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L'Édito

La Semaine la plus longue

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La Semaine la plus longue

Si notre titre détourne celui d’un grand film de guerre auquel Spike Lee fait référence dans Miracle à Santa Anna (toujours à l’affiche du Cycle Spike Lee qui accompagne son nouveau BlacKkKlansman et son fameux Do the Right Thing), c’est que la semaine qui commence s’annonce riche en événements. Son point d’orgue se tiendra dimanche avec la venue de Debra Granik, figure incontournable du ciné indépendant américain, qui nous présentera deux films, dont son dernier – Leave no trace – en avant-première. Avant, il y a mercredi qui verra la reprise du Ciné-club de la Chambre Noire avec Drum, de Keywan Karimi en sa présence et celle de Bamchade Pourvali, spécialiste du cinéma iranien. Et aussi vendredi avec, à 20h, la première de nos nouveaux rendez-vous du cinéma grec, inaugurés par La Pierre Triste, passionnant documentaire de Filippos Koutsaftis. Enfin, mardi 18, nous conclurons avec un Ciné-club Positif, où le journaliste Olivier Curchod nous chantera La Marseillaise de Jean Renoir. Pour parachever ce généreux programme, nous parions aussi sur la reprise du génial Casino, de Martin Scorsese, restauré et sur copie neuve. Faites vos jeux !

Jeune réalisatrice sur laquelle notre Michel Ciment préféré ne tarie pas d’éloge, Debra Granik trace une œuvre originale et forte, en s’éloignant de la narration cinématographique classique. De retour de Deauville, elle passera au Grand Action dimanche pour présenter deux de ses films. A 16h30, nous verrons en avant-première son dernier, Leave no trace, où elle suit le parcours de la jeune Tom, élevée en pleine nature par son père, mais que la société va vouloir sortir de la marginalité. Debra viendra ensuite débattre avec le public, puis introduira, à 19h30, Winter’s Bone. Réalisé en 2010, cette adaptation d’un roman de Daniel Woodrell, révèlera l’alors adolescente et débutante Jennifer Lawrence. Ce film, nommé ou récompensé dans de nombreux festivals, lança aussi la carrière de Debra qui, après deux documentaires, revient très fort avec Leave no trace, que nous sortirons mercredi 19.

Pour sa reprise, mercredi à 20h, le Ciné-club de la Chambre Noire s’est intéressé au cinéma iranien qui, malgré les difficultés politiques, persiste à produire des films passionnants. C’est ce que viendront nous confirmer Bamchade Pourvali et Keywan Karimi, avant et après la projection de Drum. Réalisé en 2016 par le second cité, cet étrange film en noir et blanc nous entraîne dans un Téhéran fantomatique, où un avocat reçoit un colis qui va bouleverser sa vie.

Organisé avec le Centre Culturel Hellénique, notre premier Rendez-vous du cinéma grec se tiendra vendredi à 20h. Pour inaugurer ce nouveau ciné-club, point de Zorba ni de Cyclades, mais une plongée dans la Grèce continentale d’hier et aujourd’hui. Dans La Pierre Triste, le documentariste Filippos Koutsaftis promène son regard à Eleusis, célèbre cité antique dédiée au culte de Déméter défigurée par l’industrie pétrochimique. Pourtant, en auscultant le site, en observant la ville et ses habitants pendant une dizaine d’années, le réalisateur a retrouvé l’essence et la mémoire enfouie de ce lieu autrefois sacré. Heureusement, il reste d’émouvantes traces de la Déesse des moissons, épargnées par la folie prométhéenne des hommes.

En 1937, Jean Renoir voulait célébrer le Front Populaire. Faute de pouvoir tourner la grande fresque de douze heures dont il rêvait, il se rabattit en évoquant la Révolution Française. Partiellement financé grâce à une souscription de la CGT, La Marseillaise, film engagé sur l’enthousiasme soulevé par la prise de la Bastille, fut attaqué par les journaux et factions d’extrême droite lors de sa sortie en 38. Soutenu par l’Humanité, le film fit une belle carrière en URSS, mais fut emporté par la guerre et l’histoire. Reconstitué par Jean Renoir lui-même dans les années 60, il est un beau témoignage d’une époque où l’on croyait encore au Grand Soir. Mardi en sera un, grâce au Ciné-club Positif animé par Olivier Curchod, après la projection à 20h de cette Marseillaise, et cocktail à suivre.

Vite-vite, évoquons la ressortie sur copie neuve de Casino, un grand cru où Scorsese réunit sa bande (DeNiro, Pesci, Stone…) pour un virtuose voyage dans le monde frelaté de Vegas – jeu, corruption, meurtres, addictions – et BlacKkKlansman, le grand retour Spike Lee, auteur d’un réjouissant polar militant où un flic Noir infiltre le Ku Klux Klan. Egalement à l’affiche, d’autres Lee (dont Do the Right Thing, Miracle à Santa Anna…), The Deer Hunter de Cimino et, bien sûr, l’Enfance de l’Art. Féérie des Contes de la nuit de Michel Ocelot mercredi à 14h30, et délirante Famille Adams de Barry Sonnenfeld dimanche à 14h.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.