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L'Édito

Pour tous les goûts.

L'Édito

Pour tous les goûts.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Même si cette semaine est relativement calme – pas d’événement ni de nouveauté, mais ça reprend dès mercredi prochain – elle n’en demeure pas moins intéressante. Voire même passionnante avec Passion, de De Palma, printanière avec Spring Breakers, d’Harmony Korine, déchainée avec Django Unchained, de Tarantino, russophone avec le retour de Khroustaliov, ma voiture ! d’Alexeï Guerman, et shakespearienne avec le remarquable César doit Mourir, où les Frères Taviani font jouer le grand dramaturge britannique par des taulards. L’on pourra aussi découvrir un style décapant en venant voir les films du Cycle Harmony Korine, et une patte, plus sérieuse et engagée, dans celui consacré à Marco Bellocchio.

Fils de la bourgeoisie milanaise intello, Marco Bellocchio suit de brillantes études de philosophie et de cinéma, qu’il conclue par un mémoire sur Besson et Antonioni. On a vu plus mauvaises influences. A 26 ans, il transforme son engagement politique en images avec Les Poings dans les Poches, où il dénonce, par le biais d’un débile épileptique, l’oppression de la société. Il poursuit dans cette voie militante trois ans plus tard avec La Chine est Proche, où des Maoïstes s’immiscent dans une élection locale italienne. Avec le temps, son cinéma s’affine et devient plus introspectif sans rien perdre de sa force subversive. Michel Piccoli et Anouk Aimée, frère et sœur ennemis dans Le Saut dans le Vide obtiennent le Prix d’interprétation à Cannes en 1980. En 2002, il présente au même Festival le Sourire de ma Mère, où un peintre anticlérical s’insurge contre le projet de canonisation de sa maman. Bellocchio revient ensuite sur les années de plomb italiennes, par le truchement d’une jeune terroriste impliquée dans l’assassinat d’Aldo Moro. Après les rêves et les désillusions de ce Buongiorno Notte, il plonge dans la tête d’un personnage complexe qui, lors d’un voyage en Sicile qui ressemble à une fuite, devient Metteur en Scène de Mariages, puis réalise Vincere en 2008. Cette évocation du lourd secret de l’enfant caché de Mussolini, permet à Bellocchio de passer par la vie privée pour dénoncer l’horreur publique du fascisme.

Harmony Korine fait partie de cette nouvelle génération de cinéastes qui, enfants de la modernité numérique, bouleverse les codes. Il est toutefois possible que chaque génération de cinéastes casse le travail de ses ainés, et cela participe sans doute à la vivacité de notre septième art. Bref. Korine sut néanmoins s’inspirer de ses vieux pairs pour construire sa carrière. Ainsi, il débute comme scénariste pour le grand photographe Larry Clark. Il lui écrit Kids, puis Ken Park, qui tous deux s’intéressent à la jeunesse américaine. Passé derrière la caméra, Korine décline ce thème. Julien Donkey Boy pose des problèmes à sa famille et lui-même et Mister Lonely, sosie de Michael Jackson, déambule dans les rues de Paris. Dans le récent Spring Breakers, il filme la fuite en avant (et dans la délinquance) de quatre jeunes filles qui rêvent de vivre à fond leur spring break, ce rituel défouloir pour étudiants. Un ovni décapant, décalé et dérangeant, où Korine prouve sa capacité à innover et James Franco son immense talent.

Nous avons cité en début de lettre les films des semaines précédentes qui demeurent à l’écran et dont nous avons déjà longuement parlés. Evoquons plutôt la semaine prochaine qui sera marquée par un Ciné-Club Louis Lumière (La Haine, présentée par Pierre Aïm) et la sortie de Promised Landoù Gus van Sand s’attaque aux lobbies des gaz de schiste avec la complicité de Matt Damon, John Krasinski et de la formidable Frances McDormand.

Dernières lignes pour l’Enfance de l’Art, qui nous fait danser avec Gene Kelly dans Un Américain à Paris de Vincente Minnelli.

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Gran