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L'Édito

De la chance, des enfants, du positif.

L'Édito

De la chance, des enfants, du positif.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
De la chance, avec la magnifique candeur de Bienvenue Mister Chance, épaulé par d’autres films de Hal Ashby ; des enfants avec notre nouveau festival Regards d’Enfants, une sélection de films dont ils sont les vedettes. Quant au positif, il caractérise toute notre programmation, avec nos succès des précédentes semaines, et surtout un Ciné-Club Positif éminemment gai et gay, puisque consacré à Victor-Victoria.

Mardi à 20h, les rédacteurs de notre revue de cinéma préférée nous donnent rendez-vous avec Blake Edwards, maître de la comédie récemment disparu. Victoria est une chanteuse lyrique du Paris des années 30. A cours de contrat, elle suit le conseil d’un ami homosexuel de se faire passer pour un homme, Victor, qui obtient un immense succès dans les cabarets. Evidemment l’amour va se manifester et, de quiproquos en malentendus, mettre à mal la supercherie. Ce film musical brillant, remake d’un film allemand de 1933 et réglé comme un Feydeau, doit beaucoup au charme mature et à la prestation de Julie Andrew. Rappelons qu’elle fut, près de 20 ans plus tôt, Mary Poppins et la Maria de la Mélodie du Bonheur. Ce film sur l’identité, ici sexuelle, permet à Blake Edwards de donner une nouvelle preuve de sa virtuosité à faire naitre le comique de chaque situation. Monialisa Douadi, rédacteur chez Positif, viendra nous présenter Victor, Victoria et animera le débat.

Lorsque l’on parle de Blake Edwards, il est aisé d’enchaîner sur Peter Sellers, qui a incarné pour lui l’ineffable Inspecteur Clouzeau et le figurant indien gaffeur de la Party. Il est aussi Mister Chance, le jardinier philosophe de Hal Ashby qui va, par hasard, distiller sa toute simple sagesse aux grands de ce monde. Il y a un peu du Prince Mychkine, l’Idiot de Dostoïevski, dans le Mister Chance d’Ashby. Même bonté naïve, même bon sens bienveillant, mêmes types de rebondissements qui propulsent les deux personnages là où ils ne devraient pas être. Mais Ashby, même s’il porte parfois un regard un peu désespéré sur le monde, n’est pas Dostoïevski. Et si le roman russe finit dans la tragédie, le film américain se termine sur un petit miracle. Bienvenue Mister Chance, réalisé en 1979, est une œuvre importante de ce drôle de réalisateur parfois fantasque, mais qui savait tout rattraper au montage. Nous vous proposons, en quelques films, de redécouvrir celui que son ami Jack Nicholson qualifiait de « meilleur non-directeur d’acteurs de tous les temps » ! Il en dirigea pourtant de fameux, à commencer par Nicholson lui-même, que nous retrouverons dans la Dernière Corvée, ou bien Warren Beatty et Julie Christie dans Shampoo. Ashby réalisa aussi la merveilleuse fable d’Harold et Maude, et produisit l’Affaire Thomas Crown, réalisée par Norman Jewison.

La nouveauté de cette semaine, c’est un nouveau festival, Regards d’Enfants, qui annonce la ressortie imminente (dans 8 jours) de l’un des plus grands films sur l’enfance : La Nuit du Chasseur. En attendant de revoir la terrifiante fable de Charles Laughton, nous vous avons trouvé quelques œuvres filmées à 1,40 mètre de hauteur, soit, en moyenne, le regard d’un enfant. Mais attention, ce n’est pas Oui-Oui et la voiture jaune. Ainsi, nous verrons l’horreur nazi dans le collège d’Au Revoir les Enfants, de Louis Malle, l’Espagne Franquiste de Cría Cuervos, de Carlos Saura, la dérive vers la puérile sauvagerie dans Sa Majesté des Mouches, de Peter Brook, le racisme, la peur et l’injustice dans Du Silence et des Ombres, de Robert Mulligan. Lundi, nous pourrons suivre trois errances enfantines : celle du Petit Fugitif, fiction issue de l’école du documentaire américain des années 50, celle d’un écolier Iranien vue par Abbas Kiarostami dans Où est la Maison de mon Ami ?, et celle du gamin de This is England, tenté par le nationalisme et la mouvance skinhead, devant la caméra de Shane Meadows.

Dans un autre registre, mais toujours à destination du jeune public, signalons une séance spéciale du Secret de la Pyramide, où Barry Levison invente la jeunesse de Sherlock Holmes, et celle de l’Enfance de l’Art, où nous, suivrons, sur les toits, Une Vie de Chat, film d’animation français de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol.
Enfin n’oubliez pas que vous pouvez encore voir dans nos salles, le touchant film de Paul Newman, De l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, le chouette western des Coen, True Grit, et la magnifique copie numérique de 8 Heures de Sursis, un film noir, politique, humain et désespéré, réalisé par Carol Reed en 1947, avec une sublime partition pour James Mason.
Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action