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L'Édito

Propre, facile, sans danger.

L'Édito

Propre, facile, sans danger.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Si notre titre s’amuse de celui de Dirty, Difficult, Dangerous, l’étonnant nouveau film de Wissam Charaf qu’il est venu nous présenter, il va à l’encontre de la tonalité de notre programme. Pas très propre, la manipulation médiatique du Gouffre aux chimères qu’a choisi le Club Positif de mardi 2 mai, difficile la vie de la jeunesse coréenne que nous montre About Kim Sohee, et carrément dangereux le monde que dépeint la Rétrospective John Carpenter. Cette semaine calme en événements laisse de la place au Cycle Kelly Reichardt (avant la sortie mercredi prochain de son dernier né, Showing Up) et à tous nos anciens succès, affichés en fin de lettre. Prenez donc le temps de venir voir ceux que vous avez ratés. 

Avant de rencontrer le scénariste I.A.L. Diamond et de devenir le grand maître de la comédie américaine des années 50 et 60, Billy Wilder réalisa son film préféré, Le Gouffre aux Chimères, où un journaliste cynique (Kirk Douglas) instrumentalise une tragédie pour faire dangereusement mousser les médias. Déjà… Frédéric Mercier et Yann Tobin, deux plumes de la revue, viendront commenter ce film lors du Club Positif de mardi 2 mai à 20h.

Mehdia (Clara Couturet) et Ahmed (Ziad Jallad) sont jeunes, beaux et  amoureux. Mais peut-on être heureux au Liban aujourd’hui quand on est une immigrée éthiopienne au service d’un homme sénile et violent, ou un réfugié syrien traumatisé par trop de métal ? Né à Beyrouth, Wissam Charaf a appris à tenir une caméra en filmant la guerre pour Arte. Depuis une vingtaine d’années, il est passé à la fiction et Dirty, Difficult, Dangerous est son deuxième long-métrage. A travers l’histoire d’amour de ces deux héros, émouvants de douceur dans la brutalité du monde qui les entoure et les entrave, c’est aussi le déchirement de l’exil, l’exploitation de la misère, et la dureté des hommes que Charaf décrit. Mais il s’y attaque à travers une fable, s’autorise une parenthèse enchantée dans un hôtel de luxe, et matérialise la douleur par l’étrange maladie d’Ahmed, qui se transforme en homme de fer. En imposant un rythme très particulier à son récit, où le silence est parfois plus éloquent que les mots, le réalisateur fait éclore un couple qui s’inscrit dans la longue liste des fugitifs de l’amour. Ils l’ont trouvé, certes, mais trouveront-ils la paix ? Dans leur univers Dirty, Difficult, Dangerous, leur romance est une bouffée d’espoir à la tonalité singulière. 

Deux cycles vous proposent de réviser la filmographie de deux cinéastes que tout oppose, sauf le talent et l’indépendance. A ma droite, la Rétrospective John Carpenter inclut le premier long-métrage de ce maître du fantastique (Dark Star, 1974), et 4 autres films où il « a injecté une bonne partie de (ses) peurs ». A ma gauche, un Cycle Kelly Reichardt avec l’intégralité de sa production (sauf les courts-métrages), soit 7 longs, réalisés depuis 1994, en attendant le prochain, Showing Up, qui sort dans une semaine, et que certains d’entre vous ont découvert en sa présence. 

Pour le reste, on poursuit avec les films qui se sont imposés ces derniers mois. Ne ratez pas About Kim Sohee, où July Jung nous montre qu’il n’est pas forcément plus facile d’être jeune en Corée qu’au Liban, ni Eternal Daughter, où Joanna Hogg filme une schizophrénique relation mère-fille, ni Toute la Beauté et le Sang versé, formidable documentaire de Laura Poitras sur les combats de Nan Goldin.

Plein d’autres beaux films et documentaires à voir, et on conclut avec les trois séances de L’Enfance de l’Art.  Mercredi 10h30, initiation au cinéma dès 3 ans avec A Deux, c’est mieux ! ; jeudi même heure, sensibilisation écologique du même public sur Ma Petite planète chérie, et dimanche à 14h, La Guerre des boutons, premier chef d’œuvre d’Yves Robert en 1962.  Les trois séances seront bien sûr présentées par Diane, responsable de l’accueil du jeune public.

Belle semaine. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action