Scroll down
L'Édito

Du grit, du vrai.

L'Édito

Du grit, du vrai.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
« True Grit » : le vrai courage, le « cran ». Et le film en a lorsque les frères Coen sont à la caméra, pour leur premier vrai western qui sort ce mercredi. Très attendu, ce True Grit laisse un peu de place au Canardeur, dont c’est la dernière semaine au Grand Action, et à l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites.
Mais cette semaine, il y a aussi un Ciné-Club Louis Lumière, organisé par les diplômés de cette prestigieuse école de cinéma. Une fois par mois, ils nous invitent à une projection en présence de celui ou celle qui a réalisé la lumière du film. Mardi soir à 20h, la chef-opératrice Jeanne Lapoirie viendra présenter Independencia, de Raya Martin. Ce jeune et ambitieux cinéaste Philippin s’est attaqué à une trilogie historique de son pays. Independencia, le deuxième volume, raconte la fuite d’une femme et son fils lors de l’invasion américaine du début du XXe siècle. Cette production étrange et contemplative est filmée dans un noir et blanc délicat, où de longs plans fixes magnifiquement composés rendent hommage au début du cinéma. Dans cet exercice formel, le rôle du directeur de la photo est fondamental et Jeanne Lapoirie nous l’expliquera.

Si le True Grit est le cran, le mot « grit » désigne aussi un gravillon. Dans le dernier film des Coen, il prend la forme d’une toute jeune fille, la magnifique débutante Hailee Steinfeld, qui s’immisce dans les bottes de plusieurs durs à cuire du far west. D’abord le meurtrier de son père (Josh Brolin), que la gamine veut légitiment faire pendre. Pour l’amener à la potence, elle s’octroie les services d’un vieux marshal alcoolique (Jeff Bridges), et d’un ranger vénal (Matt Damon). Au delà de la traque, il y a dans cette confrontation entre l’adolescente et les briscards, une quête initiatique qui peut rappeler la Nuit du Chasseur. Les Coen évoquent aussi Huckleberry Finn, célèbre roman où Mark Twain raconte les aventures épiques du meilleur ami de Tom Sawyer. Quelles que puissent être les références, y compris celle de la première adaptation de la nouvelle de Charles Portis par Henri Hathaway, demeurent la science du récit des Coen, leur art du dialogue, leur maîtrise de la mise en scène et leur génie de l’improbable, tant dans les situations que les personnages. Et quel que soit le genre auquel ils s’attaquent, les deux frères ont toujours le chic pour y faire entrer leur petite musique, celle que l’on adore. Alors si True Grit est bien un western, avec ses paysages, ses légendes et même ses clichés, c’est d’abord un film des Coen. Le seizième, et l’un des meilleurs.

La salle Club se partage entre nos deux autres vedettes de la semaine. D’abord De l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites. Pour sa troisième réalisation en 1973, Paul Newman a filmé une famille. Décomposée et brinquebalante certes, puisque une mère assez larguée élève seule ses deux filles, mais combattante car elle se bat pour que la vie ressemble tout de même à quelque chose. Dans ce film juste et touchant, Newman a aussi filmé sa famille puisque sa femme et sa fille sont les interprètes principales de ces Marguerites. Et d’ailleurs avec succès puisque la première, Joanne Woodward, remporta la Palme Cannoise.

Dans un tout autre genre, il y a Le Canardeur, de Michael Cimino. Mais dépêchez-vous car la semaine prochaine Thunderbolt and Lightfoot (Clint Eastwood et Jeff Bridges) iront canarder ailleurs. Il ne vous reste que trois séances ce week-end, et ce serait dommage de rater ce film important des années 70, dont le titre français ne donne qu’une pale idée.

Dernière ligne, comme d’habitude, pour l’Enfance de l’Art qui nous invite pour Une Nuit à l’Opéra, de Sam Wood. Et une nuit à l’Opéra avec les Marx Brothers, c’est vraiment complètement cinglé.
Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action