques de Michel Ocelot et ses Contes de la Nuit, et les Il Etait une Fois : en Amérique pour le film, et la pègre, pour le cycle. Au programme cette semaine, des trafiquants et des flics dans French Connection, des avocats et des parieurs dans L’Enfer de la Corruption, d’autres corrupteurs dans The Yards, des bandits anglais dans A Very British Gangster, des triades dans Election 1 et 2, et Last Life in the Universe, un repenti et un tueur dans The Hit, des gangsters et des travestis dans Certains l’Aiment Chaud, des Corses et des Arabes dans Un Prophète, des braqueurs et des banquiers dans Public Enemies, des frères et des Russes dans La Nuit nous Appartient, des amis et des joueurs dans Casino. Au final, ça fait pas mal de morts.

Concluons comme à l’accoutumée avec l’Enfance de l’Art qui, dimanche à 14h, nous propose Le Secret de la Pyramide, où Barry Levinson évoque avec humour et sens du spectaculaire les débuts du futur Sherlock Holmes.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action