Scroll down
L'Édito

Herzog et Cronenberg.

L'Édito

Herzog et Cronenberg.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Les événements de la semaine, c’est d’abord l’arrivée du dernier documentaire de Werner Herzog La Grotte des Rêves Perdus, extraordinaire plongée au cœur de la grotte Chauvet en 3D. Mais aussi notre Ciné-Club Louis Lumière du mois, avec Eric Gautier, chef opérateur attitré d’Arnaud Desplechin, qui viendra nous présenter Esther Kahn. Le changement est incarné par l’arrivée d’un cycle David Cronenberg, afin d’annoncer la ressortie de la Mouche, mercredi prochain. Cette mouche sera suivie de près par d’autres nouveautés, à commencer le 14 décembre, par le dernier film de Scorsese, Hugo Cabret, un délicieux conte de Noël cinéphilique, très éloigné des habituelles histoires maffieuse du grand Martin.

La référence au conte de Noël nous permet d’enchaîner sur Desplechin (pour mémoire, c’est le titre d’un de ses films), et son chef opérateur, Eric Gautier. Mardi 6 décembre à 20h, Eric sera l’invité du Ciné-Club Louis Lumière. Le principe de ce club des directeurs de la Photo est simple : projeter un film et débattre avec l’auteur de sa lumière. Eric Gautier est l’un des plus fameux techniciens du « jeune cinéma français ». Collaborateur de Desplechin, bien sûr, mais aussi de Marion Vernoux ou Olivier Assayas, il a travaillé avec Patrice Chéreau (César de la Photo pour Ceux qui m’aiment Prendront le Train), et entamé une brillante carrière internationale. Ce sont de ses premières amours desplechinesques qu’il viendra nous parler mardi, et donc de la lumière délicate d’Esther Kahn. Esther Kahn est une jeune fille de tailleur juif du Londres victorien qui rêve de devenir actrice. C’est Summer Phoenix (sœur de River et Joaquin) qui est l’interprète de ce film, à ce jour, le seul anglophone de son réalisateur. Nous nous retrouverons bien sûr au Grand Bar autour d’un verre après la projection.

Si l’Oscar de l’étrangeté existait, nul doute que David Cronenberg en collectionnerait quelques uns sur l’étagère de son bureau. Scientifique de formation, il se tourne rapidement vers l’underground de son Toronto natal, et s’empare d’une caméra pour filmer ses obsessions : l’expérimentation sur le corps, en mêlant d’horreur et la science fiction. Après quelques remarquables essais qui choquèrent la critique (Frissons, Rage), il obtient la reconnaissance avec La Mouche, remake d’un film de Kurt Neumann de 1958. Le cycle que nous lui consacrons pour annoncer cette Mouche la semaine prochaine, débute avec son opus suivant, Faux Semblant, où Jeremy Irons joue le double rôle de deux jumeaux très cinglés qui partagent tout, et se poursuit avec M. Butterfly, où le faux-semblant recouvre l’identité sexuelle. Dans eXistenZ, les jeux vidéo sont un prolongement de l’humain, et dans Spider, nous plongeons dans l’univers mental d’un schizophrène. Deux polars, moins cinglés mais tout aussi spectaculaires que le reste de la production, complète ce festival. Dans History of Violence, un tragique fait divers fait resurgir les fantômes d’un passé que le bon père de famille Viggo Mortensen voulait oublier. Le même Viggo interprète un mystérieux et inquiétant maffieux russe dans Les Promesses de l’Ombre. Devenu l’acteur fétiche de Cronenberg, il sera le Docteur Freud dans A Dangerous Method (sorti le 21 décembre).

Cronenberg et Herzog, notre autre vedette de la semaine, ont la folie en commun. Mais, si chez le premier elle s’exprime dans le corps, c’est dans les actes qu’elle prend son ampleur chez Herzog. A l’image du regard fou de Kinski en Aguirre ou en Nosferatu, ou bien encore des hallucinations alcoolisées de Nicolas Cage en Bad Lieutenant. Dans ses documentaires aussi, Herzog va chercher les personnalités délirantes : dans Grizzly Man, ce sont des fanas de grands ours, et dans Echos d’un sombre empire – Bokassa 1er, un dictateur baroque et sanguinaire. Pour son dernier film, Herzog a quitté ce monde fou pour la poésie du passé. Dans La Grotte des Rêves Perdus, il filme des sublimes peintures vieilles de 33000 ans. Tourné en 3D dans la célèbre cavité ardéchoise, La Grotte des Rêves Perdus est un magnifique hommage aux artistes préhistoriques.

Pour compléter ce programme, quelques succès de nos précédentes programmations tiennent encore l’affiche. A commencer par Moby Dick, la baleine traquée par le Capitaine Achab. John Huston réussit, en adaptant le roman de Melville, à fabriquer un film spectaculaire comme Hollywood les aime, et pourtant très personnel. Toujours visibles aussi Un Eté Brûlant romain de Philippe Garrel et le Deep End londonnien de Skolimowski.

Pour terminer, deux grands classiques à montrer au jeune public. D’abord La Mort aux Trousses, de Hitchcock, projeté jeudi à 14h, et Les Quatre Cents Coups, le premier grand coup de Truffaut que propose l’Enfance de l’Art, samedi à 16h et dimanche à 14h.
Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action