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L'Édito

Un solitaire bien entouré.

L'Édito

Un solitaire bien entouré.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Comme promis, sort donc cette semaine Le Solitaire, premier long métrage de cinéma de Michael Mann qui, avant ce film de 1981, avait déjà réalisé pour la télévision. Mais ce Solitaire n’arrive pas seul dans nos salles puisque, outre le maintien de bon nombre de films des semaines précédentes, deux événements sont annoncés. Le premier, mardi 1er mai, est un classique Ciné-Club Louis Lumière, avec la participation de Yorgos Arvanitis, chef opérateur attitré du regretté Théo Angelopoulos, dont nous reverrons l’Apiculteur. Le second est plus inattendu puisqu’il s’agit d’une vente aux enchères d’affiches de cinéma. Elle se tiendra jeudi à 18h et sera l’occasion pour les collectionneurs de dénicher quelques raretés. Amis amateurs, n’hésitez pas à venir consulter le catalogue dans le hall du cinéma.

Pour ses débuts au cinéma, Michael Mann ne s’est pas trompé en abordant l’un de ses futurs genres de prédilection : le polar. Le Solitaire, incarné par James Caan, est un voleur, d’où le titre original du film : Thief. Lors d’un long séjour en prison, ce cambrioleur de haut vol a conçu son dernier coup : un casse imparable qui le mettra à l’abri du besoin et lui permettra de s’offrir la vie normale dont il rêve. De cette trame convenue où il fait évoluer un personnage sec et pressé, Michael Mann a tiré un film aux lumières aussi crues que le monde qu’il décrit : receleurs, flic corrompus, et tout l’aréopage des délinquants professionnels qui prospéraient dans l’Amérique des années 80 (il y en a toujours). Mann n’était pas un débutant derrière la caméra mais, dans ce film, il tisse les fils de ce qui fera son cinéma : personnages puissants, intrigue simple, et mise en scène d’une grande efficacité, notamment dans les scènes d’action, servies par un montage au cordeau. Au fil du temps, il ne fera que cultiver cette maîtrise, que vous avez pu constater lors de la rétrospective que nous lui avons consacrée.

C’est toujours une émotion que d’entendre un grand professionnel parler de cinéma. Et c’est pourquoi nous sommes ravis d’accueillir le Ciné-Club Louis Lumière et ses chefs opérateurs. Mardi soir, l’émotion sera encore plus grande puisque nous évoquerons, d’une part, la lumière magnifique de L’Apiculteur, et d’autre part les ténèbres qui ont emporté le réalisateur Théo Angelopoulos le 24 janvier dernier. Auteur de cette lumière et collaborateur attitré d’Angelopoulos, Yorgos Arvanitis viendra nous raconter son travail, sur lequel plane encore l’ombre du réalisateur.

Le scénario de L’Apiculteur est signé Tonino Guerra, autre grand disparu des derniers mois, auquel nous avons décidé de rendre hommage en montrant quelques uns de la centaine et plus de films qu’il a écrits. L’on pourra ainsi revoir Le Regard d’Ulysse, du même d’Angelopoulos, Ginger et Fred, de Fellini, une charge cruelle et désespérée contre les dérives de la télévision à paillettes, et Nostalghia, où Tarkovski nous interroge sur la mémoire et le destin. S’il a travaillé avec les plus grands réalisateurs de son temps, c’est d’abord pour sa collaboration avec Michelangelo Antonioni que Guerra est célèbre. Elle débute avec L’Avventura, qui cassa les codes en 1959, puis se poursuivra avec L’Eclipse et le Désert Rouge, trois films illuminés par la présence magnétique de Monica Vitti. Ensemble, les deux compères conçurent aussi Blow Up, une œuvre indispensable qui réussit la gageure d’être à la fois une enquête, un tableau du swinging London et une réflexion métaphysique.

Plus léger, mais plus vrombissant, notre cycle Muscle Cars demeure aussi à l’affiche pour suivre la Medusa, une Buick customisée par les anti-héros de Bellflower, d’Evan Glodell. Rappelons à ceux qui n’ont pas encore vu ce film étonnant et complètement indépendant, tant par le ton, le sujet que la forme, qu’il s’agit de l’une des bonnes surprises de ce printemps pluvieux. A la poursuite donc de la Buick post-apocalyptique de Bellflower, les monstres d’acier de Mad Max 1 et 2, inspirateur des anti-héros du film, le camion fou de Duel, de Spielberg, la Mustang de l’inspecteur Bullitt, alias Steve McQueen, de Peter Yates, Christine, la Plymouth maléfique de Carpenter, la De Lorean volante du Retour vers le Futur de Zemeckis et les bagnoles folles qui arpentent le Boulevard de la Mort, de Tarantino.

Avant de vous livrer notre rituelle conclusion avec l’Enfance de l’Art, n’oublions pas les autres films de notre riche programmation de la semaine : Terraferma, le très joli film humaniste d’Emanuele Crialese, l’inépuisable Hugo Cabret, de Martin Scorsese et le troublant et bordélique Go Go Tales, d’Abel Ferrara. Quant à la tant attendue Enfance de l’Art, elle nous pique à fleurets non mouchetés avec les trois Mousquetaires, millésime George Sidney 1948. L’affiche de ce film n’est pas disponible lors de notre vente de jeudi, mais vous en trouverez bien d’autres.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action