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L'Édito

Incident de rentrée.

L'Édito

Incident de rentrée.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Il est du devoir d’un cinéma d’Art et d’Essai comme le Grand Action de sortir des sentiers battus et de proposer à son public des films oubliés ou méconnus. Ce fut le cas cet été avec Seconds – L’Opération Diabolique, cauchemar paranoïaque réalisé en 1966 par John Frankenheimer que nous vous présentons vendredi à 21h50.  Rebelote ce mercredi avec la réédition d’un autre ovni cinématographique né dans cette même Amérique, foisonnante et tourmentée, des années 60. L’Incident, film de Larry Peerce, est donc la vedette de la semaine, partageant l’affiche avec le musclé Die Hard (Piège de Cristal) de John McTiernan, et notre rituel rendez-vous avec Les Années 50 au Cinéma. Ce vendredi, Lise Brisson délicieuse spécialiste des costumes au Musée de la Mode quittera son Palais Galliera pour nous présenter Le Couturier de ses Dames, de Jean Boyer.

Le Couturier de ses Dames, c’est Fernandel, tailleur pour hommes, qui rêve d’habiller, voire de déshabiller, l’autre sexe. Il va en avoir l’opportunité, mais devra le cacher à Suzie Delair, son épouse jalouse. Si ce pétillant vaudeville de Jean Boyer nous permet de revoir le légendaire sourire solaire de Fernandel, il nous plonge aussi dans le monde des maisons de couture de l’après-guerre. Un aspect du film sur lequel Lise Brisson, Responsable des événements au Palais Galliera, ne manquera pas de nous apporter ses lumières lors de sa présentation d’avant la projection de vendredi à 20h.

Une jeune maman, son mari mesquin et leur petite fille endormie, un couple en crise, un vieux ménage usé, un garçon délicat, un homme seul, deux soldats bien sages, un clodo ivre-mort, un don juan et sa dernière conquête, un Noir revendicatif et sa compagne arrangeante se retrouvent dans une même rame de métro. La rame fonce dans la nuit new-yorkaise quand montent à son bord deux racailles, comme on dirait aujourd’hui, Martin Sheen dans sa première apparition à l’écran et l’inquiétant Tony Musante. Provocateurs, violents, dangereux, les deux voyous vont semer la terreur parmi les passagers, donnant à chacun le soin d’étaler sa faiblesse, sa veulerie et sa lâcheté. Voici donc L’Incident, un film oublié où Larry Peerce, un réalisateur qui alternera toute sa carrière télévision et cinéma, nous donne une vision noire de l’Amérique des 60’s dans un huis-clos métropolitain. Après avoir campé les protagonistes par de courtes séquences clés, il nous fait vivre L’Incident de l’intérieur, ne nous laissant pas plus d’échappatoire qu’à ses personnages. Il faut une grande virtuosité pour tenir la distance de ce drame. Peerce fait voler sa caméra, alternant plans subjectifs et cadres serrés pour exprimer la terreur des passagers. Nous devons la ressortie sur copie neuve de cette remarquable rareté anxiogène au distributeur Swashbuckler, que nous remercions ici.

Même s’il y a aussi unité de lieu dans Die Hard (Piège de Cristal), qui se déroule dans une tour prise en otage par de dangereux gangsters, le climat est moins pesant. La faute (ou grâce) à Bruce Willis, alias Lieutenant McClane, qui va faire preuve de beaucoup plus de détermination que les passagers de L’Incident pour régler les problèmes d’insécurité. L’excellent John McTiernan réalise là un film explosif, immense succès des années 80 qui, face à l’indigence des blockbusters actuels, fait preuve d’un humour viril et d’une grande intelligence dans la mise en scène. On ne va pas vous le vendre comme un drame intimiste bergmanien, mais nous vous garantissons deux heures de bon et loyal spectacle.

Non sans vous redire qu’il reste une séance de Seconds, terminons avec l’Enfance de l’Art. Elle porte bien son nom puisque ce dimanche, elle nous propose Au Revoir les Enfants, un film remarquable et déchirant où Louis Malle revit une scène bouleversante vécue pendant la guerre.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Actio