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L'Édito

Les choses.

L'Édito

Les choses.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Non, ce n’est pas au formidable roman de Georges Pérec (Prix Renaudot 1965) auquel notre titre fait référence, mais à toutes ces choses extraordinaires que nous offre le cinéma. Par exemple, une chose cette semaine va nous terrifier : The Thing, film culte de John Carpenter qui revient sur les écrans pour la première fois depuis sa sortie en 1982 ! Autant dire que les cinéphiles de l’horreur frétillent. Ceux qui aiment les choses plus sensibles viendront mardi 20h pour l’avant-première proposée par le Ciné-Club Louis Lumière. Ils découvriront Le Sentiment de l’Eté, très délicat film de Mikhaël Hers, en présence du chef-opérateur Sébastien Buchmann. Par ailleurs, vous retrouverez, pour la dernière semaine, nos films qui ont fait la joie des précédentes, et dont on reparle en fin de lettre.

Jeune réalisateur formé à la Femis, Mickaël Hers en est à son deuxième long-métrage. Après avoir reçu un certain nombre de prix pour ses courts, il sortait le remarqué Memory Lane, librement adapté de Patrick Modiano, en 2010. Il revient aujourd’hui avec Le Sentiment de l’Eté, qui sortira le 17 février. Sébastien Buckmann, chef-opérateur de cette tendre histoire de deuil, qui a aussi éclairé les films de Valérie Donzelli, sera dans la salle mardi soir. Il nous présentera ce sentiment et débattra, avant de nous accompagner au Grand Bar pour le rituel cocktail. L’occasion, avec cette avant-première du Ciné-Club Louis Lumière, de découvrir le cinéma français de demain, à qui l’on promet un brillant avenir.

L’avenir n’est en revanche pas radieux à la station polaire où l’on découvre une étrange créature endormie sous la glace depuis 100 000 ans. Car la bête n’est pas une belle au bois dormant, mais un redoutable tueur que rien n’arrête. « There is something in the ice » lance l’opérateur radio. C’est The Thing, un effroyable prédateur parasite et protéiforme qui, dans le huis-clos de la station balayée par le blizzard, va semer la terreur. La terreur, l’horreur, sont les spécialités de John Carpenter. Pour ce fils de professeur de musique et lui-même musicien – il compose la plupart des BO de ses films, sauf celle de The Thing, signée Morricone, s’il vous plait -, on ne peut pas dire qu’elle ait adouci ses mœurs. Cinéphile fasciné par le fantastique ayant pour maître revendiqué le grand Hitchcock, il réalise très tôt de petits films pour effrayer ses amis. Carpenter passe à la vitesse supérieure à la fin des années 70 avec Halloween, puis FogNew-York 1997 (avec déjà Kurt Russel), et The Thing, qui sort en 1982.  Pas de chance, c’est en même temps que E.T., autant dire deux visions radicalement opposées du fantastique. L’adorable Extraterrestre écrase The Thing, qui ne rencontre ni son public, ni la critique. Il faut attendre l’avènement de la VHS pour que la Chose devienne culte, et terrorise à domicile des millions d’ados et de jeunes adultes des années 80. Grâce au distributeur Splendor Films, sur copie neuve, 34 ans après sa sortie et pour la première fois, revoici ce cauchemar sanglant sur grand écran. Un bonheur attendu, pervers et masochiste pour plusieurs générations, dont celle de Tarantino, qui n’a jamais caché sa fascination pour ce film, allant même jusqu’à ressusciter Morricone pour la musique de Hatefull 8. Les plus observateurs ne manqueront pas de remarquer d’autres hommages, plus ou moins conscientisés, à The Thing dans le dernier Tarantino.

Il ne vous reste que quelques jours pour aller voir nos films récents. The Big Short, d’abord, succès surprise de cet hiver signé Adam McKay, qui retrace avec humour, énergie, anticonformisme, sens du cinéma et pléiade de stars (Gosling, Pitt, Bale, Carell), la crise des subprimes. Dernière semaine également pour Joe Hill, de Bo Widerberg et Le Pont des Espions, le nouveau thriller à la Le Carré de Steven Spielberg, dont nous bouclons aussi le cycle. L’occasion de revoir DuelEmpire du SoleilA.ILes Dents de la Mer et Jurassic Park.

Balles neuves la semaine prochaine avec, bien sûr, The Thing, mais aussi Steve Jobs, incarné par Michael Fassbender dans le biopic de Dany Boyle, et un hommage organisé par Caméflex-AFC au chef-opérateur iranien Mahmoud Kalari.

On s’en reparle dans la prochaine lettre, et on conclue avec l’Enfance de l’Art et Phantom Boy, film d’animation d’Alain Gagnol et Jean-Loup qui mérite d’être vu.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action