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L'Édito

Une mouche et des rendez-vous.

L'Édito

Une mouche et des rendez-vous.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Cronenberg fait d’une simple mouche un objet de terreur. En s’introduisant dans le télétransportateur d’un physicien surdoué, La Mouche va le transformer en monstre. Si la ressortie sur copie neuve de ce déjà classique fantastique signé David Cronenberg – à qui nous consacrons aussi une rétrospective – est la vedette de cette semaine, La Mouche partage le haut de l’affiche avec deux événements. Le premier est également scientifique, puisque L’IINSERM fait son Cinéma sur les maladies rares avec La Permission de Minuit, de Delphine Gleize. Nous devons le second au Ciné-Club Positif qui, en présence de la critique Dominique Martinez, nous propose Hunger, de Steve Mac Queen ; un jeune réalisateur britannique à ne pas confondre avec l’acteur américain mort.

L’ombre inquiétante et talentueuse de David Cronenberg plane sur le Grand Action. Voletant au dessus des 6 opus de sa rétrospective, La Mouche est un pur film de terreur. Le pauvre Jeff Goldblum, une sorte de savant fou comme les aime le cinéma fantastique, mais en version sympathique, s’y métamorphose, gentiment mais sûrement, en diptère. Brrrrrr. La faute à un insecte intrus qui s’est immiscé dans son expérience. A défaut de révolutionner le monde, comme c’était prévu, elle va bouleverser la vie du savant. Si le film fonctionne aussi bien et inspire autant de peur, c’est en partie grâce aux effets spéciaux. D’ailleurs, outre ses prix aux festivals fantastiques d’Avoriaz et de Porto, La Mouche obtint l’Oscar du Maquillage en 1987, récompensant l’œuvre de Chris Walas et Stéphan Dupuis. Ils ont su mettre leur talent au service de l’obsession cronenberguienne de l’humain différent. Si, dans La Mouche, il s’agit de métamorphose entomologiste, le cinéma de Cronenberg explorera bien d’autres expérimentations sur le corps, notamment lors de ses débuts. Mais, dans eXistenZ aussi, l’homme est prolongé par une nouvelle interface biologique avec la machine. Notre cycle Cronenberg propose plusieurs facettes de ce cinéaste étrange, qui filme l’étrange. Ainsi, Faux Semblant, où deux jumeaux, interprétés par Jeremy Irons, partagent tout, M. Butterfly, où un homme tombe amoureux d’une femme, mais ce n’est évidemment pas aussi simple, ou bien encore Spider, dans lequel le monde est vu par un schizophrène. Le formidable Viggo Mortensen, devenu acteur fétiche du réalisateur, complète le programme en deux thrillers mortels. Dans le premier, History of Violence, il est un bon père de famille rattrapé par son passé de tueur, et il incarne un trouble et troublant maffieux russe dans Les Promesses de l’Ombre.

Delphine Gleize sera sans doute ravie d’être rapprochée de Cronenberg, car elle aussi filme l’étrange. Dans La permission de Minuit, c’est la drôle d’histoire d’amitié entre un dermato (le toujours impeccable Vincent Lindon) et son jeune patient allergique à la lumière : un « enfant de la lune ». Jeudi à 20h, l’Inserm fera son Cinéma autour de ce film touchant et de la maladie rare qu’il évoque. Pour en parler après la projection, un plateau de choix : la réalisatrice du film, Delphine Gleize, Ségolène Aymé, directrice de recherche Inserm, Orphanet – maladies rares, Françoise Séris, Présidente de l’association « Les Enfants de la lune », et les Professeurs Nadem Soufir, dermatologue à l’hôpital Bichat, et Alain Sarasin, directeur de recherche CNRS. L’entrée est libre, c’est L’INSERM qui vous invite.

Tout autre registre mardi 13, toujours à 20h, pour le Ciné-Club Positif du mois. La revue a choisi de mettre en avant Hunger, de Steve McQueen, film dur et sans concession, très remarqué au Festival de Cannes en 2008. S’inspirant de faits réels – et notamment de Bobby Sands, magnifiquement incarné par Michael Fassbender – il évoque le cauchemar des prisonniers de l’IRA et leurs mouvements de protestation dans les geôles britanniques au début des années 80. Dominique Martinez, rédactrice de Positif, animera le débat. Il sera sans doute question du jeune cinéma anglais, dont McQueen est un élément prometteur, et sans doute aussi de l’histoire récente et violente de l’Irlande libre.

Increvables et toujours plébiscités par les spectateurs, Un Eté Brûlant, de Garrel, et Deep End, de Skolimowski, répondent présents. Tout comme l’Enfance de l’Art qui, dimanche à 14h, nous embarque dans la mythologie avec Jason et les Argonautes, de Don Chaffey.
Belle semaine.