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L'Édito

Rationnel.

L'Édito

Rationnel.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Pour un programmateur de cinéma, être rationnel, c’est proposer à ses spectateurs les meilleurs films du moment. L’objectif est atteint  cette semaine avec Irrational Man, le nouvel opus très attendu de Woody Allen. Avec ce film brillant, métaphysique et riche, le réalisateur renoue avec sa verve de Match Point, ou de certaines œuvres plus anciennes, à retrouver dans le cycle Woody Allen qui accompagne cet Homme Irrationnel, magnifiquement interprété par Joaquin Phoenix. Notre semaine, ponctuée de plusieurs événements, ne se résume toutefois pas à ces exclusivités. Jeudi soir, le Ciné-Club des Ecoles nous propose Femmes, merveilleuse déclaration d’amour misogyne de Georges Cukor, et un débat avec Marguerite Chabrol, professeur de cinéma à Paris X. Vendredi et samedi, les cinéastes de l’extrême se réuniront pour les sélections publiques des lauréats de leur Festival Faire un Film en 48h. Mardi, le Ciné-Club Univers Divergent clôturera la semaine avec L’Œil de lAstronome, de Stan Neuman, suivi d’un débat en présence de scientifiques. Et puis vous pouvez bien-sûr découvir Sangue del mio sangue, le dernier Marco Bellocchio, ou profiter des dernières séances de deux Friedkin et de Queen of Earth, d’Alex Ross Perry.

Lorsqu’un brillant professeur de philosophie arrive dans une petite université américaine, ça fait du bruit. On jase – car l’homme est étrange et son passé un peu trouble – on glose – car il est question de métaphysique – et l’on drague – car Joaquin Phoenix est hautement séduisant. Il tombe dans les griffes d’une enseignante mature (excellente Parker Posey, « queen of the indies » des années 90), et sous le charme de sa plus brillante étudiante, la charmante Emma Stone qui en est à sa deuxième collaboration avec Woody Allen. Voici donc Irrational Man, le nouveau et 46ème (sauf erreur ou omission) film de ce jeune homme qui aura 80 ans le 1er décembre. Ne vous fiez pas aux couleurs automnales et chaudes mitonnées par Darius Khondji, chef opérateur de Woody depuis 4 films. Si vous pensez voir une comédie romantique, vous allez être surpris. Car si cet Homme Irrationnel est parfois drôle (c’est Woody Allen quand même), il est surtout d’une noirceur profonde. Une dérive hitchcockienne va le conduire à commettre l’irréparable. Mais est-ce sa première fois ? On ne va pas vous raconter l’implacable mécanique du film, mais vous inviter à savourer en salle le « meilleur Allen depuis Match Point », comme dit la presse. Ce qui ne devra pas vous empêcher de venir voir certains plus anciens réunis dans notre cycle Woody Allen.

Côté événement, jeudi à 20h30, revient Le Ciné-Club des Ecoles, ex-Cinéma-Club, avec Femmes. Le film porte bien son nom puisqu’il a la particularité de n’être interprété que par des comédiennes (parmi lesquelles Norma Shearer, Joan Crawford, Paulette Goddard et Joan Fontaine). Homosexuel notoire – et revendiqué, ce qui était rare à l’époque – Cukor pose un regard acide et tendre sur la gente féminine, et réalise une comédie brillantissime, devenue un classique. Marguerite Chabrol, qui enseigne le cinéma à Paris X, animera le débat à l’issue de la projection et restera avec nous pour le cocktail à suivre.

Chaque année, des équipes de tournages participent à un drôle de concours. Un vendredi à 19h, leur sont imposés un thème, un genre, un objet et une phrase. Les cinéastes ont alors 2 jours pour intégrer ces éléments dans un film et le livrer terminé au Festival Faire un Film en 48h. En général, on écrit la nuit du vendredi, on tourne samedi, on monte dimanche, pour être à 19h au lieu de rendez-vous. C’est éprouvant physiquement, mais passionnant et terriblement grisant. Il y a des films un peu ratés, d’autres qui ont manqué de temps, et des choses très bizarres. Il y a aussi de petits bijoux, et tous montrent la vitalité, l’énergie, l’éclectisme et le talent de ces cinéastes de l’urgence. Vendredi et samedi, 5 projections vous permettront de voir ces courts-métrages réalisés en deux jours, et de voter pour vos préférés.

Mardi à 20h, le dernier évènement de la semaine est initié par le Ciné-Club Univers Divergent. Lors de ce rendez-vous cinéphilique et scientifique, nous verrons L’Œil de l’Astronome, où Stan Neuman raconte l’histoire de Jean Kepler (Denis Lavant) qui, en 1610, découvre le ciel avec le télescope de Galilée. Le réalisateur, accompagné de Frédérique Aït-Touati, chercheuse en histoire des sciences, François Taddei, biologiste, et du critique Jean-Michel Frodon animeront le débat à suivre.
Concluons en quatrième vitesse, comme disait Aldrich, car la place nous manque. Le dernier Marco Bellocchio, Sangue del mio sangue, reste évidemment l’affiche. Un film somme, étrange et fascinant où se mêlent présent et passé, enquête et sorcellerie, famille et mort. Et puis toujours quelques séances pour William Friedkin (French Connection et Sorcerer), et la Queen of Earth, d’Alex Ross Perry. Quant à l’Enfance de l’Art, elle célèbre l’enfance japonaise avec I Wish de Hirokazu Kore-Eda.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Actio