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L'Édito

Champions du monde

L'Édito

Champions du monde

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Si l’équipe de France de football nous a ravis en remportant sa deuxième étoile, nous retrouverons sur nos écrans cette semaine d’autres champions du monde. D’abord le tenant du titre de la comédie la plus dingue de l’histoire de Hollywood où Blake Edwards a mis en scène une bombe atomique du rire incarnée par Peter Sellers, invité surprise de The Party. Dans la catégorie drame musical engagé des sixties, on n’a pas fait mieux que Hair, film phare de la contre-culture signé Milos Forman. Ces deux rééditions de prestige, toutes deux sur copie neuve et accompagnées de cycles consacrés à leur réalisateur, sont les vedettes de notre semaine au Grand Action. Toutefois, nos champions des précédentes programmations, telles Ma Fille ou les œuvres issues de L’Expérience Diagonale, mais aussi l’Affaire Thomas Crown, vainqueur de la scène d’échec la plus torride, et Phantom Thread, lauréat de l’élégance cinématographique, gardent quelques séances.

Comment Hrundi V. Bakshi, le plus dramatique des  figurants d’origine indienne, blacklisté après avoir aussi maladroitement que malencontreusement détruit un coûteux décor, a t-il pu se retrouver invité à la prestigieuse Party du producteur qu’il a ruiné ? De cet argument minimaliste, mais grâce à son incroyable sens du rythme et surtout à l’immense talent de Peter Sellers, Blake Edwards a tiré la meilleure comédie barrée des années 60. Voici donc Sellers en indien d’opérette, animé d’une capacité de nuisance qui fait paraitre délicat le célèbre éléphant du magasin de porcelaine. De bourdes en gaffes, et sans se départir de son désarmant sourire, Hrundi Sellers va déclencher une avalanche de catastrophes, dont l’enchaînement paroxysmique va faire exploser la fête hollywoodienne et les zygomatiques du plus déprimé des spectateurs. Impossible de résister au pouvoir burlesque de ce génie comique, réglé avec la précision d’une horloge suisse par Edwards. Outre la copie neuve de The Party – qui fête son cinquantième anniversaire – le Cycle Blake Edwards nous offre deux autres bijoux de comédies de cet orfèvre du rire : Diamants sur canapé, Victor Victoria.

Les mouvements pacifistes hippies ont autant marqué les années 60 aux USA que la Guerre du Viet Nam. Ces deux pôles antagonistes offrent son sujet à Hair, spectacle musical contestataire qui fut créé à la marge de Broadway, pour vite y triompher, notamment grâce à une bande son qui a traversé son époque. Nous étions en 1967 et la jeunesse américaine rêvait de casser le modèle que ses parents avaient imposé au monde. Hair fut un symbole de la contreculture et, paradoxalement, devint un succès populaire international. Il fallut 10 ans pour que le cinéma adapte ce drame musical un peu naïf, dont Milos Forman sut faire un grand film iconique. Sa ressortie sur copie neuve est suivie de quelques autres opus réunis dans un cycle Milos Forman. On reverra avec plaisir Valmont, Les Fantômes de Goya, Man on the Moon, tous trois dirigés par ce grand réalisateur américain d’origine tchécoslovaque mort en avril dernier.

Le reste du programme se partage entre exclusivités et films de répertoire. On pourra donc voir Ma Fille, petite perle de Laura Bispuri, jeune réalisatrice italienne qui signe un touchant triple portrait de femmes sous le soleil de la Sardaigne, et Phantom Thread, dernier film de Paul Thomas Anderson. Niveau reprise, on aura le choix entre l’Affaire Thomas Crown ou, dans un genre plus « Diagonale », Simone Barbès, Les Belles Manières et Beau temps mais orageux en fin de journée.

Avant de conclure, signalons que la série de nos rééditions estivales se poursuivra la semaine prochaine avec Voyage au bout de l’enfer, et bouclons avec l’Enfance de l’Art. Mercredi, ce sera Rita et le crocodile, charmante animation pour les petits et, jeudi matin et dimanche à 14h, Tant qu’on a la santé, comédie du trop rarement montré Pierre Etaix.

Bonne semaine de champion.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action