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L'Édito

Seuls et indomptés.

L'Édito

Seuls et indomptés.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Seul, comme le héros de Seconds, de John Frankenheimer ; indomptés, comme les deux voyous de L’Incident, de Larry Peerce ; seul, comme un cow boy du cycle Sergio Leone ;  indomptés comme le danseur d’un film de Vincente Minnelli ou le vieux Nicholas Ray donnant ses cours de cinéma dans We Can’t Go Home Again Ou bien Seul et Indompté, comme Kirk Douglas dans Seuls sont les Indomptés, le western post-moderne de David Miller, où il interprète un dernier des Mohicans cow boy.

Indomptés aussi, et loin d’être seuls, les organisateurs de Ciné-Ma-Russie qui nous donnent à voir des films rares et exigeants. Comme jeudi soir, Dans ce Pays Là, réalisé en 1997 par Lidia Bobrova, l’une des rares femmes de l’école cinématographique russe de l’après-soviétisme. Une autre femme, merveilleusement slave, accompagnée par un journaliste résolument téléramiste, nous guideront Dans ce Pays Là, où l’on se détruit tranquillement à la vodka. Macha Méril et Pierre Murat (que vous aurez reconnus) seront aussi présents au cocktail russe à suivre, où l’on devrait boire tout de même un peu moins que dans le film.

Indomptée encore, la « Bersaliera », l’héroïne « harceleuse » de  Pain Amour et Fantaisie. Ce film de Luigi Comencini est le plus célèbre représentant du néoréalisme rose, trait d’union entre le néoréalisme des années 40 et la comédie italienne des années 60. Les Années 50 au Cinéma, que nous célébrons tous les vendredis à l’unisson avec le Palais Galliera et en compagnie de la délicieuse Lise Brisson, voient émerger un certain idéal de la femme italienne, entre maman et putain comme dirait Jean Eustache. Sophia Loren, Claudia Cardinale, Sylvana Mangano et, bien sûr, Gina Lollobrigida, sont les égéries de cette période légère et optimiste, où la sobriété du réalisme se teinte de romance. Gina, qui interprète avec appétit le pain, l’amour et la fantaisie du film de Comencini, y trouve l’un de ses plus beaux rôles.

L’image emblématique – qui fut reprise pour l’une des affiches du film – de Seuls sont les Indomptés représente un cow boy monté sur un cheval cabré devant un hélicoptère dans un décor de western fordien. Elle résume aussi la problématique du héros : comment résister au temps qui passe, au monde qui bouge, aux amis qui changent ? Kirk Douglas, impeccable, violent, touchant et un peu pathétique, interprète ce vacher nostalgique d’un âge d’or dont il n’a pas voulu voir la fin. Véritable décideur de ce film, l’un de ses préférés, Kirk l’a presque dirigé, prenant plus de décisions de David Miller, l’officiel réalisateur. Toutes les séances de 19h de cette belle ressortie, que nous devons à nos amis distributeurs de Swashbuckler et où l’on découvre la toute jeune Gena Rowland, seront précédées de La Virée à Paname. Ce court-métrage de Carine May et Hakim Zouhani, Prix du Grand Action au Festival des Nuits Med de Corte, raconte l’histoire d’un gamin de banlieue qui, seul et indompté, s’échappe pour suivre un atelier d’écriture à la capitale.

Côté cycle, celui sur Sergio Leone, entamé la semaine dernière, s’enrichit de Et Pour quelques Dollars de Plus, alors que celui de Vincente Minnelli présente toujours une dizaine de films qui donnent une idée de l’éclectique talent de leur réalisateur, aussi à l’aise dans le musical (Yolanda et le VoleurTous en Scène ou Le Pirate), le portrait (Les EnsorcelésLa Vie Passionné de Vincent Van Gogh) ou la comédie (Il faut Marier Papa).
Non sans redire que Seconds et L’Incident tirent leurs derniers feux, concluons avec l’Enfance de l’Art, qui nous propose de suivre Mon Oncle dans le monde merveilleux de Jacques Tati.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action