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L'Édito

Rio Grande et Grand Action.

L'Édito

Rio Grande et Grand Action.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le dernier film des frères Coen, No Country For Old Men (Non, ce Pays n’est pas pour le Vieil Homme) se déroule près de la frontière. Cette ligne imaginaire, qui sépare les hommes et les pays, ainsi que la non-zone qui l’entoure sont de remarquables cadres de cinéma. D’où l’idée d’un panorama des films où la frontière, et particulièrement la très symbolique séparation entre les Etats-Unis et le Mexique, joue un vrai rôle. Mais, au-delà du Rio Grande, le Grand Action accueillera aussi un petit-déjeuner. Ce sera dimanche à 10h30, avant la projection de 8 courts-métrages d’Edouard Nazarov, maître du cinéma d’animation Russe des années 70 et 80.

Vous avez lu la presse, entendu les radios, bu les paroles des critiques. Vous savez donc que No Country For Old Men (NCFOM pour les intimes) est un grand Coen. En adaptant un livre noir de Cormac McCarthy, les deux frères ont fait preuve d’une maîtrise narrative et esthétique qui, en un seul film, résume une large part de leur œuvre, de Blood Simple à Fargo. Pour parachever NCFOM, ils ont composé un casting à priori décalé et, après visionnage, totalement évident. Josh Brolin, acteur intello et auteur de poésies, est un red-neck plus que nature. Le toujours impitoyable Tommy Lee Jones compose un flic dépassé réduit à tenir une macabre comptabilité. Quant au gentil Espagnol Javier Bardem, il s’est mué en assassin d’anthologie qui, précédé du bruit sourd de son arme favorite (un pistolet d’abattoir), entrera au panthéon des méchants de cinéma. Un des premiers grands films de 2008.

Comme celui des frères Coen, la frontière a nourri l’imaginaire de nombreux réalisateurs. À raison d’un par jour, notre festival La Frontière, ligne d’imaginaires sera l’occasion de voir ou revoir certains des films qui se passent là où finissent les états. Mercredi, les bandits sans foi ni loi de la Horde Sauvage de Sam Peckinpah rôderont autour de la frontière. Elle est au centre des préoccupations de David Nava et des Oubliées de Juarez, ces ouvrières mexicaines livrées à la cupidité du Nord et aux pulsions du Sud. Vendredi, l’évadé Kirk Douglas de Seuls sont les Indomptés de David Miller cherchera refuge de l’autre côté de la frontière, tout comme, samedi, l’Indien Willie Boy, d’Abraham Polonsky, accusé d’un crime passionnel. Dimanche, John Ford nous racontera l’histoire de la Prisonnière du Désert et lundi, Tommy Lee Jones ira inhumer dignement au Mexique feu-son compagnon qui aura droit à Trois Enterrements. Nous finirons la semaine cinématographique avec le monstrueux Orson Welles, notre guide frontalier vers la Soif du Mal.

Notre seule petite parenthèse dans le monde brutal de la frontière se tiendra dimanche avec Il était une fois… Nazarov, un programme de 8 courts-métrages signés par l’une des grandes figures de l’animation moderne. Et pour en profiter encore mieux sans petit creux, la projection sera précédée d’un petit-déjeuner. Rendez-vous dimanche à 10h30. Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy
L ‘équipe du Grand Action