Scroll down
L'Édito

Mensonges de famille et crimes d’état.

L'Édito

Mensonges de famille et crimes d’état.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Avec les deux parties de notre titre, on couvre un certain nombre de productions cinématographiques. On sait que la famille est l’épicentre de tous les secrets, et que les abus de pouvoir offrent un excellent sujet aux cinéastes engagés. Dans La Mère de tous les mensonges, Asmae El Moudir balaye ces deux champs dans un incroyable documentaire intime et politique. Outre cette sortie qui donne lieu à plusieurs débats, trois de nos rituels ciné-clubs animent cette semaine. Evidemment, nos exclusivités du moment gardent l’affiche : Il fait nuit en Amérique, passionnant documentaire expérimental et écolo, Sans jamais nous connaître, émouvante histoire d’amour gay et de fantômes tristes, La Zone d’intérêt, May December, plus quelques autres qui résistent à l’usure du temps. 

Ouvrons avec les événements, inaugurés par le Ciné-club AFSI de jeudi 20h. Nous verrons La Rivière, beau doc naturel de Dominique Marchais, avec deux professionnels : Mikaël Kandelman, ingénieur du son et monteur son, et Romain Ozanne, mixeur.

Samedi à 20h, place à Image & Parole. Outre l’animation de la projection-débat de Clementina, de Constanza Feldman et Agustín Mendilaharzu (en présence de ce dernier et avec Laura Citarella et Laura Paredes, Carlos Tello annoncera le programme de la seconde édition de CLaP, son festival latino-américain qui se tiendra en avril.  

Dimanche à 16h, nous aurons une séance grand format du Ciné-club des Ecoles avec Il était une fois en Amérique director’s cut, soit plus de quatre heures magiques de Sergio Leone. 

Pour son premier film, La Mère de tous les mensonges, Asmae El Moudir nous ébloui. Avec l’aide de son père, elle a construit un décor de son quartier de Casablanca, et y fait vivre sa famille en figurines, dont son incroyable grand-mère, personnage tutélaire qui impose sa loi et son silence. Mais la tyrannique mamie refuse des secrets qui dépassent le cadre de l’intime. En créant son petit théâtre, la réalisatrice fait surgir d’autres traumatismes, et d’abord un crime d’état. En juin 1981, la police marocaine a réprimé dans le sang les « émeutes de la faim » qui agitaient le pays. La famille El Mounir a vécu ce drame dans sa chair, et va le conjurer dans une catharsis qui nous a fait penser à S21, la machine de mort khmère rouge, le film de Rithy Panh sur les exactions khmères. Bref, courrez rencontrer La Mère de tous les mensonges, et découvrir les délicats mouvements de caméra et la puissance du récit d’une réalisatrice prometteuse. Elle sera avec nous mercredi à 20h30, et d’autres séances donneront lieu à des débats : vendredi 20h avec la critique Nadia Meflah, samedi 17h45 avec Oumeima Nechi, de Courrier International, et mardi 20h avec Jean Stern, de la revue ORIENT XXI. 

N’oubliez pas nos autres films listés ci-dessous (dont une projection de L’Homme bicentenaire, de Chris Colombus, mardi 5 mars à 16h30) et dernières lignes pour l’Enfance de l’Art qui nous propose deux films d’animation. Mercredi à 14h30, ce sera Pingu, de Nick Herbert et dimanche à 14h Le Garçon et la bête, de Mamoru Hosoda. 

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action