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L'Édito

Plein d’histoires.

L'Édito

Plein d’histoires.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Comme le disait Jean Gabin, « pour faire un bon film, il faut trois choses : une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire. » Il aurait pu ne le dire qu’une seule fois, mais c’est loin d’être faux. Et des histoires, nous vous servons d’excellentes cette semaine. Histoire de manipulations écologiques dans Promised Land, dernier film de Gus Van Sant, histoire de crime féminin dans Passion de De Palma, histoire de liberté radicale dans Django Unchained de Tarantino, histoire de gangsters girly dans Spring Breakers d’Harmony Korine, histoire soviétique subversive dans Khroustaliov, ma voiture ! d’Alexeï Guerman, histoire de taulards shakespeariens dans César doit Mourir des Frères Taviani, histoires terrifiante dans notre Cycle John Carpenter, et histoire de vengeance dans Shotgun Stories.

C’est ce dernier, qui est aussi le premier long-métrage de Jeff Nichols, que nous propose le Ciné-Club Positif de mardi 7. Nichols, promis au triomphe dans Mud, a débuté sa jeune carrière de réalisateur en 2007 avec ce Shotgun Stories. Il n’avait alors que 29 ans et 6 courts-métrages au compteur, mais frappait fort pour son entrée dans la cour des grands. Shotgun Stories est un pur drame familial, avec quelque chose de shakespearien. Un père, qui avait abandonné sa première famille pour en construire une nouvelle, meurt. Dès le paternel mis en terre, les rancœurs vont éclater et se transformer en conflit ouvert entre les deux demi-fratries. Ce que Nichols veut ici montrer avec une grande maturité, c’est l’ineptie de la vengeance, qui ne peut déboucher que sur une spirale absurde de la violence. Nul doute que, lors du débat qui suivra la projection de mardi à 20h, Nicolas Bauche, rédacteur chez Positif, nous en dira plus et nous éclairera sur la carrière de ce Nichols qui, à 34 ans, est déjà un cinéaste majeur.

L’autre vedette de la semaine est évidemment Promised Land, la dernière réalisation de Gus Van Sant, sur un scénario de Matt Damon et John Krasinski, tous deux à l’écran. Bien que porté par les coups tordus d’une multinationale de l’énergie qui veut mettre la main sur le sous-sol possiblement riche en gaz de schiste d’une communauté rurale de l’Amérique profonde ravagée par la crise, Promised Land est un film d’une grande fluidité. Gus Van Sant laisse glisser sa caméra sur ses paysages promis à la mort et, avec la même apparente simplicité, il dépeint des personnages qui possèdent un double fond que l’enjeu fera éclater, pour le meilleur ou pour le pire. Comme Matt Damon qui, dans la première scène, se lave le visage pour se purifier des compromissions à venir, chacun devra faire le ménage chez lui, et prendre les bonnes décisions le moment venu. Alors plongez avec lui dans le portrait d’une certaine Amérique qui a la ruine en ligne de mire, les bières du bar local pour seule distraction, et l’amour de la terre comme seule force.

Egalement au programme, les frissons de notre cycle John Carpenter. Formé par les classiques de la SF des années 50, l’efficacité d’Howard Hawks et la rigueur des cadres de John Ford, Carpenter commence à réaliser des courts-métrages au collège, puis décroche un diplôme de cinéma en Californie. Malgré un film de fin d’étude remarqué, il est d’abord scénariste avant de pouvoir passer à la réalisation, d’abord avec un western (Assault), puis par un hommage à Hitchcock (Halloween) qui, en faisant éclater son incroyable talent pour terrifier le spectateur, le propulse vers le succès. Il enchaîne alors des films fantastiques, à tous les sens du terme. Fog, où un épais brouillard rend toutes choses menaçantes, Christine, une voiture maléfique qui tue ses passagers, Starman, un extraterrestre qui se glisse dans la peau d’un bon mari, le Prince des Ténèbres, où rôde le diable, Le Village des Damnés, où le danger vient des enfants, l’Antre de la Folie, une plongée dans le cortex et l’univers d’un romancier dérangé, Los Angeles 2013, devenu une prison explosive, et Ghosts of Mars, planète hantée.

Dernière ligne pour l’Enfance de l’Art et sa séance de dimanche à 14h de Kirikou et les Hommes et les Femmes, délicieux dessin animé africain de Michel Ocelot.
Très bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action