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L'Édito

Show must go on.

L'Édito

Show must go on.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Après le passage tumultueux et passionnant du réalisateur la semaine dernière, le show Abel Ferrara continue avec la projection de son Go Go Tales, screwball comédy sur un cabaret new yorkais, et de quelques autres œuvres de sa filmographie. Le show, c’est aussi notre rendez-vous avec le formidable Fargo, film emblématique des frères Coen, proposé par nos amis du Cinéma-Club. Et puis bien sûr, c’est toujours le festival Scorsese, avec Hugo Cabret en vedette, et trois autres films de notre Marty chéri.

Vous le savez, nous aimons beaucoup les Coen. Et revoir Fargo, l’une de leurs plus grandes comédies noires sur le fond blanc de la neige rougie par le sang, est toujours un plaisir. On connaît l’histoire de ce vendeur de voitures, minable et criblé de dettes, qui fait appel à deux bras cassés, aussi stupides que dangereux, pour enlever sa femme en espérant la rançon de son beau-père. Evidemment, tout va vite dérailler, notamment grâce à l’intervention d’une policière enceinte… René Marx, enseignant, critique et historien du cinéma, interviendra à l’issue de la projection de jeudi 20h15, pour nous donner un éclairage intelligent sur cette comédie barrée. L’échange se poursuivra, comme à l’accoutumée, autour d’un verre au Grand Bar.

Au regarde de sa filmographie, dont vous pourrez revoir de larges extraits lors du festival que nous lui consacrons, la comédie n’est pas la tasse de thé d’Abel Ferrara. Plus souvent, comme dans The King of New York, la reprise en main de la grosse pomme par un gangster crépusculaire sublimement incarné par Christopher Walken, ou Bad Lieutenant, la dérive d’un flic ripou, pervers et gavé de coke, incarné par Harvey Keitel, l’univers de Ferrara est une noirceur abyssale, hanté par des personnages border line qui descendent aux tréfonds de l’âme humaine. Son dernier film (qui n’est pas tout à fait son dernier mais ne sort en salle qu’aujourd’hui bien qu’il ait été tourné en 2007) prend le contrepied de son habituelle production. Go Go Tales nous plonge dans les coulisses du Paradise, un cabaret new yorkais mené tambour battant par Willem Dafoe et où s’effeuillent de jeunes beautés. Parmi elles, la toujours surprenante Asia Argento – une fidèle de Ferrara, déjà présente en prostituée dans New Rose Hotel, aux côtés de Dafoe et Walken – qui joue de son corps avec grâce et parfois en compagnie d’un rottweiler qu’elle embrasse avec fougue. La scène, on l’imagine, a fait scandale ! Bref. Le tenancier et ses associés ont pour l’heure bien du souci puisque les filles menacent de se mettre en grève et que les propriétaires des murs veulent les expulser. Sur cet argument ténu, Ferrara brode dans Go Go Tales une comédie joyeusement foutraque, où des personnages hauts en couleur se livrent à des numéros improbables et réussis. Un film donc plein de vie et d’énergie. Sans doute Ferrara en avait-il assez de parler de la mort, comme il le fit dans les films cités plus haut, et dans l’Ange de la Vengeance, un film de 1981 où une jeune sourde muette fait payer le prix fort les viols dont elle a été victime, ou encore dans Body Snatchers, adaptation à sa sauce du best seller fantastique de Jack Finney. Egalement au programme de notre festival Ferrara, Christmas, un film de joyeux Noël entre dealers, et Mary, où une comédienne (Juliette Binoche) habite plus qu’elle n’incarne le rôle de Marie-Madeleine.

Si Ferrara prend de la place, un autre italo-new yorkais défend son beefsteak. Pour protéger son statut, Martin Scorsese emploie le plus souvent la poésie d’Hugo Cabret, le jeune orphelin qui redécouvre le vieux Méliès, mais joue aussi avec la musique, comme dans The Last Waltz, met en scène la violence historique des Gangs of New York, ou celle bien contemporaine de la ville moderne, qu’arpente l’ambulancier en quête de repentance de A Tombeau Ouvert.

Un petit mot pour signaler que Deep End, de Skolimowski, est toujours à l’affiche et ce depuis juillet, avant de conclure avec l’Enfance de l’Art, pour dire… Qu’il n’y a pas d’Enfance de l’Art cette semaine. En revanche, nos amis de l’enfance et de l’art nous donnent rendez-vous mercredi 15 à 14h, pour le début des festivités qui vont marquer leur 10e anniversaire. Ce sera, au Grand Action, avec Delphine Gleize et Quentin Challal qui viendront nous présenter La Permission de Minuit, dont ils sont respectivement réalisatrice et acteur principal (aux côtés de Vincent Lindon). La séance se poursuivra autour d’un goûter et d’autres réjouissances seront à venir.

Bonne semaine.