Scroll down
L'Édito

Let the sun shine

L'Édito

Let the sun shine

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Cet excellent conseil, particulièrement pertinent en ces temps estivaux, est l’hymne de Hair, drame musical emblématique de la contre-culture américaine. Un Cycle Milos Forman accompagne la ressortie de ce classique qui embrasse les nobles causes des années 60. Une décennie bénite que nous célèbrerons d’une toute autre manière la semaine prochaine en s’invitant à la Party, fête du rire orchestrée par Peter Sellers et Blake Edwards, auquel nous consacrons déjà un cycle. Ces rééditions qui retrouvent toute leur fraîcheur grâce à la restauration des copies, laissent de la place aux exclusivités, notamment à Ma Fille de Laura Bispuri, étoile montante du cinéma italien, et à L’Expérience Diagonale. Cette dernière nous permet de voir ou revoir les films issus de l’école de cinéma de Paul Vecchiali : Simone Barbès, Les Belles Manières et Beau temps mais orageux en fin de journée. Samedi dernières projections en présence de l’équipe des deux derniers films du toujours productif Vecchiali – Les Sept Déserteurs et Train de vies. Et puis il reste aussi quelques séances pour l’Affaire Thomas Crown, Ready Player One et Phantom Thread.

Musical créée « off Broadway » en 1967, Hair s’impose en in l’année suivante, conserve l’affiche durant 4 ans sur le prestigieux boulevard new-yorkais et voit fleurir des adaptations, dont une en France avec Julien Clerc et Gérard Lenorman qui lancent ainsi leur carrière. Il ne faudra pas longtemps pour que le cinéma s’empare de ce succès contestataire et pacifiste. Le pari était osé d’opposer les gentils hippies aux militaires en pleine Guerre du Vietnam dans un drame populaire et musical. Mais les chansons, portées au rang de tubes, convainquirent le public autant que le subversif sujet. C’est heureusement Milos Forman qui se chargea de l’adapter à l’écran, posant son regard critique et vif sur cette histoire simple ; un regard à retrouver avec le Cycle de trois films que nous lui consacrons (Valmont, Les Fantômes de Goya, Man on the Moon). Pour beaucoup d’entre nous, le Hair de Forman est le souvenir d’une esthétique – des Krisna-fans  en toge orange, des soldats en vareuse verte, des chevelus de toutes les couleurs – et surtout d’une bande sonore. Voir ce film qui marqua son époque avec les conditions techniques d’aujourd’hui nous replonge au moment de cette bascule de l’histoire récente, où l’on pensait que l’utopie allait s’échapper pour triompher. On sait qu’elle fut rattrapée par la patrouille, mais aussi qu’elle planta quelques graines pour le futur.

Paul Vecchiali a aussi planté des graines de talents en permettant à de jeunes gens qui avaient des choses à dire de réaliser collégialement leur film. Plus qu’une société de production, L’Expérience Diagonale qu’il initia dans les années 70 fut une école de cinéma. Outre trois opus qui en sont issus, nous verrons aussi les deux derniers de Vecchiali, que son équipe viendra nous présenter samedi. Après la séance des Sept Déserteurs de 16h, l’équipe de Paul animera le débat et restera pour Train de vie à 18h, à l’issue duquel nous boirons un verre au Grand Bar. Ce sera la dernière projection des deux films de Paul, en attendant le prochain qu’il va bientôt commencer à tourner.

Des expériences et du bonheur, c’est ce que cherche Ma Fille, film au féminin qui éclaire le monde des hommes. Dans un village de Sardaigne, une gamine de 10 ans est partagée entre l’amour de sa mère trop sage et son attrait pour une étrangère trop folle – mais est-elle vraiment si folle et si étrangère ? Jeune cinéaste italienne qui trace son chemin, Laura Bispuri réussit un film à tiroirs qui, à petites touches délicates, dessine trois portraits de femmes. Si Valeria Golino et Alba Rohrwacher sont justes et bouleversantes, la petite Sara Casu est la révélation de Ma Fille.

Avant de conclure avec qui vous savez, rappel des films cités en début de lettre et de l’annonce de The Party mercredi prochain, avec le Cycle Blake Edwards (Diamants sur canapé, Victor Victoria) pour se chauffer les zygomatiques dès cette semaine. Le Professeur Balthazar, classique de l’animation tchèque projeté mercredi et jeudi, et Le Géant de Fer, de Brad Bird visible dimanche, sont les deux choix hebdomadaires de l’Enfance de l’Art.

Que le sun shines sur votre semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action