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L'Édito

Des cycles à fond la caisse

L'Édito

Des cycles à fond la caisse

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Ce n’est pas le salon de l’auto cette semaine au Grand Action, mais presque. En suivant le bitume ouvert par Bellflower, nous allons faire chauffer la gomme avec un festival Muscle Cars où des voitures surpuissantes jouent les premiers rôles. A côté des bagnoles, roulent des cycles : celui consacré à Nicholas Ray, toujours là avec La Fureur de Vivre en vedette, et un nouveau consacré à Michael Mann, qui annonce la ressortie sur copie neuve 2K de son premier film (Le Solitaire) le 25 avril.

Si nos trois cycles tiennent la route, des films marchent tranquillement sur le trottoir. A commencer par Terraferma, le cri d’humanité où Emanuele Crialese raconte avec sensibilité une belle histoire de tolérance. Sur l’île de Lampedusa, des pêcheurs recueillent des clandestins et les traitent comme des êtres humains. Vu le contexte, c’est dingue, et c’est surtout un film excessivement touchant. Hugo Cabret, la jolie fable de Martin Scorsese et Go Go Tales, le cabaret déjanté d’Abel Ferrara demeurent aussi à l’écran.  
Unique événement de la semaine, jeudi soir, un Cinéma-Club lors duquel René Marx viendra débattre du Miracle en Alabama, film bouleversant du regretté Arthur Penn. Après la projection et la causerie, l’échange se poursuivra autour d’un verre au Grand Bar.

La Medusa, une Buick méchamment préparée, est, avec un lance flamme, l’autre projet des deux loustics de Bellflower afin de survivre à la fin du monde. Avec quelques potes et très peu d’argent, Evan Glodell a réalisé et interprété ce film très indépendant où l’amour et sa trahison vont venir changer l’objectif des deux protagonistes et toute leur vie. Glodell a su faire avec ce qu’il avait et donner à son film une vraie personnalité : montage subtilement destroy, image saturée, son travaillé, bonne musique, personnages attachants, et une vision sans concession d’une certaine jeunesse américaine. L’on peut trouver des imperfections à Bellflower. Mais, lorsque la carrière de Glodell sera lancée (ce qu’à coup sûr ne manquera pas de provoquer Bellflower), on pourra se dire qu’on avait vu ses débuts.

La Buick du film nous a inspiré un nouveau cycle sur les Muscle Cars, ces voitures modifiées qu’adore le Nouveau Monde. A tout seigneur (de la route), tout honneur (de la lettre) : Mad Max, inspirateur des jobards de Bellflower, est en pole position du festival. Nous pourrons voir les deux volets des aventures futuristes de Max le Fou, alias Mel Gibson, combattant sans merci des hordes de bandits chevauchant ou pilotant d’improbables bêtes de course. Le pétrole, devenu encore plus précieux qu’aujourd’hui, est l’enjeu de cette lutte à mort qui fut l’un des films phares des années 80. Inévitable aussi dans un festival qui célèbre l’asphalte, Duel, acte de naissance cinématographique de Stephen Spielberg. Sur un scénario simplissime – un camion prend une voiture en chasse – Spielberg bâtit un suspens haletant et virtuose. Nous verrons aussi le lieutenant  Bullitt (de Peter Yates avec Steve Mc Queen) bondir dans les rues de San Francisco au volant de sa Ford Mustang GT390 dans l’une des plus belles courses poursuites de l’histoire du cinéma. C’est une Plymouth Fury de 1958 qui est la vedette du film d’action Christine (jeu de mot dédié à nos amis de la rue Christine). Il s’agit plutôt d’un film d’horreur, signé John Carpenter, où une voiture maléfique tue ceux qui se mettent en travers de sa route. Une De Lorean volante nous emmène dans un Retour vers le Futur, comédie d’anticipation très réussie par Robert Zemeckis et, sur le Boulevard de la Mort, film Grindhouse survolté et sexy de Quentin Tarantino, ce sont des Dodge, des Chevrolet et des Mustang qui se tirent la bourre. Vroum. A peine plus calme, le cycle Michael Mann célèbre l’un des grands réalisateurs contemporains, qui possède la science du film d’action et sait parfaitement faire monter la tension. L’on pourra revoir Public Enemies, où Johnny Depp incarne un ganster des années 30, Ali, formidable biopic sur le grand Cassius Clay avec Will Smith dans le rôle titre, Révélations, un de ses films les plus troubles, Collateral, où le tueur Tom Cruise entraîne le taximan Jamie Fox dans une course mortelle, et Miami Vice, adaptation vitaminée de la série télé.

Nous poursuivons aussi l’exploration de la carrière de Nicholas Ray. Outre James Dean dans La Fureur de Vivre, vous pourrez aussi voir Farley Granger dans Les Amants de la Nuit, Maureen O’Hara dans Secret de Femme, Ida Lupino dans La Maison dans l’Ombre, Robert Mitchum dans Les Indomptables, Joan Crawford et Sterling Hayden dans Johnny Guitar, Robert Wagner dans le Brigand bien-aimé et Cyd Charisse dans Traquenard.
L’Enfance de l’Art nous propose trois séances de courts burlesques, mercredi, dimanche et lundi à 14h : Laurel et Hardy, Charlot, Keaton.

Bonne semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action