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L'Édito

The smell of Télérama.

L'Édito

The smell of Télérama.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Tout comme les bourgeons au printemps et les feuilles mortes en automne, le Festival Télérama réapparait tous les ans. L’occasion de revenir sur l’année cinématographique écoulée en 7 de ses meilleurs films, visibles à un prix préférentiel grâce au magazine, qui soutient spécialement Au Bord du Monde. Claude Drexel, réalisateur de cet excellent documentaire, viendra d’ailleurs débattre mercredi en compagnie de Pierre Murat. Ceci n’est que le premier des événements de la semaine, suivi, jeudi soir, d’une projection animée par l’équipe de The Smell of us, film où Larry Clark renifle les relents frelatés d’une jeunesse en perdition. Lundi, Paul Vecchiali sera dans notre salle avec Serge Bozon pour l’avant-première de Nuits Blanches sur la Jetée, son dernier film que nous sortirons la semaine prochaine. Celle-ci se conclura en beauté et en intelligence avec des Rencontres du Troisième Type orchestrées par le Ciné-Club Univers Convergents. Festival et événements laissent un peu de place à Whiplash, de Damien Chazelle, et au cycle Werner Herzog qui tire ses derniers feux.

Pour sa première soirée de 2015, le Ciné-Club Univers Convergents, initié par Cédric Villani, notre Mozart des mathématiques, réunit un alléchant plateau. Après avoir revu Rencontres du Troisième Type, l’un des plus intéressants et des moins attendus films de Steven Spielberg où une intelligence extraterrestre se manifeste sous les yeux de François Truffaut, nous pourrons prendre part à un débat de grande tenue. Le sociologue Miguel Aubouy, l’exobiologiste Hervé Cottin et le biologiste Guillaume Lecointre nous parleront de sciences et d’autres mondes. Entrée libre sur réservation

A raison d’un film par jour, le Festival Télérama sera lancé mercredi par Au Bord du Monde, un formidable documentaire rigoureusement cadré, qui suit avec tendresse, humour et juste distance le quotidien de SDF, comme on dit maintenant. Claude Drexel, le réalisateur, viendra présenter son travail avec Pierre Murat lors de la séance de 20h30. Jeudi, place à Mommy, film à fleur de peau du prodige Xavier Dolan, puis vendredi à Leviathan, où le pire de la Russie moderne donne le meilleur au cinéma d’Andréï Zviaguintsev. Samedi, Jim Jarmusch réinvente le film de vampires avec Only Lovers Left Alive et, dimanche, Wes Anderson fait revivre la splendeur d’une Mitteleuropa burlesque qui se retrouve au Grand Budapest  Hotel. La Bande de Filles, belles et rebelles, de Céline Sciamma, et la non moins sublime Scarlett Johansson, en vénéneuse extraterrestre du Under the Skin de Jonathan Glazer, complètent le programme.

The Smell of us, c’est bien l’odeur de la jeunesse que Larry Clark suit depuis ses débuts. Photographe passé au film, il n’a eu de cesse de pointer ses objectifs vers le corps, les démarches, les comportements, les habitudes et les turpitudes des adolescents. Délaissant les Etats-Unis pour suivre une bande de skateurs trash qui roule et rôde près du Palais de Tokyo, Clark en dresse un portrait kaléidoscopique. Sur un scénario un peu flottant, co-écrit avec Scribe, jeune auteur nantais, le vieux Larry (qui joue quelques rôles pour sa caméra) fixe avec tous les moyens contemporains qu’offre le numérique (y compris le data-mosching qui corrompt certaines compressions) l’insolente et fugace beauté de la jeunesse. Avant que, prise à ses propres pièges et à ceux que le monde lui tend, elle ne s’envole pour toujours. Rappelons que la séance de jeudi à 19h45 sera présentée par l’équipe du film.

Si Larry Clark sera sans doute absent pour présenter son œuvre, Paul Vecchiali sera lui bien là lundi soir pour nous montrer en avant-première Nuits Blanches sur la Jetée. Accompagné de Serge Bozon, il nous parlera de ce dernier film, que nous sortirons la semaine prochaine.

En attendant il vous reste encore un peu de temps pour suivre le rythme endiablé du jeune batteur de Whiplash mené à la baguette par un tortionnaire chef d’orchestre, à grimper avec Werner Herzog sur les traces de ses Ascensions, celles d’un volcan guadeloupéen et d’un sommet himalayen, et à suivre le regard halluciné du conquistador Klaus Kinsky, alias Aguirre, seul rescapé du cycle Herzog.

Concluons avec l’Enfance de l’Art et les amusants chasseurs de spectres de la brigade de SOS Fantômes, dirigés par Ivan Reitman.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action