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L'Édito

Qu’est ce que le cinéma ?

L'Édito

Qu’est ce que le cinéma ?

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Houlala ! Voilà un titre ambitieux emprunté à André Bazin, l’un des penseurs de la cinéphilie, décrypteur du néo-réalisme et parrain de la Nouvelle vague. Rassurez-vous, nous n’allons pas gloser sur le travail de cet immense critique, non sans toutefois vous inviter à sa lecture (Ed. Du Cerf).

Mais tout même, qu’est-ce que la cinéma pour le spectateur ? C’est d’abord du plaisir. Plaisir intellectuel, culturel, émotionnel, mais aussi rituel. Aller au cinéma, c’est rechercher ou accepter un cérémonial : le noir qui se fait pour permettre à l’écran de capter toute la lumière ; le silence qui s’impose pour laisser le son occuper tout l’espace ; les inconnus avec qui l’on partage un moment privilégié où le temps s’arrête, et où l’on n’est plus guidé par une horloge mais par le bon vouloir d’un conteur.
Car évidemment, on va aussi au cinéma pour voir des films. Et si vous êtes de plus en plus nombreux à venir au Grand Action, c’est que notre programmation vous donne envie. Tant mieux, car elle nous plaît aussi. Voilà. Tout ce grand paragraphe juste pour vous dire merci de venir dans nos salles, et vous assurer qu’en 2012, nous ferons notre possible pour vous proposer les grands films que nous aimons tous.
Par exemple, on aime Scorsese. On l’aime depuis ses débuts, d’où le festival que nous lui consacrons, et jusqu’à son dernier Hugo Cabret, féérie cinéphilique en 3D. On aime aussi Cronenberg, réalisateur de La Mouche et de quelques autres œuvres étranges, dont certaines sont à l’affiche. On apprécie également Skolimowski, héritier du savoir filmer polonais, les Monty Python, orfèvres déglingués de l’humour britannique, et John Ford, géomètre des grands espaces du western. En vérité, on aime beaucoup de cinémas, mais ce sont ceux là que nous projetons cette semaine.

Si l’Enfance de l’Art nous propose un John Ford, en l’occurrence La Prisonnière du Désert, c’est Mamie Nova qui vous invite à sa cheesecake party devant Sacré Graal de Monty Python, samedi à 14h. Cette fable médiévale extraordinairement drôle et totalement déjantée sera suivie d’un goûter dont Mamie a le secret. Places à retirer sur cheesecakeparty@mamie-nova.com, dans la limite des places disponibles, selon la formule consacrée.

Hugo Cabret, touchant Gavroche de la gare Montparnasse qui réveille le vieux Méliès oublié dans son échoppe de jouets, domine notre programmation. Martin Scorsese, l’homme qui transforme en rêve massif tout ce qu’il filme, réussit avec Hugo un triple pari : il offre au cinéma relief une raison d’exister, il donne une leçon d’histoire du cinéma, et il touche tous les publics au cœur. Pourtant dieu sait que ce réalisateur, qui envisagea de devenir prêtre, ne se promène pas d’ordinaire dans le cinéma familial, fut-il de qualité. Il s’insinue plutôt dans la mafia (CasinoMean Streetsles Affranchis), poursuit la folie dure (Les Nerfs à VifShutter Island) ou la folie douce (Alice n’est plus IciWho’s that Knocking at my Doorla Valse des Pantins), ou bien explore les méandres de sa bonne grosse pomme (New York New YorkAfter Hours). Et partout, il joue gagnant.

Inspiré par la série B et les visions cauchemardesques de son auteur, La Mouche fut un choc lors de sa sortie en 1986. David Cronenberg réalisa ensuite le très dérangeant mais superbe Faux Semblants et, plus récemment, A History of Violence et Les Promesses de l’Ombre, deux bizarres polars plein de hargne.

A l’affiche également, quelques films de Jerzy Skolimowski issu, tout comme Polanski, de la prestigieuse école de cinéma de Lodz. Entre Le Départ, film de jeunesse polonaise, et Essential Killing, son dernier opus crépusculaire réalisé en 2010, près de 45 ans de carrière internationale ponctuée par une interruption de 17 ans pour cause de peinture et de poésie. Avant le break, c’était sa période anglaise, Deep End et Travail au Noir. Après, lors de son retour en Pologne et sur les plateaux en 2008, ce fut Quatre Nuits avec Anna, une drôle d’histoire d’amour unilatéral.

Comme nous avons parlé de l’Enfance de l’Art plus haut, on peut conclure et écrire bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action