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L'Édito

La lumière de Shakespeare.

L'Édito

La lumière de Shakespeare.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Il est parfois bon d’évoquer le nom de Shakespeare, l’un des pères éternels de la dramaturgie, pour recadrer le débat. Car si ce bon William n’a pas connu le cinéma, il l’a pourtant largement éclairé de ses lumières, inspirant bon nombre d’adaptations. Contemporaines, chantées, transposées ou fidèles, elles illuminent notre cycle Shakespeare à l’écran. D’autres lumières sont au rendez-vous cette semaine. Ceux qui la dominent et font naître les images donnent leur Master Class, sous l’égide de l’AFC (l’Association Française des Chefs-opérateurs), à la suite de la projection de Providence, d’Alain Resnais. Mais ne cédons par à l’attrait de la nouveauté pour la nouveauté, en oubliant nos perles des précédentes programmations. Django Unchained, tarantinesque western de Tarantino, 4h44 Dernier Jour sur la Terrel’apocalypse selon Saint Abel Ferrara, et Passion, la dernière variation perverse de Brian de Palma sont toujours à l’affiche.

C’est jeudi à 20h que s’ouvrira la dernière Master Class de la saison, celle de l’AFC. Nous finirons donc en beauté et en lumière en accueillant Ricardo Aronovitch, directeur de la photo Argentin qui poursuit une carrière internationale depuis plus de 50 ans. Ce grand monsieur qui a travaillé avec Malle, Boisset, de Broca, Zulawski, Costa-Gavras, Scola, Leconte, Ruiz, et Resnais participera au débat animé par Dominique Maillet. Pour lancer la conversation, c’est donc Providence, l’une des œuvres les plus vertigineuses d’Alain Resnais, qui sera projetée. Un grand moment à vivre au Grand Action.
Dans Passion, De Palma revient à ses fondamentaux comme on dit dans le rugby. Sexe, manipulation, pouvoir, tromperie, trahison, meurtre, voyeurisme, faux-semblant et fausse piste ; le plus revendiqué des héritiers d’Hitchcock, après des années de recherches, retrouvent sa verve des années 80-90. Après Body-Double et Pulsions, voici Passion, où trois femmes brillantes et sexy jouent un jeu impitoyable dans le cadre glamour et faux d’une agence de publicité. Qui de la blonde, de la brune ou de la rousse survivra à l’aventure ? De Palma s’amuse beaucoup à mettre en scène cette folie aguicheuse, jouant sur les effets et les nerfs du spectateur. Si Passion n’ajoute pas une pierre essentielle à sa (longue) filmographie, les fans du polar noir en général et du réalisateur en particulier, s’y glisseront avec délice.  

Même si avec ce diable de Shakespeare on n’est sûr de rien – sauf de son génie – il serait né en 1564 à Stratford-upon-Avon et mort 52 ans plus tard. Immense dramaturge, il a laissé à la culture occidentale un héritage colossal qu’on ne se lasse pas d’explorer. Dans le sillon des Frères Taviani et de leur César doit Mourir, où des taulards montent Jules César dans un faux documentaire Ours d’Or à Berlin, nous vous proposons un petit voyage cinématographique en Skakespearie. A tout seigneur tout honneur, débutons avec le sublime Jules César de Mankiewicz, avec Brando en Marc Antoine et Mason en Brutus. Puis viendra Richard III, transposition de la tragédie dans les années 30, signée Richard Loncraine, et parallèle avec l’ascension d’un autre dictateur. Nous verrons aussi le très classique Hamlet de et avec Laurence Olivier dans le rôle titre, qui remporta l’Oscar du meilleur film en 1948, Ran, où Kurosawa s’inspire du Roi Lear pour inventer un Seigneur Nippon, ainsi que les très iconoclastes Hamlet Goes Business, version personnelle de la tragédie du jeune Prince du Danemark par Aki Kaurismäki, et My Own Private Idaho où, derrière la silhouette des toxicos inventés par Gus Van Sant, l’on peut voir l’ombre des Henri IV et V de William. D’autres adaptations à partir du 13 mars.

Fans de grands espaces et de grandes épopées, n’oubliez pas de venir vous régaler avec Django Unchained, western spaghetti pimenté et cuisiné par Quentin Tarantino, et avec Ivanhoé, de Richard Thorpe, que l’Enfance de l’Art nous propose dimanche à 14h.
Pas de lettre la semaine prochaine pour cause de vacances, mais le Grand Action demeure une excellente destination.

A dans 15 jours.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action