Scroll down
L'Édito

Yes we Cannes.

L'Édito

Yes we Cannes.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Après deux années perturbées, le Festival de Cannes retrouve ses marques et son tapis rouge. Évènement aussi futile qu’essentiel, cet incontournable rendez-vous des cinéastes et des cinéphiles donne le tempo aux faiseurs de films. Son palmarès sut couronner les plus grands, tel David Cronenberg qui emporta le Prix du Jury 1996 avec Crash, l’un des films du nouveau cycle que nous lui consacrons, et se retrouve cette année en compétition avec son prochain Crimes of the Future, que nous sortirons bientôt. Pour le reste, vous retrouverez dans nos salles les films de la semaine dernière, et on est sûr que vous ne les avez pas tous vus. 

Afin de vous rafraichir de la canicule printanière, venez donc prendre l’air vivifiant et islandais de The Northman. Aussi volcanique que le tempérament d’Amleth, l’île du nord est superbement filmée dans le dernier film de Robert Eggers. Après nous avoir plongé dans les sorcelleries de l’Amérique du XVIIe siècle avec The Witch et nous avoir traîné dans le huis-clos et humide de The Lighthouse, le cinéaste de 39 ans nous propulse sur les traces tourmentées d’un jeune héros shakespearien qui doit venger son père, sauver sa mère et tuer son oncle. Vaste programme. Une saga viking, tonitruante, violente et mystique, qui ravira les amateurs du genre médiéval-fantaisie, et montre que Eggers sait où poser une caméra pour faire naître des images fortes.

D’autres films, moins attendus peut-être, poursuivent aussi leur carrière. Ainsi, Il Buco impose son rythme et sa respiration. Ce n’est pas la reconstitution d’une expédition spéléologique dans les années 60 qui inspire Michelangelo Frammartino, mais la beauté et l’humanité. Épaulé par le grand chef-opérateur Renato Berta, sa plongée à 700 mètres au centre de la terre est une envolée vers les nuages. 

Ils sont gris, ceux qui flottent au-dessus de Detroit, feue la capitale de la bagnole aux 8 cylindres de 5,7 litres. Andreï Schtakleff documente la chute industrielle, sociale et culturelle de l’empire automobile américain et, par rebond, les ravages du capitalisme. Par petites touches, Detroiters dresse le portrait de la ville déchue, mais riche encore de ses souvenirs, de sa musique et de ses habitants. 

Tous deux Corses, et aussi fiers d’être cinéastes, Paul Vecchiali et Pascal Tagnati sont toujours à l’affiche avec leur dernier film : Pas de Quartier et I Comete. Entouré de sa vieille bande, Paul propose un « musico-drame » dans un club de travestis tropéziens, tandis que Pascal, soutenu par la communauté, raconte un été au village. Deux regards singuliers et inspirés.

Vous retrouverez en bas de lettre les affiches des autres films plus anciens que nous soutenons toujours, ainsi que le programme du cycle J-Horror, mais parlons plutôt de David Cronenberg. Le Canadien de 79 ans prépare en effet un nouveau film que vous verrez bientôt au Grand Action, Les Crimes du Futur. Redoutable de violence tordue et transhumaine… En attendant, nous vous proposons de redécouvrir son œuvre via un cycle David Cronenberg, regroupant une dizaine de ses films marquant, dont certains seront projetés en 35mm (les amateurs apprécieront, et nous les signalons avec une *). On commence chronologiquement avec Chromosome 3 (1979), puis on verra l’explosif Scanners, le trouble Videodrome, l’effrayante Mouche, la divine M Butterfly, l’accidentogène Crash, le psychologique Spider*, les révélatrices Promesses de l’ombre*, l’analysante Dangerous method, et la tortueuse Maps to the stars*. Tout cela secoue, et Les Crimes du Futur suivent la trace de ce cinéaste expérimental, scientifique, horrifique, psychologique, talentueusement étrange et (presque) populaire.

On termine plus légèrement avec l’Enfance de l’Art. Mercredi à 10h30, ce sera l’heure des tout-jeunes cinéphiles avec Panda, petit Panda, et dimanche à 14h, nous suivrons l’avènements de Paï, l’Élue d’un Peuple nouveau. Ça nous changera des élections… 

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action