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L'Édito

D’Est en Ouest.

L'Édito

D’Est en Ouest.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
A l’instar d’Andrei Konchalovsky, dont nous projetons le fameux Runaway Train, de nombreux cinéastes Russes, Polonais ou Tchèques ont fait le Mur pour trouver à l’Ouest la liberté (ou l’argent) qui leur manquait à l’Est. C’est ce que nous allons explorer dans notre nouveau cycle d’Est en Ouest. L’Homme qui en savait Trop, de Sir Alfred Hitchcock, le cycle Arnaud Desplechin et quelques uns de nos précédents succès restent bien sûr à l’affiche. Le temps fort de la semaine va l’ouvrir, puisque dès mercredi, le Ciné-Club Louis Lumière reprend son cours avec Voici venu le Temps, un film d’Alain Guiraudie, présenté par son Directeur de la Photo Antoine Héberlé.

Non content d’être un type charmant et très drôle, Alain Guiraudie est aussi un grand réalisateur qu’il serait injuste de réduire au seul cinéma gay. Par sa rigueur du cadre, autant que par son humour et ses décalages, il fait souffler un vent nouveau et frais sur le petit monde parfois engoncé du cinéma. Voici venu le Temps est un conte bizarre où des visages inconnus servent un propos troublant mais maîtrisé par le réalisateur. Qu’on soit sensible ou moins aux films de Guiraudie, chacun peut reconnaître son talent pour faire naître des histoires et des images. Une qualité qu’il doit aussi à Antoine Héberlé, son Directeur de la Photo, invité ce mercredi soir par le Ciné-Club Louis Lumière pour présenter Voici venu le Temps. L’échange se poursuivra autour d’un verre au Grand Bar.

Runaway Train, cette course folle de deux évadés fonçant dans un train sans pilote dans l’Alaska signée Andrei Konchalovsky, sert de locomotive à notre nouveau cycle d’Est en Ouest. Comme Konchalovsky, qui avait profité du succès cannois de Sibériade pour filer aux USA, d’autres cinéastes, nés derrière le rideau de fer et lassés de voir leurs scénarios remaniés ou leurs productions amputées, allèrent chercher refuge sous les bons (?) hospices de l’occident. Ainsi, Andreï Tarkovski, l’un des maîtres de Konchalovsky, fuit l’impitoyable censure soviétique qui avait imposé de nombreuses coupes à Solaris, pour tenter sa chance à l’Ouest. L’intégration ne fut pas immédiate, et il fallut plusieurs allers-retours douloureux pour qu’il puisse réaliser en Suède son dernier film, Le Sacrifice, grâce notamment au soutien d’Ingmar Bergman. C’est pour les mêmes raisons politico-artistiques que les Polonais Jerzy Skolimowski et Andrzej Zulawski s’exilèrent. En France, qui les accueillit les bras ouverts, le premier ne fit que transiter avant de partir pour l’Angleterre réaliser Deep End ; le second s’installa durablement dans l’Hexagone, et commença par signer L’Important c’est d’Aimer. Pour d’autres cinéastes, le déclencheur de l’exil fut le succès. Fort de sa Palme d’Or pour Papa est en Voyage d’Affaire, Emir Kusturica répondit favorablement aux sirènes hollywoodiennes pour tourner Arizona Dream, dont la production fut affectée par la guerre en Yougoslavie (qui inspira son film suivant). Avant lui, Roman Polanski avait profité de la reconnaissance du Couteau dans l’Eau pour quitter sa Pologne et trouver refuge en Angleterre, où il tourna le formidable Bal des Vampires, avant de partir pour Les Etats-Unis, puis de poser ses valises en France. Même genre histoire pour Krzysztof Kieslowski qui, après ses formidables Décalogue, profita de la chute du Mur pour réaliser la Double Vie de Véronique dans notre beau pays. Parmi les dissidents, le plus précoce fut Milos Forman. A 36 ans, après les Amours d’une Blonde et Au feu les Pompiers, il quitte la Tchécoslovaquie dès après le Printemps de Prague pour les Etats-Unis où il réalise Taking Offdébut brillant d’une prestigieuse liste de films américains.

Peu de bouleversements dans le reste de notre programme de la semaine, mené à un train d’enfer par Runaway Train. On suit également notre cycle Arnaud Desplechin avec tous ses films, sauf le deuxième (copie indisponible) et le dernier. Mais sinon, de La Vie des Morts à Un Conte de Noël, ils sont tous là. Egalement présentes, les copies restaurées de L’Homme qui en savait Trop, d’Enquête sur une Passion, de Nicolas Roeg et de The Great Gatsby, de Jack Clayton. Et pour les vrais fans, toujours une séance dominicale de Django Unchained, de Tarantino.
La conclusion pour l’Enfance de l’Art et le plus mignon des petits cerfs : Bambi de Disney.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.