Impitoyable langue.
Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le langage cinématographique de Paul Vecchiali est impitoyable, dans le sens d’implacable ou d’inflexible. On le constatera dans son dernier film, Bonjour la langue, bouclé juste avant son décès en 2023 et sorti la semaine dernière. Dans les fusillades chorégraphiées d’À toute épreuve, John Woo l’est aussi, mais plus dans l’acceptation de « sans pitié ». Impitoyable, c’est aussi le titre d’un excellent western de Clint Eastwood, choisi par le Ciné-club des Ecoles pour sa rentrée. Ce sera mardi à 20h et présenté par Eric Libiot. Le reste de la semaine, vous pourrez voir Shocker et le Cycle Wes Craven (qui quittera l’écran la semaine prochaine), nos trois John Huston (The African Queen,
Plus fort que le diable, Moulin Rouge), la Trilogie d’Oslo de Dag Johan Haugerud (Rêves, Amour, Désir) et The Phoenician Scheme de Wes Anderson. Pour en finir avec l’adjectif impitoyable, signalons la projection des Dents de la mer de Spielberg samedi à 20h45. Le requin a 50 ans, mais toutes ses dents !
Mardi à 20h, le Ciné-club des Ecoles reprend ses séances mensuelles avec un Clint Eastwood de 1992 : Impitoyable. Clint y tient la caméra et le 6 coups avec la même dextérité, et fait face, accompagné de Morgan Freeman, à Gene Hackman, qui compose un génial méchant. Eric Libiot, auteur de Clint et moi (J.-C. Lattès éditions), débattra de ce film Impitoyable, en fan absolu et incollable.
Fragile et faillible à la toute fin de sa vie, un père retrouve son fils venu le visiter après des années de rapport difficiles et six ans d’absence. En 3 actes et 3 décors, les deux hommes vont faire le point et retisser les fils d’un dialogue interrompu. Paul Vecchiali lui-même, bouleversant, donne la réplique à Pascal Cervo, son acteur fétiche. L’amour qui lie le vieux et le jeune donne toute sa sincérité à Bonjour la langue, tourné en un jour, et qui sera le dernier Vecchiali, puisque Paul mourut peu après la fin du montage, en janvier 2023. C’est terriblement simple (champ-contre champ), mais tellement vrai, juste, intime, touchant, pudique, sensible, que Bonjour la Langue résume presque l’abondante filmographie de Vecchiali, débutée il y a plus de 60 ans. Il nous laisse en héritage cette performance cinématographique, et on le remercie pour ça.
Si en sortant du Vecchiali vous filez voir À toute épreuve, vous constaterez l’extraordinaire diversité de notre programmation. En 1992, John Woo s’était emparé d’une intrigue basique de flics qui veulent nettoyer la pègre de Hong-Kong pour créer un sublime ballet, où les protagonistes volent en se tirant dessus. Le réalisateur, virtuose du film d’action, hisse la violence chorégraphiée à un niveau de perfection rarement atteinte, mais qui inspirera bien de ses confrères. Nous verrons cette saison d’autres pépites de ce cinéma hongkongais sur copie neuve, dont certains relevant de « l’heroic-bloodshed » (carnage héroïque), un genre typique qui utilise les codes du kung-fu, mais avec des flingues.
Pour les amateurs de cinéma de genre, rappelons que le Cycle Wes Craven s’en ira en fin de semaine, et invitons tout le monde à venir voir. Il y en a donc pour tous les goûts… Y compris pour les plus jeunes. Car même si, rentrée oblige, l’Enfance de l’Art ne propose qu’une séance, elle le fait dans sa version luxe, celle d’un Sandwich Club. Il sera ambiancé par la formidable Suzanne de Lacotte qui, dimanche à 14h, nous invite à suivre les aventures porcines et urbaines de Babe : le cochon dans la ville, de George Miller.
Belle semaine.
Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action