Scroll down
L'Édito

Recherches.

L'Édito

Recherches.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Le cinéma est une industrie de prototypes. Tout passe donc par la recherche et l’expérimentation, qui en est parfois même le moteur, comme dans la Rétrospective Michael Snow proposée par Novembre expérimental. Il sera également question d’essai dimanche, quand les participants du Festival Faire un film en 48h montreront le cru 2022 ; puis, à 19h30, pour la Soirée Courts-métrages Les Filmeuses, lors de laquelle de jeunes réalisatrices présenteront leur travail. Et notre sortie de la semaine, Driver, réalisé en 1978 par Walter Hill, fut le prototype de Drive, de Nicolas Winding Refn avec Ryan Gosling. Rappelons que les petites délinquances d’Armageddon Time, de James Gray, peuvent conduire en prison, lieu unique du formidable Ariaferma, de Leonardo Di Constanzo. Deux de nos récentes sorties qui gardent l’affiche. Les autres en fin de lettre. 

Les 19h30 de jeudi, vendredi et samedi seront définitivement expérimentaux. En effet, Cinédoc Paris Film Coop poursuit son Novembre expérimental avec la Rétrospective Michael Snow. Né au Canada en 1929, cette figure majeure de l’art contemporain s’est exprimée par la peinture, la sculpture, la musique, la photographie et, évidemment, le cinéma. Le réalisateur Dominique Willoughby présentera les trois séances d’une œuvre parfois déroutante mais toujours fascinante, avec la projection de trois films par séance, pour beaucoup en pellicule.

Dimanche sera aussi le temps de la recherche, puisque nous verrons, à 11, 13, 15 et 17h, les courts-métrages réalisés en 2 jours (entre autres contraintes) des équipes ayant participé au Festival Faire un film en 48h. La ferveur des spectateurs désignera le lauréat du prix du public ; alors venez nombreux les soutenir. 

Et vous pourrez enchaîner à 19h30, pour la Soirée Courts-métrages Les Filmeuses. Marie Mottet, Malak Mroueh, Gabrielle Mouret, Lucie Plumet, Camille Roux, sont de jeunes réalisatrices. Indépendantes, diplômées d’une école ou autodidactes, parfois encore étudiantes, elles ont formé une collective pour auto-produire et montrer leur film. C’est l’objet de cette soirée dominicale, lors de laquelle votre présence vous permettra de dire « je l’ai vue présenter son premier court » lorsque l’une d’elles montera les marches du palais. Vous pourrez le leur souhaiter ; elles seront dans la salle. 

Il est toujours bon de remonter aux sources. Chacun se souvient de Drive qui, il y a 10 ans, révéla Ryan Gosling. Il y a 44 ans, Walter Hill signait Driver, la même histoire d’un conducteur virtuose, impassible et dénué d’affect, sans passé ni futur, qui loue ses talents à des braqueurs. Archétypique film noir, jusqu’aux personnages que seul leur rôle permet de nommer, Driver donnait la vedette et le volant à un autre Ryan, O’Neal en l’occurrence, que traquait un flic insupportable (Bruce Dern), mais qu’aidait une joueuse de casino, interprétée par Isabelle Adjani, dans sa première apparition à l’international. Sec, parfois à la limite de la caricature du genre qui caractérise le cinéma de Walter Hill, Driver vaut d’abord par deux poursuites en voiture absolument géniales. Il faut dire que le réalisateur travailla pour la seconde équipe de Bullit, de Peter Yates, dont les cascades automobiles dans les rues pentues de San Francisco sont des modèles. Hill fut donc à bonne école. 

Vous avez été nombreux à venir voir Ariaferma, et vous eûtes raison. Avec le sens de l’observation et la rigueur du cadre que lui apprit son passé de documentariste, Leonardo Di Constanzo construit un formidable huis-clos dans une prison en sursis. Avant sa fermeture définitive, quelques matons et taulards apprennent enfin à cohabiter. Toni Servillo et Silvio Orlando sont d’une sobriété habitée, et trouvent un ton d’une rare justesse… à défaut de justice !

Les derniers films de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, de Patricia Mazuy, de James Gray et de Brett Morgen, soit – dans l’ordre – Le Serment de Pamfir, Bowling Saturne, Armageddon Time et Moonage Daydream conservent des séances, et l’on conclue avec celles de l’Enfance de l’Art. Deux films d’animation intelligents : mercredi à 14h30, Kubo et l’Armure magique et, dimanche à 14h Avril et le Monde truqué, avec les dessins de Tardi.  

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action