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L'Édito

Lumière.

L'Édito

Lumière.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Lumière, c’est le nom des inventeurs du cinématographe. C’est aussi le nom du Ciné-Club Louis Lumière qui invite dimanche Guillaume Schiffman, opérateur de Michel Hazanavicius et de son OSS 117. La lumière, indispensable au cinéma, peut parfois être sophistiquée, comme dans Passion, de De Palma, sombre et crue comme chez Alexeï Guerman auquel nous consacrons un hommage, brûlante comme dans le Sud esclavagiste de Django Unchained, de Tarantino, ou solaire comme dans les différentes adaptations de notre cycle Shakespeare à l’écran. Elle peut aussi être le signe de la renaissance du printemps que les teens américains vont fêter sans limite lors des vacances de mars-avril. C’est à ces Spring Breakers que Harmony Korine a consacré un film à la lumière saturée ; un voyage frénétique et décalé, libre et fascinant, aux cotés de quatre charmantes créatures qui n’ont pas froid aux yeux. Le programme en détail.

Dimanche à 16h30, le Ciné-Club Louis Lumière a donc convoqué Guillaume Schiffman, pour parler de son travail de chef opérateur. S’il a atteint la notoriété internationale (César et nomination à l’Oscar pour The Artist), c’est d’abord par sa maîtrise des couleurs lumineuses que Guillaume Schiffman a gagné l’estime de ses pairs. Une image qui a séduit Michel Hazanavicius pour éclairer Jean Dujardin en espion vintage. OSS 117 : le Caire nid d’Espions, premier opus de la série (qui en compte aujourd’hui 2) fait revivre le barbouze des années 50 inventé par Jean Bruce. Revisité en macho « Renécotiste » et un peu benêt, Dujardin déroule une partition réjouissante et permet au réalisateur de signer l’une des meilleures comédies des années 2000. Après le rire, le débat lors duquel le chef-opérateur donnera quelques secrets de son art.
L’autre nouveauté de la semaine, c’est donc Spring Breakers. Le Spring Break est un rite de passage typiquement américain où les jeunes étudiants, garçons et filles, s’offrent une semaine printanière de débauche : sexe, alcool et drogue, en général sous le soleil. Evidemment la fête a un coût et, dans Spring Breakers, quatre greluches sexy en diable ont l’idée saugrenue d’un braquage pour financer leur vacances. Elles se font pincer mais sont tirées d’affaire par un gangsta rapper, formidablement incarné par James Franco. Les ennuis peuvent continuer. Film schizophrène, totalement pop, raffiné dans son excès,  »teen » jusqu’au bout des ongles, et d’où surgit une poésie noire et déroutante. Un véritable succédané de notre époque, qui, à son image, est évasif et inconstant, lyrique et terrifiant.

Totalement à l’opposé de ce film flashy, se trouve le cinéma d’Alexeï Guerman auquel nous rendons un hommage. Cinéaste russe mort en février dernier, Guerman n’eut de cesse d’interroger l’histoire de son pays au temps des Soviets, et fut logiquement malmené par la censure. Nous n’eûmes donc pas le loisir de voir ses œuvres et il était temps de combler cette lacune. Venez donc découvrir Khroustaliov, ma Voiture, film digressif sur la fin de règne de Staline, ainsi que La Vérification20 jours sans Guerre et Mon Ami Ivan Lapchine.

Autre festival de la semaine, Shakespeare à l’écran joue les prolongations dans une version un peu réduite. Restent à l’affiche César doit Mourir, ou Shakespeare monté en prison, des Frères Taviani, le très orthodoxe britannique Henry V de Laurence Olivier, et la plus américaine quête de Richard III dans Looking for Richard, de Al Paccino. L’on pourra aussi constater que le dramaturge a inspiré Kusosawa (via Hamlet pour Les Salauds dorment en Paix, et Macbeth dans Le Château de l’Araignée), Lubitsch pour une comédie militante (To Be or Not Be), et que les vents mauvais de la Tempête soufflèrent dans les têtes de Peter Greenaway (Prospero’s Book) et Paul Mazursky (Tempête).

Passion et Django Unchained, les derniers films respectifs de Brian De Palma et Quentin Tarantino sont toujours à l’écran et dimanche à 14h l’Enfance de l’Art, place à la fantaisie noire de Tim Burton dans Frankenweenie, long métrage de 2012, remake de l’un des premiers moyens-métrages de l’auteur qui, en 1984, avait déjà bâti son univers.
Superbe semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action