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L'Édito

Histoires de familles.

L'Édito

Histoires de familles.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

La famille, qui est un grand sujet dans la vie (de réconfort, de conflit, de souci, de joie…) est évidemment un grand sujet de cinéma. La famille, son absence ou son délabrement, version comédie, est l’une des pièces majeures de Moonrise Kingdom, et d’ailleurs de tous les films de Wes Anderson. Si Wes tourne les relations familiales en comédie, c’est plutôt vers le drame que les emmène Alexandre Sokourov, auquel nous consacrons un festival. Et puis, bien sûr, lorsque l’on parle de familles, y compris dysfonctionnelles, on peut penser au Parrain, l’incroyable saga de Coppola. Le Solitaire, de Michael Mann, qui poursuit sa carrière, se sent forcément un peu seul dans notre programme de la semaine. Vous nous direz, c’est normal.

Et ça tombe très bien qu’il y ait le festival Sokourov cette semaine au Grand Action car avec la Fête du Cinéma. Du dimanche 24 au mercredi 27 juin,  après l’achat d’un premier billet au tarif normal, tous les autres sont à 2,50 €. Youpi.
Il fallut le soutien d’un grand maître, Andrei Tarkovski, la chute de l’Empire Soviétique, et surtout la force de son obsession perfectionniste pour qu’Alexandre Sokourov soit enfin reconnu. Même – peut-être surtout – s’il nous sort des sentiers battus de notre programmation, nous sommes ravis de vous proposer de voir ou revoir certaines des œuvres de cet immense cinéaste russe. Né en 1951, Sokourov intègre la prestigieuse VGIK, équivalent russe de la Femis, en 1974. Mais ses courts-métrages et documentaires, un genre où il excelle et qui inspire ses fictions, n’ont pas l’heur de plaire aux très conventionnels dirigeants de l’école. Son film de fin d’études, La Voix Solitaire de l‘Homme, tourné en 1978 mais qui ne sortira qu’en 87 dans son pays, lui vaut toutefois d’être repéré par Andrei Tarkovski, figure tutélaire du cinéma russe. Il le fait entrer chez Lenfilm, où Sokourov poursuit son travail avec un souverain mépris pour la critique aux ordres et le public discipliné. Glasnost et perestroïka gorbatchéviennes lui entrouvrent les portes de l’occident : Le Jour de l’Eclipse, sorti en 1988, est unanimement salué par la critique, tout comme, l’année suivante, Sauve et Protège, une adaptation inspirée de Madame Bovary. Il faudra encore 10 ans pour que le public cinéphilique soit conquis, notamment par Mère et Fils et Moloch, deux premières pierres de deux séries thématiques de Sokourov, l’une consacrée à la famille, l’autre aux figures du mal (Hitler dans Moloch). Suivront re, Fils, et l’incroyable plan séquence au Musée de l’Ermitage de L’Arche RusseAlexandra, autre histoire de famille entre un militaire et sa grand-mère, complète ce festival, où l’on pourra admirer le style, le lyrisme et les expérimentations de Sokourov. 

Même si les deux cinéastes paraissent antipodiques, l’on peut trouver certains points communs entre Sokourov et Wes Anderson : rapprochements thématiques – le temps, la famille, la séparation – et même stylistiques – perfectionnisme, travail sur l’image. Les deux en font des usages forts différents, mais à voir leur travail, on peut se demander si un bon cinéaste n’est pas d’abord un grand obsessionnel. Bref. Moonrise Kingdom, de Wes Anderson, est un ravissement, une pure jubilation pour les acteurs et les spectateurs. A propos de jubilation, les vrais mafieux peuvent se faire une réelle expérience, samedi, avec les trois volets du Parrain, d’un coup, de 14h à minuit. On n’en sort pas indemne.

N’oublions pas notre Solitaire, et L’Enfance de l’Art, qui nous propose un grand western de King Vidor, l’Homme qui n’a pas d’Étoileavec Kirk Douglas.

Bonne fête du Cinéma.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action