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L'Édito

Jouons avec les cerveaux

L'Édito

Jouons avec les cerveaux

Chères spectatrices, chers spectateurs,
En nous présentant le petit monde saugrenu du Grand Budapest Hotel, Wes Anderson s’amuse de nos neurones, tout en les amusant. C’est d’ailleurs ce qu’il fait depuis le début de sa carrière que son Cycle retrace. Une démarche proche de celle de Billy Wilder, dont Un, Deux, Trois est l’invité de notre Ciné-Club Positif qui sera animé par Michel Ciment. Mais si nous titrons sur le cerveau, c’est que cet organe essentiel possède sa semaine. Nous la fêterons au Grand Action en faisant l’Eloge du Mouvement, en film et en débat.
La semaine du cerveau vous donne donc rendez-vous mercredi à 20h pour la projection de Eloge du Mouvement, un fascinant documentaire réalisé par David Gill. Cet artiste pluridisciplinaire a suivi sur le long terme le projet HD, où la danse a rencontré le handicap. Ainsi sont nées d’étonnantes performances chorégraphiques, menées par Philippe Chéhère et Julie Salgues, deux danseurs parmi des personnes souffrant de la Chorée de Huntington, une lourde maladie neurodégénérative altérant les capacités physiques et intellectuelles. La projection, en présence du réalisateur et d’un des chorégraphes, sera suivie d’un débat qui s’annonce passionnant et de haute volée. Animé par Françoise Pétry, rédactrice en chef de « pour la Science », il réunira la Neurogénéticienne Alexandra Durr, la Psychologue Marcela Gargiulo, et Iris Trinkler, Chercheuse en neurosciences.  L’entrée est libre.

Autre débat, tout aussi pointu, mais plus cinéphilique, celui que nous propose le Ciné-Club Positif, que le rédacteur en chef de la revue, Michel Ciment, viendra animer. Michel nous parlera de Billy Wilder, et d’une comédie sur une certaine forme de manipulation neuronale. Dans Un, Deux, Trois , MacNamara (alias James Cagney), représentant de Coca-Cola dans le Berlin de la Guerre Froide, veut convertir à la boisson gazeuse capitaliste les camarades de l’autre côté du Mur. Tout ne va pas évidemment « gazer » pour notre aimable vrp, qui bientôt se retrouve affublé d’une fille légère et d’un militant communiste. Ça ne fait jamais avancer les affaires. Après le film et avant le débat qui reviendra longuement sur l’inimitable style Wilder, et aussi la façon dont Hollywood regardait le bloc Soviétique, nous verrons un documentaire sur Billy, réalisé à quatre mains par Michel Ciment et Annie Tresgot. Les deux complices traitent le Portrait d’un Homme à 60% parfait, et nous expliquerons ensuite comment ils en sont arrivés à ce chiffre.

Si son homonyme écrivait des contes, notre Anderson cinéaste, Wes de son prénom, filme des fables. Celle de Monsieur Gustave, l’inébranlable Ralph Fiennes, concierge (au sens noble du terme, si tant soit qu’il en fut de trivial), du Grand Budapest Hotel, met en valeur une certaine droiture et une forme subtile de fidélité volage. Inspiré par Stefan Zweig (c’est écrit et finalement pas si incongru que cela), le dernier film de Wes Anderson est un tourbillon. Dans un palace improbable d’Europe Centrale, lors d’une période qui ressemble aux années 30 et en porte les troubles stigmates,  Monsieur Gustave entraine dans son maelstrom un apprenti groom qui sera le narrateur du narrateur de son histoire abrancadabrantesque, comme disait un Chef d’Etat que, les soirs de beuveries, on se prend à regretter. Ainsi donc, à l’image de la narration, tout est mis en abyme, et le film promène le spectateur à un rythme d’enfer d’une époque à une autre, passant d’une intrigue à une anecdote, de l’hôtel à la prison, et de militaires de noble caste à une sombre caste de nervis fascistes. C’est vif, brillant et rapide comme un Lubitsch, qu’Anderson d’ailleurs adule.
Cette « Anderson Touch », si touchante parfois quand la fantaisie pénètre des mondes parfois sclérosés, nous la retrouverons dans le cycle que nous lui consacrons. Ainsi Rushmore, où un talentueux cancre étudie dans une High school d’élite, la Famille Tenenbaum, où le père tente de rassembler ses étonnants héritiers, La Vie Aquatique, menée par un capitaine bizarroïde, la vie de fratrie A Bord du Darjeeling Limited, les astuces du Fantastic Mister Fox, ou l’échappée amoureuse de deux enfants dans l’Amérique coincée des années 60 de Moonrise Kingdom.
Restent à conclure avec un Loup de Wall Street, de Scorsese, et un Château dans le Ciel. Ce dernier est l’œuvre de Hayao Miyazaki, grand Maître de l’animation japonaise, et nous est proposé par l’Enfance de l’Art.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Actio