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L'Édito

Palmes d’or qui réveillent.

L'Édito

Palmes d’or qui réveillent.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Pour cette semaine de vacances qui fleure déjà bon le Festival de Cannes, nous avons enrichi notre Cycle d’Or, consacré aux lauréats des précédents rendez-vous cannois, et poursuivons notre programmation jeune public. Et, pour les retardataires, demeurent quelques séances de Shutter Island, dernier brillant opus de Martin Scorsese.

Cannes, ses stars, son tapis rouge, ses fêtes, son palmarès, et le festival que le Grand Action consacre aux Palmes d’Or. Pas moins de 14 lauréats à voir et revoir cette semaine sur nos écrans. Certains ne nous rajeunissent pas, comme le Salaire de la Peur, du grand Clouzot, où Montand et Vanel convoient de la nitroglycérine dans un camion brinquebalant (1953), ou bien Marty, ce naïf en quête d’amour imaginé par Delbert Mann en 1955, ou encore Orfeu Negro, de Marcel Camus, film musical qui transpose le mythe d’Orphée et d’Eurydice pendant le carnaval de Rio (1959). D’autres sont encore tout frais, bien que le terme ne soit pas très approprié pour qualifier le Ruban Blanc, film sombre et grave sur la montée du nazisme signé Michael Haneke. Mais remontons donc le temps (qui n’est pas l’ordre des séances). Les années 60 sont représentées par l’Italie ; normal, c’était l’un des âges d’or de son cinéma. Fellini nous fait vivre la Dolce Vita romaine, à la fois légère et oppressante, Visconti scrute un autre monde en mouvement, où l’Italie, via la Sicile du Guépard, passe de la féodalité à la république, tandis qu’Antonioni balade sa caméra et l’appareil photo de son héros dans le swinging London de Blow Up. Les années 70 furent contestataires, marquées par la guerre du Vietnam et le renouveau du cinéma américain. M.A.S.H, comédie acide (euphémisme) de Robert Altman ayant pour cadre un hôpital militaire de campagne, et Taxi Driver, de Scorsese, sur les errances et la rédemption violente d’un ancien du Vietnam, respectivement palmée en 1970 et 1976, sont d’emblématiques représentant de cette décennie. Fonçons en 1993 prendre une Leçon de Piano, de Jane Campion, magnifique film d’amour qui fait pleurer les filles, puis en 1995, dans la violence baroque et Underground, où Emir Kusturica raconte les délires de la guerre en ex-Yougoslavie. Les années 2000 commencent avec Dancer in the Dark, stupéfiante comédie musicale de Lars Von Trier, l’un des chouchous du festival, où Björk chante le prolétariat, puis l’année suivante, c’est la Chambre du Fils, touchante chronique sur la disparition, de Nanni Moretti, qui se voit justement décorée d’une palme. En 2008, Entre les Murs, la plongée d’un jeune prof un peu provocateur dans un lycée « difficile », vue par Laurent Cantet, offre à la France sa première Palme d’Or depuis le poing levé de Pilat pour le Soleil de Satan en 1987. Dernier lauréat (jusqu’au prochain dans quelques semaines), Le Ruban Blanc, dont nous avons parlé plus haut.

Vacances obligent, nous poursuivons notre programme pour éveiller le jeune public au plaisir de la cinéphilie. De beaux voyages en perspective : le long du chemin de briques jaunes qui mène au Magicien d’Oz, de Victor Fleming (en VF), en Vacances de Monsieur Hulot, au bord de la mer de Jacques Tati, dans le ciel en Dirigeable Volé, de Karel Zeman, ou bien avec Jules Vernes adapté par Henri Levin pour un Voyage au Centre de la Terre. Quant à celles et ceux qui préfèrent les contes, relisons Les Aventures de Pinocchio avec Luigi Comencini, ou suivons Kerity, la Maison des Contes, dans un joli film d’animation où Dominique Monféry donne vie aux héros échappés des livres. Séance proposée par l’Enfance de l’Art.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action