Nouvelle nouvelle vague
Chères spectatrices, chers spectateurs,
La nouveauté de la semaine, c’est Nouvelle Vague, le dernier film de Richard Linklater qui fait revivre l’épopée du tournant des années 1960 où une bande de jeunes critiques réinventait le cinéma. Cette sortie suit celles des nombreuses et prestigieuses exclusivités que vous retrouverez en fin de lettre et n’obère en rien notre offre de ciné-clubs, qui s’étoffe même de deux nouveaux arrivants. Voyons ça en détail.
On commence fraîchement la semaine mercredi à 20h avec une balade vers les Glaciers d’Arctique, état des lieux, précédé d’une impressionnante et inquiétante plongée sous la glace. Pour accompagner la sortie de ce documentaire et réchauffer la soirée, son réalisateur, Pierre Dugowson, débattra avec Heïdi Sevestre, passionnante glaciologue lanceuse d’alerte, qui enseigne au Centre universitaire du Svalbard, en Norvège.
Changement d’ambiance et de climat vendredi à 20h pour Les Rendez-vous du cinéma grec. Une projection Sous tension (Wishbone) puisque Penny Panayotopoulou nous entraîne dans la déliquescence d’un hôpital grec, où un agent monte une sale combine.
Samedi à 19h, des universitaires féministes nous proposent un regard sur la ruralité et l’écriture à travers deux films : Archéologie de la lumière, de Sylvain L’Espérance, et Mills of time, de Pauline Rigal, qui restera pour débattre avec Olga Kobryn, enseignante-chercheuse. Cet évènement est co-organisé par William Coatanea, membre de notre équipe et doctorant en cinéma.
Dimanche à 10h30, nous accueillons CinéDIALOGUE, un nouveau ciné-club mené par un collectif qui promeut la médiation et la justice restaurative. Pour illustrer son point de vue lors de sa première, CinéDIALOGUE nous propose Les Musiciens, où Grégory Magne filme des violonistes qui peinent à s’accorder. Médiateur et formateur, Jacques Salzer échangera avec d’autres membres de l’association et le public sur la façon de mener une réflexion qui apaise les tensions.
Le dimanche sera chargé puisque suivront à 11h30 le GrecDoc avec la projection-débat du Deuil et la justice, où Myrto Patsalidou et Maria Louka se penchent sur les ravages de l’extrême droite en Grèce, et à 16h30 un Ciné-club des Ecoles dont le metteur en scène Jérôme Deschamps sera le prestigieux invité pour parler de Playtime, de Jacques Tati. Grand fan de Monsieur Hulot, Jérôme a nommé sa société de production les Films de Mon Oncle.
Lundi à 19h30, Yves Jeuland, auteur du très remarqué documentaire Charlie Chaplin, le génie de la liberté, a logiquement choisi Les Lumières de la ville pour son Directors’ Club. Lors du débat à suivre, animé par Laurent Larivière, Yves nous racontera sa passion pour l’immense Charlie Chaplin.
Mardi à 20h, le premier des Ramy Ciné-club bouclera la semaine avec Le salaire de la peur, mythique film d’Henri-Georges Clouzot. Mené par Ramy et Kika, deux jeunes cinéphiles bondissants et connectés, ce nouveau rendez-vous promeut le cinéma de répertoire et anime le débat qui suit avec humour et dynamisme.
Richard Linklater est vraiment un drôle de cinéaste. D’abord il est exploitant (2 salles à Austin, Texas) et, au-delà de sa régularité quasi-métronomique (un film par an), il aime s’attaquer à des projets bizarres, tel Boyhood, tourné sur douze ans, qui le révéla en 2014. Sa cuvée 2025 s’intitule Nouvelle Vague, hommage, dans un noir et blanc soigné, à cet âge d’or du cinéma d’auteur, où Godard était le dernier de la bande « des Cahiers » (du cinéma) à ne pas avoir tourné son film. Nouvelle Vague restitue cette époque et le tournage d’A Bout de Souffle. Entre rédaction du magazine et décors naturels, le film nous emmène dans le petit monde de ces révolutionnaires du cinéma, qui étaient aussi de sacrés blagueurs. Malin et charmant, Nouvelle Vague, faux making-off et vraie comédie, se joue des codes avec une clique d’actrices et d’acteurs formidables. Notons que Linklater ne parle pas français… ce qui constitue une autre bizarrerie. « Moteur Raoul ! ».
Tout le monde dit du bien d’Une Bataille après l’autre, de Paul Thomas Anderson, et s’esbaudit de l’explosivité de Oui, de Nadav Lapid. Mais n’oublions pas la petite musique indé d’Invention, de Courtney Stephens, qui recycle les images familiales de son actrice (Callie Hernandez, du coup co-réalisatrice). Plein d’autres films affichés plus bas et le dernier mot pour l’Enfance de l’Art. Dimanche à 14h, on verra Le Garçon et le héron, d’Hayao Miyazaki.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action