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L'Édito

Party is over (mais que les fêtes commencent).

L'Édito

Party is over (mais que les fêtes commencent).

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Ha, ce qu’on est triste. Alors c’est sûr, il avait 88 ans et semblait avoir mis un terme à sa carrière, mais tout de même. Blake Edwards est mort. Il rejoint au paradis du rire Peter Sellers, son double à l’écran, à qui il fit interpréter l’inoubliable inspecteur Clouseau de la Panthère Rose, et le plus beau gaffeur indien du cinéma, ruinant la Party d’un riche producteur. Elle ne nous lit sans doute pas (quoique…), mais nos pensées émues à Julie Andrew, l’inoubliable Mary Poppins, qui a bien dû se marrer pendant ses 40 ans de mariage avec Blake-la-blague.
Nous avons récemment projeté ses films et nous vous les reproposerons prochainement. Mais profitons de cette promesse pour vous signaler que nous ressortirons au printemps Bienvenue Mister Chance, de Hal Ashby avec, justement, Peter Sellers.

Si la Party d’Edwards est finie, la fête continue au Grand Action pour célébrer celles de fin d’année. Elles le seront dignement avec le Secret de la Pyramide, où Barry Levinson invente la jeunesse de Sherlock Holmes, et le programme spécial Pixar – n’ayons pas peur des mots – le plus grand fabriquant de dessins animés de la planète. Pour cette fin d’année, les grands suivront la ligne d’eau du Swimmer, poursuivront leur étude du contre-cinéma américain des années 60, ou découvriront le confort de notre nouveau projecteur numérique 2k, en enfilant Les Chaussons Rouges, de Michael Powell, en ramassant les Moissons du Ciel, de Terrence Malick, ou en plongeant dans la Piscine, de Jacques Deray.
De La Piscine à The Swimmer, il n’y a qu’un plouf. Alors que Burt Lancaster persiste à vouloir regagner son chez lui (mais en t-il encore un ?) en nageant de pool en pool devant la caméra de Franck Perry, nous poursuivons notre plongée dans le courant du cinéma contestataire. Dès la fin des années 50, des cinéastes voulurent dynamiter le rêve américain. Dans ou hors d’Hollywood, certains metteurs en scène s’affranchirent de la tutelle de studios en abordant des thèmes alors tabous. Ils parlèrent d’homosexualité, comme William Friedkin dans La Chasse (Cruising), qui pousse un jeune flic à enquêter dans le milieu gay new yorkais, de la violence urbaine, comme Walter Hill dans The Warriors (les Guerriers de la Nuit) ou de la guerre, en faisant d’un invalide le porte parole d’une horreur universelle qui, alors, avait lieu au Viet Nam (Johnny Got His Gun, de Dalton Trumbo). La drogue (Panique à Needle Park, de Jerry Schazberg), plus la moto (Easy Rider, de Denis Hooper), ou la révolution et la musique psychédélique (Zabriskie Point, d’Antonioni), leurs thèmes étaient aussi libres que leur ton. Ces jeunes turcs du cinéma américain s’emparèrent également des grands genres en le déstructurant ; le western fut revu par Monte Hellman dans The Shooting, De Palma réinventa l’horreur dans Carrie, et, plus tôt, Robert Aldrich avait speedé le polar dans en Quatrième Vitesse.

Si on vous dit Pete Docter, Lee Unkrich, Andrew Stanton, Brad Bird, tout cinéphile que vous êtes, ça ne vous dit sans doute pas grand chose. Pourtant, ces gens sont les nouveaux orfèvres du dessin animé américain, aussi brillants que le pourtant irremplaçable Tex Avery. Si l’on cite Monstres et CieToy Story 3Le Monde de Nemo, le poisson clown, les Indestructibles, famille de super héros ou l’ineffable rongeur gastronome Ratatouille, vous et vos enfants voyez de qui l’on veut parler. Car de toutes les centaines de personnes qui travaillent sur ces bijoux d’animation, on ne retient qu’un nom : Pixar. Symbolisé par une lampe de bureau, cet immense (par la taille et le talent) studio est né sous les auspices de quelques pointures. Lucas – celui de Star Wars – qui fonda en 1979 cette entreprise pour développer un logiciel d’images de synthèse, Steve Job – celui de vos ordinateurs à la pomme – qui l’acheta en 1986, avant de le revendre à Disney – celui qui… enfin, vous voyez… L’intelligente machine à rêver Disney, qui utilisait l’interface Pixar depuis longtemps, en fit une usine à succès, sans lui faire perdre son âme décalée, mais en lui donnant les moyens de séduire tous les enfants du monde, de 3 à 112 ans. La société Pixar, toujours basée à Emeryville, California, collectionne aujourd’hui les succès et a ramassé pas moins de 22 Oscar. Tous les enfants (ou presque) ont vu les grands films Pixar en DVD. Profitez de ces vacances pour les leur offrir sur grand écran. Et, idéal liaison, n’oublions pas que les effets spéciaux du Secret de la Pyramide, réjouissante fantaisie policière dans l’Angleterre victorienne produite par le gratin du cinéma américain (Spielberg, Levinson, Colombus), ont été réalisés par… Hé oui : le studio Pixar.

Pour compléter le programme de cette quinzaine, des rescapés de nos dernières semaines : quelques clins d’œil à feu-Dino de Laurentiis, avec l’œuf du Serpent de Bergman et le Procès de Vérone, de Carlo Lizzani, deux films du Burt mythique, Atlantic City, de Louis Malle et Tant qu’il y aura des Hommes, de Fred Zinnemann, un de la non moins mythique Marilyn (les Désaxés, de Huston), et Du Silence et des Ombres, de Robert Mulligan, pour qui l’aurait raté cet été.

Allez, une dernière ligne pour l’Enfance de l’Art, avec La Dernière Chasse, un beau western où l’on tire le bison de Richard Brooks.

Fin de cette lettre, fin de l’année et bonnes suivantes.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action