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L'Édito

Palme beach.

L'Édito

Palme beach.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Il est, dans le sud de la France, une plage qui fait rêver le cinéma. Chaque année, le ban et l’arrière ban du petit monde du grand écran se retrouve à Cannes, pour le plus célèbre des festivals de cinéma. L’on y fait des affaires et la fête, l’on s’y montre, et l’on y décerne des prix, dont les fameuses palmes.
Le Grand Action poursuit son Cycle d’Or, avec une rétrospective non exhaustive des palmés cannois, marquée cette semaine par l’arrivée de deux nouveaux films primés. Le premier, c’est Barton Fink, des frères Coen, l’un des films les plus titrés de l’histoire cannoise. En effet, outre la Palme d’Or de 1991, Barton décrocha le prix du meilleur réalisateur (pour Joel) et le prix d’interprétation pour John Turturro, acteur fétiche des Coen, et effectivement bluffant dans le film. Il y interprète le rôle titre, un auteur qui, suite au succès de son roman, se voit proposer l’écriture d’un scénario pour la machine hollywoodienne. Entre doute, hallucinations et interlocuteurs cinglés, le pauvre Barton sombre.
Le second nouveau film, qui nous vient de Roumanie, obtint la distinction suprême en 2007. En 4 Mois, 3 Semaines et 2 jours, Cristian Mungiu nous raconte l’histoire de l’avortement d’une jeune fille sous le règne ubuesque de Ceausescu, progressiste et visionnaire homme d’état qui avait interdit l’IVG pour préserver le formidable essor économique de son pays. Filmé en longs plans séquences secs et justes, 4-3-2, comme l’appelle les cinéphiles, est une plongée dans un cauchemar totalitaire, vue par les yeux d’une jeune fille dépassée par les événements et la politique.
Outre ces deux films là, vous retrouverez sur nos écrans Dancer in the Dark, drame social et comédie musicale « différente », où l’iconoclaste Lars Von Trier fait tourner deux stars mondiales : Björk et notre Catherine Deneuve nationale. Egalement à l’affiche du Cycle d’Or, la guerre en ex-Yougoslavie, version délirante, tzigane et Underground d’Emir Kusturica, le passage d’un monde à l’autre, respectivement incarné par Alain Delon et Burt Lancaster dans le Guépard, de Luchino Visconti, et grandeur et naufrage, insouciance et vacuité, de la Dolce Vita romaine, dans laquelle Fellini nous guidait en 1960. Séance de rattrapage avec la Palme de 2009, le Ruban Blanc, sombre fable germanique, où Michael Haneke dissèque la manière insidieuse dont le nazisme fait son lit dans la campagne allemande de l’entre-deux-guerres. Plus lumineux, le drame intime et chanté de Jacques Demy, les Parapluies de Cherbourg (déjà avec Deneuve), et M.A.S.H., un « film sanglant d’où jaillit le rire » comme le promettait l’affiche, farce délirante où Robert Altman imagine un hôpital militaire de campagne, et qui demeure l’une des rares comédies palmées à Cannes. Car si l’on s’amuse beaucoup lors de ce festival, on n’y rigole peu devant l’écran. D’ailleurs l’Homme de Fer, où Andrzej Wajda revient avec rigueur sur la révolution polonaise de Gdansk, et Taxi Driver, où Martin Scorsese filme l’errance et la quête de rédemption d’un vétéran du Viet Nam au volant d’un taxi jaune, prêtent plus à réfléchir et à frémir qu’à rire. Blow Up, d’Antonioni, n’est pas non plus une comédie, mais une vision du swinging London et l’un des films plastiquement les plus bluffants de l’histoire du cinéma. Quant à Rome Ville Ouverte, superbe manifeste du néo-réalisme italien signé Roberto Rossellini, si, à un moment vous souriez, c’est que vous vous êtes pincé.

Hormis cette sélection cannoise, deux autres films seront projetés ce week-end. Shutter Island d’abord, le dernier opus de Scorsese, adapté d’un roman torve de Dennis Lehane, où deux marshals, embringués dans une enquête sur une île-prison psychiatrique, n’en sortiront pas indemnes. Et puis, il y a l’Enfance de l’Art qui a eu la bonne idée de proposer au jeune public de découvrir Tarzan l’Homme Singe, version année 30 de W. S. Van Dyke. Un chef d’œuvre politiquement incorrect.

Dans quelques semaines (du 24 au 27 juin), nous vous donnerons rendez-vous pour le Sexy International Paris Film Festival que nous accueillerons dans nos salles. Mais avant, il y aura la semaine prochaine d’autres rendez-vous. On en reparle dans notre prochain courrier, mais retenez déjà votre soirée du jeudi 10 juin, pour la projection du Premier Cri. Ce documentaire sur la naissance, réalisé par Gilles de Maistre et proposé par l’INSERM (Institut de la Recherche Médicale), sera suivi d’un débat sur les lois et les mystères de l’accouchement.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action