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L'Édito

Programme de fête

L'Édito

Programme de fête

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Cette quinzaine de fêtes, nous vous proposons de la passer avec Hugo Cabret, le conte cinéphile en 3D de notre ami Martin Scorsese, et une rétrospective (18 films en tout, dont 7 cette semaine et le reste en janvier) que nous lui consacrons. Autre invité de la fin de l’année, David Cronenberg, sa Mouche, sur copie neuve, et 6 autres opus de sa filmographie. S’ajoutent à cela deux (et bientôt 4 ou 6) Skolimowski, et quelques séances destinées au jeune public, déjà très gâté avec Hugo Cabret. Trop de chance !

Les fêtes s’ouvrent avec une édition spéciale des Courts Du Grand, notre rendez-vous avec les nouveaux hussards du mini-film réunis par Collectif Prod. Mercredi 21 décembre, ce sera le jour le plus court de l’année. Dans le cadre de cet événement orchestré au niveau national, nous verrons une sélection de films ayant pour thème la contre-culture. Les cinéastes du bref en sont souvent les prophètes et les porte-drapeaux. Le débat et le cocktail qui suivront la projection seront l’occasion de le vérifier

Le mardi 3 janvier, le Ciné-Club Louis Lumière clôturera la trêve des confiseurs en invitant Thierry Arbogast. Ce célèbre chef opérateur, tête lumineuse du cinéma populaire de qualité, viendra parler du Cinquième Elément. Le film de science-fiction de Luc Besson valut à Thierry un César et le Grand Prix Technique à Cannes en 1998, amplement mérités.

Il est des cinéastes qui savent transformer la pellicule en or. Nul doute que Scorsese en est un, tout comme Méliès, même si ces pellicules furent transformées en semelles de chaussure pour équiper les poilus de 14-18 (authentique) ! C’est après la tragique destruction de son œuvre qu’Hugo Cabret, jeune vagabond du Paris des années 30, rencontre cet inventeur du cinéma que tout le monde a oublié. Anonymes dans l’ancienne Gare Montparnasse magnifiquement reconstituée par l’équipe du film, le jeune Hugo et le vieux Georges mènent leurs vies indifférentes et parallèles. Le hasard va les rassembler, et lancer une chouette de belle aventure, où même les méchants (le trublion Sacha Baron Cohen en vigile martial et boiteux) montreront leur bon côté. Un conte de Noël, vous dit-on ! Et parfaitement réussi, tant dramatiquement qu’esthétiquement, surtout quand il fait revivre la poésie technique de Méliès en son studio, créateur protéiforme grandement incarné par Sir Kinsley. Loin d’être un gadget, la 3D de Hugo Cabret est d’ailleurs un hommage à la magie des débuts du cinéma, où un train entrant en gare pouvait mettre en fuite les spectateurs craignant de le voir bondir hors de l’écran. A priori, le film pour enfant n’est pas la tasse de thé de Scorsese, que l’on résume trop souvent à un cinéaste de gangsters. C’est oublier un peu vite que ce Marty sait, en s’appuyant sur son immense culture du film, à peu près tout faire. La preuve en 7 films, et 11 autres à suivre en janvier. Dans Mean Streets, il débute sa collaboration avec De Niro en petit malfrat vitaminé, et enchaîne avec Alice n’est plus ici, film presque Casavetien sur une femme en rupture. Scorsese retrouve De Niro pour Taxi Driver (prochainement sur nos écrans), puis une comédie jazzicale envolée dans la ville qui ne dort jamais, New York New York, suivi du stupéfiant portrait du boxeur Jack “Raging Bull“  LaMotta, où il filme les combats comme s’il s’agissaient de dieux grecs sur un ring. Il offre ensuite un vrai rôle comique (et pourtant si tragique) à Bob qui, rêvant de stand-up, enlève une vedette du rire : le grand Jerry Lewis himself. Incompris à sa sortie, King of Comedy est, de notre point de vue, l’un des meilleurs Scorsese. Le cinéaste inspectera encore par le petit bout de la lorgnette sa chère ville de New York dans les tribulations After Hours de Paul Hackett, et, dans une période compliquée de sa vie, rebondira grâce à Paul Newman qui, 25 ans après l’Arnaqueur, jouait la suite de Fast Eddy dans La Couleur de l’ArgentLes Affranchis, l’un des films emblématiques de Scorsese, avec De Niro et Joe Pesci en mafieux, complète le programme de cette semaine, en attendant une autre livraison en 2012.

Dans la hotte du Grand Action, nous trouverons aussi quelques films sublimes et dérangeants de David Cronenberg, grand empêcheur de filmer en rond. Ça commence bien sûr avec la Mouche qui, en se glissant dans le prototype d’un chercheur un peu fou, lui transmet ses gènes de diptère. Terrifiant, surtout sur copie neuve. Les autres Cronenberg des semaines précédentes restent aussi à l’affiche : les branchements ludiques d’eXistenZ, les jumeaux cintrés de Faux Semblant, l’étrange amour de M. Butterfly, la schizophrénie de Spider, les vengeances de A History of Violence, et l’ombre de la mafia moscovite des Promesses de l’Ombre.

Dans ce programme, nous glisserons aussi quelques Jerzy Skolimowski, glorieux représentant du savoir faire cinématographique de l’ancien bloc de l’est. Outre Deep End et le formidable Travail au Noir, nous verrons aussi, à partir du 28, Le Départ, dérive adolescente d’un jeune pilote qui reçut l’Ours d’Or de Berlin en 1967, et Quatre Nuits avec Anna, une étrange histoire d’amour à sens unique réalisée en 2008.

Terminons avec le jeune public, traditionnellement cinéphilique pour les fêtes de fin d’année. L’on pourra revoir Les Contes de la Nuit, féérie en relief de Michel Ocelot sortie cet été, le toujours génial Voyage au Centre de la Terre, d’Henri Levin, proposé par l’Enfance de l’Art, et Il Giovedi, où Dino filme l’enfance avec art.

Belle quinzaine car, oui, notre prochain courrier sera daté de janvier. Excellentes fêtes, au cinéma comme ailleurs.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action