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L'Édito

L’argent, l’honneur et la loi.

L'Édito

L’argent, l’honneur et la loi.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Voici donc les trois motivations des poursuivants de Tom Chaney. Interprété par Josh Brolin, il est le méchant de True Grit, le nouveau film des frères Coen, dont notre cycle vous propose une partie de leur riche filmographie. Alternative 70’s à cette avalanche de Coen, l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, de Paul Newman, et Burt Lancaster, vedette du Swimmer qui revient nager sur nos écrans pour quelques séances.

Réunir des personnages que tout oppose est l’une des façons de réussir un film. De ce point de vue, True Grit est un modèle. Voici donc une jeune fille de 14 ans, solide et mûre, aînée de sa fratrie, née d’une mère dépassée (au point qu’on ne la verra jamais) et d’un père assassinée. Puisque le shérif local renonce à poursuivre son lâche meurtrier, l’adolescente prend les choses en main. Elle négocie l’héritage de son père, dort avec les morts pour s’en faire une idée, et engage un vieux marshal hâbleur, alcolo, borgne, mais fine gâchette, pour faire pendre le meurtrier. Un troisième larron, jeune Texas ranger, frimeur et un peu ridicule, qui poursuit « au nom de la loi » l’assassin, va se joindre à l’expédition. Si les personnages brillamment incarnés par (respectivement) la débutante Hailee Steinfeld, Jeff Bridges et Matt Damon œuvrent tous pour la justice, chacun y ajoute sa propre musique. Le sens de l’honneur et la vengeance font courir la jeune fille ; l’argent motive le vieux Marchal et le jeune Ranger, également soucieux que la loi du Texas soit appliquée. Au fil du temps, du voyage, des batailles, des disputes, des rencontres et des péripéties, les valeurs vont un peu bouger, et les personnages vont apprendre à avancer ensemble, et même un peu plus… Adapté d’un roman de Charles Portis et déjà porté à l’écran par Henry Hathaway avec John Wayne dans le rôle du Marshal, True Grit est un authentique western, le premier des Coen, ces géniaux touche-à-tout du cinéma américain. Mais, même authentique, on dirait presque classique, un film réalisé par les deux frères porte toujours leur signature : humour, beauté formelle, force des personnages et capacité à toujours surprendre le spectateur. Dimanche soir, les Oscar qui avaient nommé True Grit dans 10 catégories ne lui ont accordé aucun trophée. La concurrence était rude, et le Discours d’un Roi est un film beau et émouvant. Et puis True Grit (version Hathaway) avait valu à John Wayne le seul Oscar de sa carrière. Quant aux Coen, ils ont, à plusieurs reprises, été couronnés.
No Country For Old Men, par exemple, avait raflé les 3 principaux Oscar en 2008 (film, scénario, mise en scène), et Fargo, la figurine du scénario après le Prix de la Mise en Scène à Cannes. Prix que les frères ont aussi obtenu pour The Barber. Ces 3 films récompensés (ce ne sont pas les seuls) font partie du cycle que nous consacrons aux Coen. Vous pourrez aussi voir, entre leur premier long métrage, Sang Pour Sang, et leur avant-dernier (A Serious Man), les tribulations du Big Lebowski, avec Jeff Bridges, déjà, l’affrontement d’une Intolérable Cruauté entre Zeta-Jones et Clooney, le casse des Ladykillers, ainsi que trois comédies : la cavale en blues majeur de George Clooney (O’Brother), une d’espionnage (Burn After Reading) et une cinglée (Le Grand Saut).

Face à tous ces films siglés Coen, deux représentants du cinéma des années 70, où de grandes stars savaient aussi jouer à côté du système. Vedette devant l’écran, Paul Newman profita de la liberté que lui octroyait son statut pour réaliser librement ses films. Dans De l’influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites, son troisième, il ausculte avec finesse une famille de femmes fragiles. Burt Lancaster était aussi au fait de sa gloire quand il accepta d’incarner The Swimmer de Franck Perry. Burt casse son image en jouant cet homme portant beau qui tente de cacher au monde et à lui-même qu’il est en train de sombrer. Alors, il nage… Ce film étrange, que nous avons récemment projeté, est de retour au grand Action. Si vous l’avez raté, c’est votre chance.

Et c’est la chance du jeune public que l’Enfance de l’Art lui propose, semaine après semaine, de découvrir de beaux films. Dimanche, ce sera Kirikou et les Bêtes Sauvages, de Michel Ocelot et Bénédicte Galup.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action