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L'Édito

Semaine chargée.

L'Édito

Semaine chargée.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Si parfois (rarement) notre programmation ronronne un peu, il est des semaines où ça se bouscule. Celle qui s’annonce risque de nous laisser, pour notre plus grand plaisir, ivres et pantois de cinéma. Pas moins de quatre événements, dont l’avant première de Faust, d’Alexandre Sokourov, et le lancement du surprenant festival Cinédoniste, où Peindre ou Faire l’Amour, des frères Larrieu sera suivi de Manger des gourmandises, de Cahors et du Lot. Et puis toujours Moonrise Kingdom en vedette, plus quelques rescapés de notre précédentes programmations et un nouveau festival consacré à Sokourov, justement. Accrochez-vous, c’est parti.

Et ça commence en fanfare, jeudi à 20h, avec un Cinéma-Club dédié au grand Capra, roi de l’optimisme de l’âge d’or hollywoodien. Pour lancer le débat, Vous ne l’Emporterez pas avec Vous, une merveilleuse fable sociale menée tambour battant, qui permet à ce bon vieux Frankie d’illustrer sa morale humaniste : ce n’est pas l’argent qui fait le bonheur, mais bien l’amour. Pour disserter autour de cette belle vérité et sur la brillante manière dont Capra en fait de bons films, Patrick Brion, éminent historien du cinéma viendra nous éclairer et débattre. Cette chouette soirée se terminera autour d’un verre au Grand Bar.

Le lendemain, les fans de ce maître de l’image animée qu’est Alexandre Sokourov, seront nombreux à répondre à l’appel du Ciné-Club Louis Lumière. Quoi de plus naturel pour cette amicale des chefs-opérateurs que de célébrer l’un des grands visionnaires de la lumière? D’autant que, ce vendredi soir, sera présenté en avant-première le dernier film de Sokourov, Faust, Lion d’Or de la Mostra 2011 de Venise. Avec cette libre inspiration de Goethe, le réalisateur clôt une tétralogie du mal, initiée en 1999 avec Moloch, l’un des films du festival que nous lui consacrons (voir plus loin). Œuvre à la photo crépusculaire et à l’ambiance étouffante, le Faust de Sokourov a été qualifié de « vertigineux » par certains critiques. Après ce choc cinématographique, Bruno Delbonnel, directeur de la photo de Jeunet (entre autre) et, à ce titre grand créateur d’images, viendra nous parler de la technique si particulière de Sokourov. Le tout sera suivi d’un cocktail au Grand Bar.

Deux autres événements se chevauchent mardi. L’initiative du premier revient à l’INSERM qui fait son cinéma avec Contagion, film hautement anxiogène de Stephen Soderbergh. Pour en savoir plus sur tous ces bacilles, virus et bactéries qui nous menacent, deux spécialistes des maladies infectieuses viendront débattre à l’issue de la projection. Odile Launay, professeur à l’Université Paris-Descartes, et Pierre-Yves Boelle, maître de conférences à Pierre et Marie Curie, répondront à toutes vos questions.

Au même moment, une toute autre ambiance règnera dans la salle voisine, pour le lancement du Festival Cinédoniste. De tout temps, le cinéma a célébré les différentes formes du plaisir. Elles donnent des thèmes à ce festival qui se tiendra en octobre prochain à Cahors, sous le haut patronage de notre pote Joël Séria. Mais les instigateurs de ce jouissif événement ont décidé de nous en faire profiter en avant-première ce mardi 19 juin. Une soirée de plaisir débute au Grand Action par un film. Ce sera Peindre ou Faire l’Amour, une délicate apologie de la liberté érotique avec Daniel Auteuil, Sabine Azéma et Philippe Katerine. Le film sera présenté par ses réalisateurs, Arnaud et Jean-Marie Larrieu, et la soirée se poursuivra par une dégustation de vin de Cahors et autres gourmandises de la Vallée du Lot. Rappelons que les truffes y foisonnent. Miam-miam.

Toutes ces activités festives ne nous laissent que peu de place pour évoquer l’autre nouveauté de la semaine, qui accompagne l’avant-première de Faust. Sokourov est un réalisateur que les vrais cinéphiles n’ont pas raté. Adoubé par Tarkovski, il a su se détacher de cette ombrageuse influence pour créer sa propre métaphysique du cinéma. Explorateur pointilleux de l’âme humaine, y compris dans sa noirceur, Sokourov méritait bien que l’on puisse réviser sa filmographie, souvent inspirée par la littérature russe. Sa carrière débute vraiment en 1987 par son film de fin d’étude dédié à son maître, La Voix Solitaire de l‘Homme, qui évoque un soldat ravagé par la guerre. Il enchaîne avec Le Jour de l’Eclipse, où un médecin s’installe dans un désert asiatique quasi-médiéval, puis Sauve et Protège, inspiré de Madame Bovary. Mère et Fils, une fable hors du temps, le révèle au public occidental en 1997, qui le suit pour Moloch, une évocation personnelle d’un Hitler intime, puis pour une autre histoire de famille, Père, Fils, et un tour de force dans L’Arche Russe: un plan séquence d’1h40 qui balaye l’ensemble de l’art russe. Alexandra, son avant-dernier film, présenté à Cannes en 2007, la relation d’un officier et de sa grand-mère, clôt ce festival.

Cette longue lettre serait incomplète sans un mot pour le délicieux Moonrise Kingdom, de Wes Anderson, et quelques films de nos précédentes semaines : Le Solitaire de Michael Mann, Chroniques Sexuelles d’une Famille d’Aujourd’hui, de Jean-Marc Barr et Pascal Arnold, L’Enfance Nue, de Maurice Pialat et les deux premiers volets du Parrain, de Francis Ford Coppola.
Et puis n’oublions pas L’Enfance de l’Art et ses burlesques Folles Inventions de M. Bricolo, de Charley Bowers.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action