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L'Édito

Avant Cannes.

L'Édito

Avant Cannes.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Cannes, sa croisette, ses stars, son festival. Il commence mercredi prochain et c’est, pour le monde du cinéma, un peu comme la rentrée pour un lycéen. Mercredi prochain, dès 19h, nous vous invitons à venir suivre la montée des marches en direct sur l’écran panoramique du Grand Action. Et, pour poursuivre la fête, à voir en avant-première la réédition sur copie neuve de Gatsby le magnifique, version originale de 1974 signée Jack Clayton avec Robert Redford. En attendant ce grand moment, voici le programme de la semaine qui, dans les grandes lignes, ressemble au précédent.
Outre quelques récents succès (dont DjangoPassion et Spring Breakers), nous retrouvons donc en vedette Promised Land, où Gus Van Sant, sur un scénario de Matt Damon et John Krasinski, démonte les méthodes des grands groupes énergétiques pour exploiter les gaz de schiste, et un Cycle John Carpenter pour revivre les frissons que ce grand du fantastique sait faire éclore.

John Carpenter est un cinéaste complet. Réalisateur, bien sûr, mais également scénariste, producteur, monteur, il est aussi compositeur et signe (ou co-signe) la plupart des musiques de ses films. Fils d’un professeur de musique, il est dès son plus jeune âge mis devant un clavier. Lorsqu’il aura affirmé sa passion pour le cinéma, il saura se souvenir que cet art est audio-visuel et que le son fait partie intégrante de l’effet que l’on veut produire sur le spectateur. Et comme pour cet instinctif l’objectif est de le terrifier, il alignera les notes pour créer une ambiance glaçante. Ainsi, l’épais brouillard de Fog serait moins agoissant sans les notes qui l’accompagnent et Christine, la Plymouth Fury hantée, tuerait peut-être moins dans le silence. Même s’il a sous-traité la musique de Starman, le film n’en est pas moins inquiétant et Carpenter reprendra ses synthétiseurs, aux côtés de son ami Alan Howarth, pour ambiancer le diabolique Prince des Ténèbres.  Il s’entoure d’autres complices pour créer la bande originale du Village des Damnés et ses enfants maudits, de l’Antre de la Folie, vertigineuse plongée dans l’imaginaire d’un écrivain, et de l’univers carcéral et explosif de Los Angeles 2013. Pour Ghosts of Mars, Carpenter fera appel à Anthrax, un groupe de Heavy Metal, et Buckethead, l’un des guitaristes les plus rapides du monde, pour créer la bande son futuriste de la planète rouge. Bref, pour bien profiter d’un Carpenter, ouvrez grand les oreilles.

Les possibles futures victimes du démarcheur Matt Damon devraient bien ouvrir les yeux quand il se pointe chez eux, rassurant bon gars, pour exploiter leur sous-sol. Car la promesse de fortune de Global, la multinationale qu’il représente, est une menace et la terre promise pourrait bien devenir un cauchemar sans vie. On retrouve dans Promised Land la caméra fluide de Gus Van Sant, qui filme en toute simplicité cette histoire simple où des gens simples sont dépassés par des enjeux très compliqués. Matt Damon et John Krasinski, les deux acteurs principaux, ont signé un scénario militant que Matt devait réaliser. Mais le temps lui manquait, et il a fait appel à son mentor (Gus Van Sant) pour diriger le film. Bonne idée. La critique a salué cette œuvre salutaire, engagée et directe, qui révèle les dangers d’une technologie malfaisante et les manipulations des grands groupes qui la promeuvent.

Egalement au programme, Passion, où De Palma conjugue le mensonge, le crime et le pouvoir au féminin, la quête débridée de Django Unchained, de Tarantino, où l’esclave prend le pouvoir, la fuite en avant vers la fête et tous ses dérives des Spring Breakers d’Harmony Korine, la radicale subversion de Alexeï Guerman dans Khroustaliov, ma voiture !, et les  taulards shakespeariens de César doit Mourir des Frères Taviani.

L’Enfance de l’Art rendra dimanche à 14h, hommage au Cinéma de Max Linder, avec une sélection de courts-métrages de ce pionnier du burlesque.
Bonne semaine.