Scroll down
L'Édito

Miracle et mirage

L'Édito

Miracle et mirage

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Le miracle, qui revient chaque début janvier aussi sûrement que la galette, c’est le Festival Télérama ; l’occasion de voir ou revoir les grands films de l’année précédente, et il y en eut de bons ! Après son formidable We blew it, Jean-Baptiste Thoret réalise un nouveau documentaire, Michael Cimino, un Mirage Américain qu’il nous présentera samedi à 18h30. On retrouve aussi cette semaine la saveur sucrée de Licorice Pizza, le goût amer de The Card Counter et les psychotropiques boules de Neige, sans oublier un Ciné-club des Ecoles et un Club Positif

Mais le premier de ces temps forts est à mettre au crédit du Festival Télérama. Mercredi à 19h, il ouvre son bilan cinéphilique annuel par l’Avant-première du prochain Claire Simon, Vous ne désirez que moi, porté par Swann Arlaud. Même si la sentence s’entend, nous désirons aussi voir les autres films de ce festival, proposés par le magazine car plébiscités par ses lecteurs. De 2021, ils ont retenu les Illusions Perdues balzaciennes de Xavier Giannoli, le couple de voyageurs du Compartiment n°6 qui conduisit Juho Kuosmanen jusqu’au Grand Prix cannois et, bien sûr, First Cow, de Kelly Reichardt. Parmi les révélations de l’année dernière, impossible de passer à côté du Diable n’existe pas, où Mohammad Rasoulof se joue avec talent, malice et force de l’impitoyable censure iranienne, ni de Drive My Car, où Ryusuke Hamaguchi prend la route comme on prend le deuil, et fait renaître l’espoir. Grand spectacle visuel, musical et émotionnel, Annette et Leos Carax ont leur place dans ce palmarès, tout comme la maternité tangente des Madres Paralelas, de Pedro Almodóvar. 

Jeudi à 20h, le Ciné-club des Ecoles et Michel Etcheverry, historien du cinéma, nous invitent à suivre l’Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, alias Gian Maria Volontè dans le film d’Elio Petri. Grand réalisateur de l’âge d’or de la comédie italienne, ce contestataire mort prématurément, dresse le fascinant et répugnant portrait d’un Borgia des années 70.

Mardi à 20h, le Club Positif  bouclera la semaine avec Une Vie cachée, celle de Franz Jägerstätter, un paysan qui, par foi et morale, s’opposa aux nazis et leur annexion de son Autriche en 1938. 81 ans après cet acte héroïque, Terrence Malick en tirait un film lyrique et bouleversant, sublimé par des images d’une stupéfiante beauté. 

Depuis plus de 10 ans, Jean-Baptiste Thoret, critique et historien du cinéma, arpente les USA pour suivre des traces filmiques et sociétales. En 2013, il prend une caméra et saisit avec mélancolie l’échec de la contre-culture des 60’s. Après ce très remarqué We Blew it, Jean-Baptiste revient à ses premières amours : Michael Cimino, auquel il a consacré un livre (Les Voix Perdues de l’Amérique, Flammarion), suite à un long périple en sa compagnie. Son nouveau film, Michael Cimino, un Mirage Américain débute à Mingo Junction, cité ouvrière de l’Ohio où le cinéaste avait tourné la première et la troisième partie de Voyage au bout de l’Enfer (The Dear Hunter en VO qui, avec Le Canardeur, projeté en 35mm, est toujours à l’affiche). Revisiter les lieux, rencontrer les témoins de l’époque, rouler sur des routes désertes ou filmer des villes désolées, sont, pour Thoret, les moyens de dresser un sensible portrait en creux de Cimino et des rêves déchus de l’Amérique. Marc Olry, distributeur du film, accompagnera la première séance de mercredi 13h30, et le réalisateur viendra, lui, nous le présenter samedi à 18h30. 

Nous avons à peine le temps d’évoquer Licorice Pizza, boule d’énergie positive de P.T. Anderson qui enthousiasme la presse comme le public, Ham on Rye, autre genre de teenmovie signé Tyler Taormina, la trash-thérapie par le jeu de The Card Counter, de Paul Schrader, et la nostalgie d’un Paris déglingué des années 80, vu dans Neige par Juliet Berto et Jean-Henri Roger. 

Dernières lignes enfin pour L’Enfance de l’Art avec, mercredi à 14h30, L’Extraordinaire Voyage de Marona le petit chien. Dimanche à 14h, nous reverrons Bugsy Malone, l’étonnante comédie musicale où, en 1976, Alan Parker évoquait la prohibition avec des enfants qui se mitraillent à la chantilly. Un pur OVNI avec la toute jeune Jodie Foster. 

Excellente semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action