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L'Édito

L’empreinte de Redford.

L'Édito

L’empreinte de Redford.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
The Great Gatsby, version 1974, est toujours à l’affiche, rejoint par un Cycle Robert Redford, qui célèbre le magnifique interprète du film de Jack Clayton. La seconde nouveauté de la semaine est un autre cycle, intitulé L’Empreinte du Territoire.  Un nom qui évoque le Grand Ouest et la vie sauvage, points de rencontre des 7 films qui composent le cycle. Tous seront précédés de la projection du court-métrage Suis-je le Gardien de Mon frère qui valut à Frédéric Farrucci, son réalisateur, le Prix Grand Action lors des Nuits Méditerranéennes de Corte.

Ce jeune réalisateur corse filme son île de beauté comme l’ouest américain : paysage sauvages, souvent désertiques et rocailleux, où les conflits se règlent les armes à la main. D’où l’idée d’organiser autour de la projection de son court film, une histoire de rivalité virile dans un village corse, un cycle pour célébrer les grands espaces. Au programme de cette semaine L’Empreinte du Territoire à tout seigneur tout honneur : deux excellents westerns de John Ford, La Prisonnière du désert et Les Cheyennes. On pourra aussi voir une lecture contemporaine des tueurs de l’ouest (épatant Javier Bardem) dans No Country for Old Men, des frères Coen, la sauvagerie rurale de Délivrance, où John Boorman transforme une partie de pèche en cauchemar, la sublime et mythique découverte du Nouveau monde par Terrence Mallick, le regard triste de James Stewart qui va devoir trouver L’Appât pour toucher la prime dans le film d’Antony Mann, et l’errance armée de Jeremiah Johnson, de Sydney Pollack, avec Robert Redford.

Tient ! En voilà un enchaînement qui coule de source, puisque c’est à ce même Robert Redford, inoubliable interprète de The Great Gatsby, que nous consacrons un Cycle. Né en 1936, il débute au théâtre à la fin des années 50, puis apparaît dans des séries télé avant de passer – ce qui était naturel à l’époque aux USA – au cinéma. Il y restera. Acteur d’une cinquantaine de films, dont certains très grands, il passe à la réalisation en 1980 et obtient l’Oscar pour son premier film (Ordinary People, que nous aurons le plaisir de vous présenter sur copie neuve à la rentrée). Le monsieur, charmant et toujours actif (il vient de réaliser Sous Surveillance), est aussi Président du Sundance Film Festival, piste d’envol du cinéma américain indépendant. Pour la première semaine du Cycle Robert Redford, nous avons retenu Les Trois jours du Condor, un film d’espionnage au scénario en béton armé dirigé par Sydney Pollack (encore lui) en 1975, Spy game, une autre affaire de barbouzes à la réalisation musclée par Tony Scott et où Brad Pitt partage l’affiche avec Robert. Nous le retrouverons en militaire condamné à la prison dans Le Dernier château, de Rod Lurie, en milliardaire concupiscent prêt à faire une Proposition indécente à Demi Moore, et en jeune premier de la politique dans Votez McKay, réalisé en 1972 par Michael Ritchie.

Evidemment, la meilleure façon de voir le beau Robert au temps de sa splendeur, c’est encore de prendre un billet pour The Great Gatsby. Pour son adaptation du célèbre roman de Fitzgerald, écrite par Francis Ford Coppola, Jack Clayton a créé un couple mythique comme le cinéma seul sait en inventer. Lorsque Redford, somptueux de classe et d’assurance fragile, se retrouve face à Mia Farrow, charmant papillon ballottée par le vent et les bulles de champagne, l’écran prend une nouvelle couleur ; celle de l’évidence, de l’amour, du possible. Pourtant, l’on sait que l’amour est évidemment impossible chez Fitzgerald et que le drame couve sous le plaqué du glamour. Ce Gatsby n’avait pas été projeté en salle depuis sa sortie en 1974. Et la nouvelle copie numérique restitue parfaitement le grain et le charme de la pellicule de l’époque. Un classique.

Entre ces rééditions de prestiges et ces nouveaux cycles, il reste un peu de place pour nos derniers films que vous auriez pu rater. Par exemple, Promised Land, film engagé sans en avoir l’air, écrit par ses deux interprètes (Matt Damon et John Krasinski) et réalisé par Gus Van Sant. Ou bien Passion, thriller vénéneux et féministe de De Palma, Django Unchained, western déjanté de Tarantino, Khroustaliov, ma voiture ! , film antisoviétique d’Alexeï Guerman, Spring Breakers, plongée trash dans la jeunesse américaine d’Harmony Korine, ou bien encore le plus qu’excellent César doit mourir des Frères Taviani.
L’Enfance de l’Art de dimanche la joue en relief avec L’Etrange créature du lac noir, un film en 3D dans son jus puisque réalisé par Jack Arnold en 1954.
Bonne semaine.


Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.