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L'Édito

Fin de cycle.

L'Édito

Fin de cycle.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Si Valmont va poursuivre sa carrière la semaine prochaine, tout comme Manchester by the SeaLovingCertaines Femmes et The Lost City of Z, les Cycles Kelly Reichardt et James Gray associés à ces deux derniers films vont nous quitter. Dépêchez-vous d’en profiter, avant la ressortie de Videodrome, premier succès majeur et plongée hallucinante dans l’œuvre de David Cronenberg. Nous y reviendrons la semaine prochaine et concentrons nous sur celle-ci, marquée par un Ciné-club Positif kiarostamien.

Mardi à 19h30, la meilleure revue de cinéma de l’univers (ce sont nos amis) nous convie, d’abord à venir boire une coupe de Champagne Veuve Cheurlin en dégustant une bouchée l’Intendance Suivra, puis à voir ou revoir Où est la maison de mon ami ? La recherche d’un camarade de classe conduit un écolier, menacé d’une lourde punition, à errer dans le village de Koker, confit dans les règles figées de la société iranienne et que l’on retrouvera dans deux autres films de l’auteur. C’est la fameuse trilogie de Koker, se situant entre fiction et réalité, dans laquelle le talent de Kiarostami est à son apogée. Le gamin (citons le : Babak Ahmadpoor) est formidable et la mise en scène de Abbas Kiarostami délicate et juste, comme à son habitude. Yann Tobin, l’une des belles plumes de Positif, nous présentera ce film de 1987, dont la subtile subversion échappa à la censure des Mollahs.

A la fin des années 80, Milos Forman et son scénariste Jean-Claude Carrière travaillaient sur une adaptation des Liaisons dangereuses, roman épistolaire écrit par Pierre Choderlos de Laclos en 1782. Mais Stephen Frears, qui œuvrait sur le même projet, fut plus rapide. Il sortit son film quelques mois avant celui de Forman et Carrière, ce qui acheva de les convaincre de s’éloigner du texte et de changer le titre. Ils choisirent de le nommer Valmont, du nom du personnage masculin qui se joue des femmes avec la complicité de l’une d’elle, la tortueuse Marquise de Merteuil. Le film s’affranchit aussi des concessions que Laclos avait dû consentir à la morale de l’époque pour faire converger tous les fils narratifs vers le Marquis de Valmont. Forman et Carrière tricotent un nouvel écheveau des passions et donnent une fin inédite à sa quête érotique et perverse. Contrairement au film de Frears, les rôles, à commencer par le marquis interprété par Colin Firth, formidable mais alors débutant, ne furent pas offerts à des têtes d’affiche. Cela contribua à donner plus de liberté libertine à Forman qui put réaliser son Valmont comme il l’entendait. Notamment en laissant son vieux complice Miroslav Ondricek modeler la lumière à sa guise. La copie somptueusement restaurée que nous avons la joie de projeter ravive la splendeur de ce film aussi magnifique que sulfureux. 

James Gray n’a pas 50 ans, mais il s’est déjà imposé comme un grand cinéaste, et ce n’est pas The Lost City of Z, son dernier opus, qui va démentir ce constat. Dans les trois films du cycle que nous lui consacrons (La Nuit nous appartientTwo loversThe Immigrant), il filme son New York natal à différentes époques et sous différents prismes. Dans The Lost City of Z, il le quitte pour le conquérant Empire Britannique victorien, en suivant l’expédition d’un Colonel ambitieux vers la vierge Amazonie. Le portrait de l’homme est aussi grandiose que les images de la forêt, et le tout compose 2h20 de cinéma épique et majestueux.

Outre Certain Women et le Cycle Kelly Reichardt déjà cités, signalons que Manchester by the Sea et Loving demeurent visibles cette semaine, avant, donc, la sortie de Videodrome mercredi prochain. Quant à l’Enfance de l’Art, elle poursuit avec Charlie et la chocolaterie, version 1971 de Mel Stuart et, vacances obligent, ajoute une séance jeudi matin. Ce sera Peter Pan, le génial Disney de Clyde Geronimi. ça donne des ailes !

Bonne semaine.s

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du