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L'Édito

Next stop to Cannes.

L'Édito

Next stop to Cannes.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Lorsque cette lettre arrivera au terme de sa validité, le 63e Festival de Cannes débutera par la projection de Robin Hood, le nouveau film de Ridley Scott, avec Russell Crowe et Cate Blanchett. Par magie, il sera en même temps montré aux spectateurs du Grand Action pour sa sortie nationale. En attendant ce mercredi 12 mai, notre programmation vous donne l’occasion de réviser votre culture cannoise, avec la poursuite du Cycle d’Or, une sélection de Palmes d’Or, et de partager un beau moment de cinéphilie avec le Diable au Corps, que le Club-Positif nous propose ce mois-ci.

La rédaction de la revue a choisi, mardi à 20h, de s’intéresser à un cinéaste important, dont les engagements tardifs provoquèrent un certain rejet. Claude Autant (vrai nom d’Autant-Lara) naquit en 1901, fut un cancre, mais un grand amoureux du cinéma. Ruiné par ses premiers courts-métrages de jeunesse – bien qu’il ait pourtant presque inventé le cinémascope – il s’exile aux USA, puis revient en France et reprend la caméra. Quelques comédies populaires, avec Odette Joyeux, lui permettent d’adapter en 1947 le court, passionné et fulgurant roman de Radiguet. Avec Gérard Philippe et Micheline Presles, le Diable au Corps est remarqué et attaqué. Provocateur et anticonformiste, Autant-Lara s’en réjouit presque et peut poursuivre sa carrière en signant quelques films remarquables : l’Auberge Rouge, le Blé en Herbe, la Traversée de Paris ou la Jument Verte. Le Rouge et le Noir, d’après Stendhal, lui vaut quelques salves de la Nouvelle Vague, qui voit Autant-Lara comme un cinéaste du passé. Le bougre ne se privera pas, en retour, de critiquer les hussards du jeune cinéma français. Autant-Lara poursuivra toutefois sa carrière jusqu’aux années 70, avant de s’engager – sans doute autant par conviction que goût de la provocation – aux côtés de l’extrême-droite. Quelques dérapages racistes et antisémites plus tard, le vieux bougon tira sa révérence en 2000.
Revoyons donc le Diable au Corps, auquel le couple d’acteur apporte la fougue du roman, et le réalisateur tout son anticonformisme. Noël Herpe, qui animera le débat d’après projection, nous en dira bien plus. Et pour finir, signalons que Gérard Philippe obtint la Palme d’interprétation à Cannes pour ce film.

Et voilà qui nous permet d’enchaîner sur notre Cycle d’Or, où les films de la semaine dernière sont rejoints par des nouveaux. Commençons donc par eux, sans lien avec l’ordre de programmation, et par Les Parapluies de Cherbourg, merveille de drame, de romantisme, de musique et de couleurs de Jacques Demy, et Rome, Ville Ouverte, film engagé et néoréaliste de Roberto Rossellini. Nous pourrons aussi voir La Parole Donnée, Palme d’Or oubliée de 1962, du Brésilien Anselmo Duarte, où un paysan mystique, pour remercier Dieu d’avoir sauvé son âne, porte la croix de Jésus et L’Homme de Fer, où Andrzej Wajda réalise, presque en direct, la révolution polonaise des chantiers de Gdansk. Shohei Imamura, immense cinéaste Japonais doublement palmé en 1983 et 1997, est aussi au programme : pour la très touchante La Ballade de Narayama, et pour L’Anguille, seule interlocutrice d’un meurtrier par amour et métaphore de son désir.
Autre double gagneur de Palme (voir triple car il a aussi eu le Prix de la Mise en Scène pour le Temps des Gitans), Emir Kusturica, dont le subtil et dérangeant Papa est en Voyage d’Affaires rejoint Underground.

Presque tous les films de la semaine dernière se retrouvent cette semaine : le naïf Marty, de Delbert Mann, le musical Orfeu Negro, de Marcel Camus, le sublime, forcément sublime, Guépard, de Visconti, la douce et folle Dolce Vita de Fellini, les errances du Taxi Driver, de Scorsese, les médecins barjots de M.A.S.H, de Robert Altman, l’esthétisme sophistiqué de Blow Up d’Antonioni, la détresse du vide dans la Chambre du Fils, de Nanni Moretti, l’amour fulgurant dans la Leçon de Piano, de Jane Campion, et Bjork dans le musico-social Dancer in the Dark, de Lars Von Trier. Et pour ceux qui ont raté les récents primés de Cannes, en 2008 retour au collège avec Entre les Murs, de Laurent Cantet, et, en 2009, sombre leçon d’histoire avec le Ruban Blanc, de Michael Haneke.

Juste une phrase pour vous signaler qu’il reste quelques visites pour Shutter Island, le dernier Scorsese, et que l’Enfance de l’Art nous invite, mercredi à 14h, à entrer dans Kerity, la Maison des Contes, un joli et intelligent film d’animation de Dominique Monféry.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.