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L'Édito

Terre et mer.

L'Édito

Terre et mer.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Côté terre, Werner Herzog et ses folies, fictionnelles ou documentaires, et Mamma Roma, la sublime pute pasolinienne incarnée par Anna Magnani que nous propose le Cinéma-Club jeudi à 20h15. Côté mer, Moby Dick, la baleine blanche traquée par le capitaine Achab et d’autres Périls en Mer, titre du festival sur les films maritimes qui, avec celui consacré à John Huston, accompagne l’adaptation de Melville.

En 1962, après Accatone, Pier Paolo Pasolini réalisait son deuxième film, encore très marqué par le néo-réalisme. En noir et blanc et par des travellings étudiés, il suivait l’errance et la recherche de la rédemption de Mamma Roma, prostituée romaine, et de son jeune fils. Projeté à l’initiative de nos amis du Cinéma-Club, Mamma Roma sera suivie d’un débat animé par Jean-Max Méjean, critique de cinéma, qui se prolongera par un cocktail. Le tout au tarif unique de 10 €.

De la carrière de Werner Herzog, l’on ne connaît surtout que quelques films cinglés, souvent illuminés par la présence fascinante et inquiétante de Klaus Kinski, acteur fétiche avec lequel le réalisateur eut des rapports d’une immense violence, parfois armée ! L’on sait moins que Herzog est aussi un grand documentariste, à l’image de La Grotte des Rêves Perdus, extraordinaire exploration en 3D de la grotte Chauvet que nous projetterons prochainement. En attendant, nous vous proposons de balayer, en 5 œuvres majeures, la grande filmographie de Werner. Nous commencerons par Aguirre, où la Colère de Dieu se manifeste dans le regard fou de Kinski, conquistador perdu au milieu de la forêt amazonienne. Le même interprètera ensuite le buveur de sang Nosferatu, Fantôme de la Nuit, aux côtés d’Isabelle Adjani, Bruno Ganz, Roland Topor et Jacques Dufilho. Trente ans après ce très gonflé remake du mythique vampire de Murnau, Herzog s’attaqua à une autre relecture, inspirée cette fois par Abel Ferrara. Dans Bad Lieutenant, Escale à la Nouvelle Orléans, c’est Nicolas Cage qui, dans la moiteur de la Louisiane, interprète le flic pervers et défoncé créé par Harvey Keitel pour Ferrara. Au rayon documentaire, deux pièces maîtresses. Grizzly Man d’abord, fascinante histoire de deux amoureux des grands ours qui payèrent au prix fort leur passion pour les ombrageux plantigrades. Et puis les Echos d’un Sombre Empire, une plongée dans le règne sanguinaire et grandiloquent de Bokassa 1er, empereur d’opérette en Centre-Afrique et véritable dictateur. Deux films exceptionnels dont on ne sort pas indemne.

Achab non plus ne se tirera pas sans dégât de son combat à mort avec Moby Dick, la géante baleine blanche qui lui vola sa jambe et qu’il traque jusqu’à la folie sur toutes les mers du monde. Il fallait une bonne dose de folie aussi pour adapter l’immense roman de Melville et Huston releva le défi, non sans difficultés. Un an d’écriture (avec Ray Bradburry), un autre pour la prépa et le tournage, plus deux pour la post-production. Mais le résultat est là : un film mythique, au grain époustouflant, porté par la langue superbe de Melville et un Gregory Peck inquiétant dans le rôle du capitaine fou.
Pour accompagner cette belle ressortie sur copie neuve, deux cycles. Le premier, Périls en Mer, porte dans son titre son projet. On pourra y voir les traversées nordiques des Vikings, de Fleischer, Le Pirate, fantaisie flibustière de Vincente Minnelli avec le duo Garland-Kelly, et Le Cygne Noir, de Henry King, où Tyrone Power interprète un pirate plein de noblesse. Egalement au programme Master et Commander, où, à bord d’un navire de sa Gracieuse Majesté, Russel Crowe et Paul Bettany s’affrontent.
L’autre festival qui suit le sillon de Moby Dick célèbre son réalisateur. Huston éclectique en 8 films : du western (Le Trésor de la Sierra Madre) aux polars (Quand la Ville DortKey Largo), en passant par l’aventure (L’Homme qui Voulut Etre Roi), la guerre (Griffes Jaunes), le mélo (Reflets dans un Œil d’Or), le drame (Nuit du L’Iguane), jusqu’au magnifique final de Gens de Dublin.

Par ailleurs, les retardataires pourront encore voir sur nos écrans les rescapés de nos précédentes semaines : Un Eté Brûlant, dernier film de Philippe Garrel, illuminé par Monica Bellucci, Le Sauvage, délicieuse comédie de Jean-Paul Rappeneau avec Montand et Deneuve, et Deep End, drame léger de Skolimowski dans le London des années 70.

Terminons avec deux séances spéciales. D’abord celle de l’Enfance de l’Art qui, dimanche à 14h, nous propose Le Chat du Rabbin, très joli dessin animé de Joann Sfar, adapté de sa célèbre bande dessinée. Ensuite l’un des films les plus drôles du monde, proposé par Mamie Nova : Sacré Graal des Monty Python. Cette séance est gratuite si l’on vient déguisé et que l’on s’inscrit sur cheesecakeparty@mamie-nova.com. La séance sera suivie d’un goûter et de l’élection du meilleur déguisement. Merci qui ?
Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action