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L'Édito

Personne et Mary.

L'Édito

Personne et Mary.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Celui dont le Nom est Personne et celle qui n’a pas de prix sont nos deux vedettes des fêtes. Deux chouettes rééditions de deux films à l’irrésistible dimension burlesque. N’a-t-on pas besoin de rire en ces temps troublés ? Petite rupture festive dans notre programme récent où les comédies se faisaient rares. Quant au très délicat Past Lives de Celine Song, spectaculaire Napoléon de Ridley Scott, bouleversant Goodbye Julia de Mohamed Kordofani, touchant Fremont de Babak Jalali, fascinant Killers of the flower moon de Martin Scorsese et magistral Procès Goldman de Cédric Kahn, ils sont toujours à l’affiche.

Marc Olry, notre ami distributeur de Lost Films en a exhumé un original, symbolique, nostalgique et comique. Il viendra, mercredi à 18h30, présenter la toute belle copie 4K de Mon nom est Personne. Sous l’égide du tout puissant Leone, producteur ++ de ce western spaghetti tardif, Tonino Valerii réunit sur son grandiose plateau de cinéma la coqueluche italienne de la parodie burlesque – Terence Hill – et la légende américaine – Henry Fonda. Le décalage entre les deux personnalités confère à ce film, entre hommage et bouffonnerie, une tonalité singulière. Entraînés par la joyeuse musique de Morricone, on s’amuse beaucoup des scènes de comédie, tout en appréciant la beauté des cadres, la somptuosité du scope et les décors fordiens que sublime la restauration. En faisant entrer un beau clown rejouant la commedia dell’arte au panthéon du western qu’incarne Fonda, Leone veut garder la main sur le genre qu’il a inventé. En 1973, Valerii est le bras armé de sa caméra, et réalise avec vivacité et talent ce film mélancolique et drôle, parfois diffusé en VF dans nos salles. Que les puristes nous pardonnent, mais la plupart des westerns spaghetti sont postsynchronisés en studio. L’italien est la version originale d’Il mio nome è nessuno, y compris pour Fonda, dont on n’entend pas la voix ! (Une affiche offerte à qui donne le nom du comédien doubleur !).

Après un Noël de l’Ouest, nous enchaînerons avec un Nouvel An potache. Mercredi 27 décembre, nous vous proposons une autre ressortie, d’un film non moins burlesque et référent. Réalisateurs à succès du culte Dumb and Dumber (dont le titre est aussi la critique), les Farrelly brothers embarquent Cameron Diaz pour être la Mary à tout prix de leur comédie romantique déjantée. Le trio qu’elle forme avec Ben Stiller et Matt Dillon se révèle explosif, enchaînant les gags les plus inconvenants et les éclats de rire aussi délicieux que gênants. La nouvelle bande-annonce montée par Les Acacias, distributeur de cet incontournable bombe comique de l’année 1998, est un régal. On y sent l’esprit déglingué des auteurs, et la jubilation avec laquelle les comédiens se plongent dans leur contagieuse folie. 

Dans un tout autre genre, nous espérons que cette fin d’année vous laisse la joie de découvrir Past Lives, où Celine Song met en scène des amours possibles, ratées et/ou éternelles. Entre Corée, New-York et le Canada, le lien né à Séoul entre Nora et Hae Sung, est aussi beau et indéfectible que fragile. Les années passent, éprouvent leurs sentiments et en créent de nouveaux. La douce, sensible et habile caméra de Celine Song, qui évoque sa propre histoire, lui permet de quitter l’autofiction pour toucher aux fils universels que l’amour tisse entre le passé et le présent. 

Concluons avec l’Enfance de l’Art. Mercredi 20 et 27 décembre, les petits frissonneront de bonheur devant Le Père Frimas, de Iouri Tcherenkov et, dimanche 24 et 31 à 14h, suivront la démarche chaloupée de l’ours Paddington, de Paul King. 

Terminez l’année au mieux, et commencez la suivante de la même façon. Belles fêtes. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action