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L'Édito

Semaine Allen.

L'Édito

Semaine Allen.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le toujours excellent Woody est incontestablement la star de la semaine avec son délicieux Midnight in Paris, et le Ciné-Club Positif que la revue lui consacre mardi 31 à 20h, lors de la projection de Hollywood Ending. Le reste de notre programme chante Paris, avec un festival d’accompagnement du dernier Woody Allen, et les louanges de nos précédentes semaines : le courage du Marshal Cogburn de True Grit des Coen, le sublime et effrayant cauchemar de La Nuit du Chasseur, de Charles Laughton, et la noirceur écrasée de soleil de la Piscine, de Jacques Deray (en copie numérique).

Ce qui est merveilleux avec Woody Allen, c’est sa faculté d’invention. De film en film – et il en tourne beaucoup -, il n’a de cesse de surprendre, de s’approprier les genres, de nous faire partager ses doutes, ses craintes, ses fantasmes, ses fantaisies et ses nombreuses névroses, le tout sans se départir de son humour. Car Woody Allen est aussi un intellectuel. Un intellectuel farceur certes, mais c’est un cinéaste qui s’interroge, qui interroge le public, et qui interroge le cinéma. C’est en se regardant le nombril que Woody Allen imagine des films universels. Ainsi, dans Hollywood Ending, il incarne Val Waxman, une ex-gloire de la réalisation reconvertie en faiseur de pubs. La chance résonne à sa porte via son ex-femme qui lui propose de diriger une énorme production. Mais Max panique, somatise et, terrassé par le trac, perd la vue au début du tournage. Le personnage de l’aveugle, paroxysme de l’anticinématographie, est un excellent vecteur de gags. Woody les fera à peu près tous, avec brio. Mais la réflexion va bien au delà, quand celui qui dirige le regard des autres (c’est le métier de réalisateur, non ?), ne voit plus rien.

Woody Allen est un cinéaste libre. Cette liberté, il l’a gagné par son talent, et elle lui donne tous les droits. Tant mieux pour nous. Dans Midnight in Paris, il suit les vacances parisiennes d’un jeune homme, scénariste insatisfait, et de sa promise, charmante mais plutôt superficielle. Sous les ors du Bristol, où les parents de la fille ont invité les tourtereaux, alors que la demoiselle shoppe avec son insupportable mère, le fiancé rêve d’un Paris perdu qui – allez savoir ? – existe toujours pour qui sait le voir… Cette fantaisie brillante comme une comédie de Shakespeare est un hommage à la ville lumière, à l’intelligence, à l’amour, à la culture. C’est un délicieux détour romantique, aussi inventif que Zelig ou La Rose Pourpre du Caire, avec un « Switch » réjouissant. Woody aime la France (et réciproquement) et de nombreuses stars hexagonales illuminent l’écran, à commencer par le chef opérateur Darius Khondji. Il éclaire Marion Cotillard, Léa Seydoux et Gad Elmaleh, dans une savoureuse apparition. Signalons également celle d’Adrien Brody, génial.
Pour accompagner la visite de notre ville que nous propose Woody Allen, en voici sept autres, dans un festival éclectique et parisien. Hou Hsiao Hsien relie le Voyage du Ballon Rouge, inventé par Albert Lamorisse. Dans Paris Vu Par… la Nouvelle Vague nous entraine dans le Paris des années 60, que Stanley Donen et Billy Wilder voient à travers des yeux américains dans, respectivement, Charade et Ariane. Si Huston nous emmène à la belle époque du Moulin Rouge, Cédric Klapisch donne une contemporaine dans ParisLe Dernier Tango à Paris, film culte et scandale de Bertolucci, complète ce programme.

Dernières lignes pour l’Enfance de l’Art qui nous propose un chef d’œuvre pétillant de Capra : Vous ne l’Emporterez pas avec Vous.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Actio