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L'Édito

Le joli mois de mai.

L'Édito

Le joli mois de mai.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Le long week-end de cette semaine va vous laisser largement le temps d’aller au cinéma. Tant mieux, car notre programmation est particulièrement riche avec un débat par jour : débat psychiatrique pour les jeudis de l’INREES, débat cinéphilique avec le Club Positif de mardi, et débats révolutionnaires tous les autres jours avec notre festival « Passage à l’Action », consacré aux films de mai 68 dont nous célébrons – cela ne vous aura pas échappé – le quarantième anniversaire.

Mais avant de développer ce programme, n’oublions notre petite perle italienne signé Gianni Zanasi. « Ciao Stefano est en apparence un film frais, léger, très italien, tournée de façon simple et claire, qui montre une Italie provinciale authentique. Pourtant, sous la comédie, perce une substance dramatique, tragique même… ». Ce n’est pas nous qui le disons, mais Mario Monicelli, grand maître du cinéma italien, auteur de plus de 65 films dont Le Pigeon. Trop rare artisan, Gianni Zanasi, formé à l’école de Nanni Moretti, n’avait pas réalisé de film depuis 8 ans. Le retour de Stefano, rocker romain dépassé par sa vie (formidable Valerio Mastandrea), dans sa provinciale famille au bord de la crise de nerf a sans doute quelque chose d’autobiographique. Le cinéaste y met ses doutes et ses interrogations, tout en posant un regard tendre et non dénué d’humour sur une société italienne déboussolée.

Parmi les nombreux événements de la semaine, deux sont récurrents. Jeudi, l’INREES nous invite à découvrir Un Homme d’Exception, réalisé par Ron Howard en 2001. Russel Crowe y interprète John Forbes Nash Jr, un génial économiste schizophrène. Serge Tribolet, psychiatre des hôpitaux de Paris, Docteur en philosophie et psychanalyste viendra apporter son étonnant éclairage sur cette maladie qu’il situe à la frontière du surnaturel.

Autre rituel, celui du Club Positif qui nous réunira mardi devant Infernal Affairs, d’Andrew Lau et Alan Mak. Ce thriller hongkongais, chef d’œuvre du genre, où un malfrat infiltre la police alors qu’un flic se fait admettre dans la mafia, a inspiré Martin Scorsese pour les Infiltrés. Adrien Gombeaud, spécialiste du genre, viendra nous décrypter ce film haletant et brillamment réalisé.

Sous les pavés, la place… de cinéma ! « Passage à l’Action » est notre manière cinéphilique de commémorer mai 68 en vous proposant de (re)découvrir certains films liés à cette époque bouillonnante, avec, à certaines séances, des courts-métrages, des débats et des rencontres. On commence fort avec le révolutionnaire Godard et sa Chinoise, commentée par Alain Bergala, critique, et Anne Wiazemski, comédienne et écrivain. Puis ce sera le touchant Milou en Mai, de Louis Malle, avant L’as de Pique et Les Amours d’une Blonde, deux films de jeunesse tchèque qui ont révélé le talent de Milos Forman et que J.A. Liehm, critique, viendra replacer dans leur contexte. Mais qu’est-ce qu’elle Veulent ? demandait Coline Serreau à de nombreuses femmes en 1978. Elle viendra dimanche à 14h nous expliquer sa démarche. Retour lundi de Jean-Luc Godard et Jean-Pierre Gorin, pour Tout va Bien, film collectif, marxiste et brechtien interprété par Yves Montand et Jane Fonda, que le critique David Faroult décryptera après la projection de 20h. Nous terminerons cette première semaine de Passage à l’Action avec L’An 01, la vision utopiste et sympathiquement gauchiste d’un monde nouveau, imaginé par Jacques Doillon, avec la collaboration d’Alain Resnais et Jean Rouch. Film rare et délicieux projeté mardi à 14h, et que nous reverrons la semaine prochaine. Nous n’avons pas ici la place de développer le détail du programme auquel nous vous invitons à vous reporter.

Avec nos excuses pour la longueur de cette lettre – mais la révolution ne s’est pas faite en un jour –, nous vous souhaitons une belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action