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L'Édito

Beaux jobs.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Pour une raison aussi impérieuse qu’indépendante de notre volonté, il n’y aura pas de lettre la semaine prochaine. ça tombe bien, le programme que nous vous présentons court sur 15 jours. Il est mené par une sortie nationale, celle du nouveau film de Danny Boyle, Steve Jobs, qui évoque trois moments clés de la vie passionnante du fondateur d’Apple. Steve rejoint The Thing, film culte de John Carpenter. Cette quinzaine est aussi placée sous le signe de l’image, avec le quatrième Caméflex-AFC. Chaque année, la corporation des chefs opérateurs rend hommage à l’un d’eux. En 2016, c’est Mahmoud Kalari, Directeur de la Photo, notamment de Kiarostami et Farhadi, qui est honoré. Il sera dans nos salles pour présenter toutes les séances jusqu’au 10 février. Deux autres événements rythmeront ces quinze jours, dont nous parlons tout de suite.

Jeudi 4 à 20h, Ciné-ma Russie nous convie à découvrir deux merveilles du cinéma d’outre Oural. Réalisé en 1973, L’Obier Rouge est un pur drame soviétique de Vassili Choukchine, qui interprète lui-même le personnage principal, un taulard en quête de reconstruction. Un moyen métrage, Le Temps Gelé, précèdera la projection, et un cocktail à suivre permettra de se réchauffer. 

On saute au mardi 16 février 20h, pour un Ciné-Club Univers Convergents. Nous reverrons avec plaisir The Time Machine, adaptation en Metrocolor, donc estampillée MGM, du roman de H.G. Wells. Georges Pal, spécialiste du fantastique hollywoodien d’origine hongroise, est aux commandes de ce petit bijou de l’âge d’or. Ugo Bellagamba, écrivain de SF, et Thibault Damour, physicien, seront eux, aux commandes du débat qui suivra la projection, sous les bons auspices de Cédric Villani.

Il a inventé l’imac, l’ipad, l’ipod, l’iphone, autant de produits qui ont révolutionné nos vies, et commence par « i », comme « je » en anglais. Steve Jobs était certes un visionnaire, mais aussi un grand égocentrique, cassant, obsédé par le contrôle, persuadé de son génie comme de la médiocrité du reste du monde. Jobs était aussi un être en souffrance, enfant adopté et mauvais père : « I’m a poorly made » dit-il a sa fille pour exprimer la malfaçon dont il pensait souffrir. Il en mourut d’ailleurs, d’un cancer rare et inguérissable, en 2011, à 56 ans. Le film que Danny Boyle consacre à Steve Jobs est à l’image du prodige : complexe, brillant et sans concession. Par le truchement de trois moments clés de la vie de Jobs, lors desquels il annonçait ses nouveautés révolutionnaires, Boyle dresse un portrait tonique et brûlant de l’inventeur et de l’homme. Au scénario, Aaron Sorkin, un des meilleurs dramaturges et dialoguistes du moment, spécialiste des acteurs de la Silicon Valley, puisqu’il avait déjà signé The Social Network sur Mark Zuckerberg. Quant à l’interprétation de Michael Fassbender, que dire d’autre qu’elle mérite l’Oscar.

On titrait plus haut avec « beaux jobs ». Au delà du jeu de mot, dont notre sortie de la semaine vous donne le sens premier, il s’agit aussi de faire référence au travail de Mahmoud Kalari. Malgré l’embargo, les difficultés et les blocages sociaux-religieux de la République Islamique d’Iran, une cinématographie riche, variée, parfois subversive et toujours intéressante, a su éclore. Nous avons cité plus haut Kiarostami et Farhadi, mais pensons aussi à Farmanara, Mokri, Hejazi, Khemir ou Moaadi. Autant de réalisateurs que le chef-opérateur Mahmoud Kalari a éclairés. Tournant 4 films par an, parfois 6, avec une simplicité et une évidence remarquables, il reçoit un juste hommage de Caméflex-AFC. La confrérie de opérateurs se retrouve pour la deuxième année au Grand Action du 6 au 10 février  afin de revisiter, en la présence de Mahmoud, une part de sa filmographie. Des courts métrages seront projetés en première partie de certaines séances.

The Thing, l’effroyable cauchemar paranoïaque et sanglant de John Carpenter, ressort donc enfin en salle. Première occasion de revoir sur grand écran ce « must have seen » de l’horreur, sorti en 1982, et découvert en VHS par toute une (voire deux) génération de fans.
Parmi lesquels, sans doute, Joe Dante, cinéaste qui débuta dans l’horrifique, avant de réaliser un blockbuster (Gremlins), puis son film le plus personnel, Panic sur Florida Beach, un pur délire carnavalesque ayant pour toile de fond la crise des Missiles de Cuba en 1962. C’est le choix de l’Enfance de l’Art, avec laquelle nous concluons, non sans promettre de vous retrouver le 18 févier pour la sortie d’Ave César, la dernière comédie des Coen’s Brothers. Clooney en jupette, ça décoiffe.

Agréable quinzaine