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L'Édito

A l’ombre de Nic Ray.

L'Édito

A l’ombre de Nic Ray.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Si les plus proustiens d’entre vous préféreraient que l’ombre soit celle des jeunes filles en fleur, ils devront la chercher dans les rues de Paris où elles pullulent en cet estival mois de juin. L’ombre du Grand Action est plus sombre, puisque nous vous proposons une rareté de Nicholas Ray, A l’Ombre des Potences, sorti en 1955 et réédité sur copie neuve 60 ans plus tard. Cette ombre résonne avec notre Cycle Nicholas Ray, qui nous permet de redécouvrir une partie de l’œuvre de ce cinéaste majeur. Deux événements vont également rythmer la semaine. Jeudi, le programme Harvard in Paris nous fait remonter le temps et les Champs Elysées à l’ombre de Godard et d’A bout de Souffle, et Vendredi, La 11e Edition du Festival des Nouveaux Cinémas nous propose les meilleurs courts-métrages de jeunes réalisateurs. Il reste encore pas mal de  séances pour le Cycle Fassbinder, et une seule pour Il Etait une Fois en Amérique dans son final cut Léonien.
Quelle plus beau film pour lancer un débat sur la capitale qu’A bout de Souffle, manifeste de Nouvelle Vague de Jean-Luc Godard habité par Jean Seberg et Jean-Paul Belmondo ? C’est le choix d’Harvard in Paris, une série de soirées cinéphiliques pour réfléchir au passé et à l’avenir de la ville lumière. Jeudi à 20h, la projection sera commentée par Antoine de Baecque, historien du cinéma et spécialiste de la Nouvelle Vague.

Depuis 10 ans, Le Festival des Nouveaux Cinémas donne rendez-vous au Grand Action à tous les cinéphiles curieux. Vendredi à 20h30, cette 11e édition sera encore l’occasion de découvrir les dernières tendances de la jeune garde du futur du cinéma. Une sélection de courts-métrages projetés en présence des auteurs, et une soirée qui se poursuivra au Grand Bar.

Réalisé entre Johnny Guitare et  A l’Ombre des Potences est un film méconnu, un peu étouffé sans doute par le succès rencontré par les deux qui l’encadrent chronologiquement. Comme le premier, A l’Ombre des Potences est un western et comme le second, il met en scène un jeune gars un peu paumé. La grande attraction du film est bien sûr son acteur principal, James Cagney, inoubliable gangster des années 30. Il abordait alors sa fin de carrière mais n’avait rien perdu de son pouvoir d’attraction. Il interprète un ancien taulard qui, à sa sortie de prison, rencontre un gamin en quête de père. Un drame noue leur amitié, mais les choses vont encore se gâter. Avec son casting, son scénario riche en rebondissements, sa riche palette de technicolor et la mise en scène d’un maître, cette Ombre des Potences mérite vraiment qu’on la ramène à la lumière.
Cette mise en scène à laquelle nous faisons allusion, notre Cycle Nicholas Ray permet d’en explorer plusieurs facettes, et de découvrir comment, tout en respectant les genres, le cinéaste n’eut de cesse de leur imposer sa vision du tragique. Film noir (Les Amants de la Nuit), polar (Secret de Femmes), drame conjugal (Born to be Bad), western écolo (La Forêt Interdite) ou classique (Johnny Guitar), film social (La Fureur de Vivre), tous les héros de Nic Ray portent une dimension tragique qu’il fait jouer avec force à ses comédiens, en se souvenant de l’impitoyable travail du professeur de théâtre qui le fit débuter : Elia Kazan. Ajoutons à la liste des films visibles We Can’t Go Home Again, où le vieux cinéaste mettait en scène son propre enseignement.

Le reste de notre programme se partage entre le cycle Rainer Werner Fassbinder encore riche d’une quinzaine de films, une dernière séance (comme disait Eddy Mitchel) pour Il Etait une Fois en Amérique dans sa version définitive, et une pour l’Enfance de l’Art qui nous emmène dans le monde magique et renardier du Fantastic Mr Fox, de Wes Anderson, auquel Georges Clooney prête sa voix.

What else ? Rien, sinon une bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action